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Barack Obama a mis en garde mercredi contre la tentation du repli, "mauvais remède" face aux inquiétudes "légitimes" liées à la mondialisation, visant - sans jamais le nommer - le candidat Donald Trump.
Barack Obama a mis en garde mercredi contre la tentation du repli, "mauvais remède" face aux inquiétudes "légitimes" liées à la mondialisation, visant - sans jamais le nommer - le candidat Donald Trump.
"Même si nous le voulions, nous ne pouvons nous couper du reste du monde", a lancé, très applaudi, le président américain depuis le Parlement canadien à Ottawa.
Tout au long de l'histoire, "il y a eu des périodes durant lesquelles les sentiments anti-immigration ont été exploités par des démagogues", a-t-il affirmé à l'issue du sommet dit des "Trois amigos" avec les dirigeants canadien et mexicain.
Trump, candidat républicain à la présidentielle du 8 novembre, a promis de construire un mur à la frontière du Mexique et menace de remettre en cause l'accord de libre-échange qui unit les trois grands pays d'Amérique du Nord (Alena, ou Nafta en anglais).
L'augmentation des inégalités et la stagnation des salaires est source d'angoisses et certains politiques "exploitent cette colère et cette peur", a encore souligné M. Obama.
Prononçant un plaidoyer pour la coopération régionale et les accords de libre-échange, M. Obama a en particulier insisté, dans une allusion à peine voilée au magnat de l'immobilier, sur les liens entre les Etats-Unis et le Mexique, "notre voisin, notre ami".
Le président américain, qui fera campagne la semaine prochaine avec la démocrate Hillary Clinton, a aussi mis en garde contre la nostalgie d'une époque révolue qui pousse à des raisonnements erronés.
"Ce pays perd ses emplois et son argent parce que nous avons des gens stupides qui font de mauvais accords (de libre-échange)", lançait, presque au même moment, Donald Trump lors d'un rassemblement à Bangor, dans le Maine (nord).
En écho aux propos de M. Obama, le président mexicain Enrique Peña Nieto a souligné que l'isolationnisme n'était "pas la voie vers le progrès", tout en se refusant à critiquer directement Donald Trump comme il l'avait fait par le passé.
Dans la même veine, Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a mis en exergue les efforts communs des trois pays sur le climat "preuve que la coopération paye et que travailler ensemble est mieux que chacun dans son coin".
Priorité au climat
Pour Donald Trump, l'Alena est la source de tous les maux des travailleurs américains. "Si (le Canada et le Mexique) ne veulent pas d'une renégociation (...), j'indiquerai que l'Amérique entend se retirer de l'accord", avait-il affirmé mardi.
Six jours après le séisme du vote des Britanniques en faveur du Brexit dont l'onde de choc s'est propagée des deux côtés de l'Atlantique, M. Obama a aussi exprimé sa confiance dans la stabilité du système financier mondial.
Reconnaissant que la perspective d'un Brexit suscitait de "réelles inquiétudes" sur la croissance mondiale à la long terme, il a jugé que toutes les parties en Europe avaient les moyens d'assurer une transition sans heurts.
Les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ne craignent-ils pas que le Brexit n'affaiblisse, par ricochet, leur accord de libre-échange, qui rassemble près de 500 millions d'habitants, ou ne suscite des interrogations sur son bien-fondé ?
M. Obama a mis en garde contre "les comparaisons simplistes" entre ce qui s'est passé au sein de l'Union européenne et les relations entre les trois grands pays d'Amérique du Nord.
Ces derniers ont par ailleurs annoncé un renforcement de leurs efforts dans la lutte contre le changement climatique.
Avec un objectif pour l'ensemble du sous-continent nord-américain: produire, d'ici 2025, 50% (contre 37% en 2015) de leur électricité grâce à des "énergies propres" (renouvelables + nucléaire).
"L'accord de Paris a été un tournant pour notre planète", ont-ils souligné dans un communiqué commun, jugeant que l'Amérique du Nord avait les capacités et les ressources nécessaires pour faire preuve de leadership sur ce dossier.
Réaffirmant leur engagement à ratifier le texte cette année, ils ont appelé tous les pays à soutenir sa mise en application dès 2016.
Le Mexique a par ailleurs rejoint l'engagement, déjà pris par les Etats-Unis et le Canada, de réduction des émissions de méthane (puissant gaz à effet de serre) de 40 à 45% d'ici 2025.
"Le changement climatique n'est plus une abstraction. Ce n'est plus un problème que nous pouvons remettre à demain", a affirmé M. Obama devant le Parlement canadien.