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Des voix s'élèvent dans une Allemagne en proie au doute après trois attaques perpétrées par des réfugiés pour réclamer un durcissement du contrôle des migrants dans le pays, accroissant la pression sur Angela Merkel qui jusqu'ici est restée très discrète.
Le dirigeant de la puissante Bavière, région où se sont déroulés les deux attentats revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique, a réclamé mardi un tour de vis en matière d'expulsion ou de renvoi des réfugiés même lorsqu'ils viennent de zones de conflit.
"On doit sérieusement réfléchir à la question de savoir comment de telles personnes doivent à l'avenir être traitées, quand elles contreviennent à la loi ou quand elles représentent un danger", a lancé le ministre-président Horst Seehofer, membre du parti conservateur local CSU.
Ce parti est certes allié à la CDU d'Angela Merkel mais il croise le fer avec la chancelière sur les questions d'immigration. A ses yeux, il y a malheureusement parmi ceux qui fuient la terreur "des gens avec un potentiel de violence effroyable".
L'Allemagne est en effet sous le choc après le premier attentat suicide revendiqué par l'EI commis sur son sol dimanche soir à Ansbach, une cité tranquille de Bavière, qui a fait 15 blessés et tué son auteur. Ce dernier s'est avéré être un Syrien de 27 ans débouté de sa demande d'asile et souffrant de troubles psychiatriques.
Cet attentat est intervenu moins de huit jours après une attaque à la hache commise cette fois-ci par un demandeur d'asile mineur ayant fait allégeance à l'EI, tué par la police. Enregistré comme afghan, il pourrait être en fait pakistanais.
Dans les deux cas, les autorités n'ont pas été en mesure de repérer leur radicalisation rapide.
Un autre réfugié syrien est également à l'origine d'une attaque au couteau mais l'affaire s'est révélée être un crime passionnel.
- Merkel visée -
Ces trois attaques, qui s'ajoutent à une fusillade sanglante à Munich sans aucun lien avec l'islamisme radical, font dire au quotidien populaire Bild, que l'Allemagne "ne pouvait éternellement rester un îlot de paix, avec ou sans réfugiés".
Le pays, qui a accueilli plus d'un million de migrants en 2015, a jusqu'ici ouvert grand ses portes aux réfugiés syriens. Plus de 90% obtiennent l'autorisation de rester et jusqu'à récemment ils n'avaient pas à passer d'entretien avec l'administration.
D'autres voix dans le camp de la droite souhaitent que les migrants déboutés soient expulsés plus vite. Plus de 200.000 demandeurs d'asile déboutés pourraient être reconduits aux frontières mais se trouvent toujours dans le pays, selon l'expert pour les questions intérieures de la DU), Armin Schuster.
Derrière ces appels, c'est la chancelière qui est visée. Or, mise à part une intervention samedi après la tuerie de Munich, elle est restée très silencieuse, envoyant son ministre de l'intérieur ou son bras droit à la chancellerie devant les caméras.
Connue pour son extrême prudence, elle sait qu'elle joue gros à un an des élections législatives et alors que la droite xénophobe et populiste de l'AfD n'a cessé de grignoter des voix. Ces derniers mois, elle était parvenue à regagner une partie de la popularité perdue l'an dernier après l'arrivée d'un million de migrants.
"Mais c'est précisément dans ce genre de situation que son attitude est problématique", indique à l'AFP Martin Emmer, professeur à la Freie Universität de Berlin. "Les gens ont peur, sont inquiets et dans ces circonstances, on a besoin d'une direction qui soit davantage dans les émotions et moins dans le management froid", selon lui.
Les questions soulevées par ces attaques relancent un débat sur l'immigration "que la chancellerie redoute le plus", juge également le quotidien Süddeutsche Zeitung mardi, et ce alors que deux élections régionales se profilent en septembre, à Berlin et surtout sur les terres d'élection d'Angela Merkel dans le Nord-Est. "Si l'AfD parvient à gagner dans la fief électoral de Merkel, le débat sur sa politique va de nouveau revenir sur le devant."