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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a estimé mercredi que l'Europe risquait d'être "déstabilisée" par la crise des migrants, lors d'une réunion à l'ONU où le secrétaire général Ban Ki-moon a appelé à ne "pas exploiter la peur".
Au-delà des constats alarmants et des déclarations d'intention, cette réunion n'a pas apporté de réponse concrète à l'urgence.
M. Orban a demandé à l'ONU de lancer des négociations sur un système de "quotas mondiaux" pour "répartir le fardeau". "L'Europe ne peut pas supporter ce fardeau toute seule, si la tendance actuelle ne change pas, l'Europe sera déstabilisée", a-t-il martelé.
"Ce n'est pas une crise de réfugiés", car le flot inclut "des migrants économiques, des réfugiés, des demandeurs d'asile et des combattants étrangers", a-t-il affirmé. Ces personnes sont, selon lui, certes "victimes", mais on "ne peut pas leur fournir une nouvelle vie en Europe".
M. Ban avait auparavant indirectement critiqué la ligne dure adoptée par la Hongrie dans cette crise: "l'avenir n'appartient pas à ceux qui cherchent à construire des murs et à exploiter la peur".
Face à "la plus grave crise de migration et de réfugiés depuis le Seconde guerre mondiale", le secrétaire général a appelé les représentants de quelque 70 pays présents à agir "avec créativité, compassion et courage".
Plusieurs participants ont souligné l'acuité du problème. L'Autriche s'attend à voir passer cette année 80 à 90.000 migrants, se dirigeant pour la plupart vers l'Allemagne. "Plus de 300.000 personnes ont passé la frontière grecque en route vers l'Europe du Nord", a aussi déclaré le Premier ministre grec Alexis Tsipras.
Entre 270.00 et 280.000 migrants sont arrivés en Allemagne au cours du seul mois de septembre, soit plus que durant toute l'année 2014.
L'Allemagne a durci les règles pour certaines catégories de demandeurs d'asile et a proposé de mettre en place à ses frontières terrestres une procédure d'examen accélérée des demandes d'asile.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a de son côté suggéré une nouvelle fois mercredi, sans grand écho, de retenir les Syriens fuyant la guerre dans des "zones sûres" en Syrie, près de la frontière turque. Son pays accueille déjà deux millions de réfugiés fuyant le conflit syrien, au coeur de l'Assemblée générale de l'ONU.
- Europe divisée -
Selon le Haut-Commissaire des Nations unie pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, les déplacements de population causés par les conflits ont quadruplé dans le monde, passant de 11.000 personnes par jour en 2010 à 42.500 en 2014.
"Et le nombre de migrants économiques ne peut qu'augmenter dans les années à venir alors que le monde n'est pas prêt", a-t-il prédit. "L'aide humanitaire est insuffisante", que ce soit dans les pays d'origine ou les pays d'exil. "Les Etats doivent assumer leurs responsabilités", a-t-il ajouté.
Un appel entendu par les pays du G7 et ceux du Golfe: ils se sont engagés mardi soir à fournir 1,8 milliard de dollars aux agences de l'ONU qui aident les réfugiés syriens. Le Japon a promis de son côté 1,5 milliard.
En une journée, quelque 6.000 personnes sont encore arrivées en Europe par la mer, portant à 520.957 le nombre de réfugiés ayant rejoint le continent par cette voie, selon le HCR. Les trois quarts d'entre eux débarquent en Grèce, dans des conditions toujours périlleuses. Près de 3.000 personnes se sont noyées en Méditerranée depuis le début de l'année.
Une femme et son enfant ont péri lors d'un naufrage au large de l'île grecque de Lesbos, l'une des principales portes d'entrée de migrants en mer Egée, dont les rivages sont jonchés de gilets de sauvetage et d'épaves de canots pneumatiques.
Dans les Balkans et en Europe centrale, le flux de migrants reste soutenu. Plus de 6.600 personnes sont entrées en Hongrie depuis la Croatie mardi, et une dizaine d'autobus croates ont encore acheminé mercredi matin des réfugiés au poste-frontière de Beremend, selon des journalistes de l'AFP.
La Hongrie, qui a érigé une clôture barbelée sur la "frontière verte" (non délimitée par la rivière Drave) entre les deux pays, entend la fermer prochainement aux migrants, comme elle l'a déjà fait avec la frontière serbe.