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Les autorités de Genève ont annoncé mardi qu'elles refusaient de retirer d'une exposition une photo dérangeant la Turquie et sur laquelle des manifestant accusent le président turc Recep Tayyip Erdogan d'être responsable de la mort d'un adolescent turc, Berkin Elvan.
Dans un communiqué, la ville de Genève se dit "attachée à la liberté d'expression" et annonce qu'elle "maintient son autorisation pour que cette exposition se déroule en l'état jusqu'au 1er mai".
Pour les autorités genevoises, "cette exposition de photographies participe à la défense de la liberté d'expression et à la mise en valeur de Genève en tant que capitale des droits humains".
L'exposition regroupe 58 photos prises ces dernières années sur cette même place par le journaliste photographe suisse d'origine kurdo-arménienne Demir Sönmez, qui explique vouloir montrer "les multiples luttes des peuples".
Le cliché qui a suscité la colère des autorités turques au point que ces dernières ont demandé son retrait, a été pris le 14 mars 2014 et montre un groupe de manifestants avec une grande banderole sur laquelle figure l'image d'un jeune adolescent souriant aux côtés d'un texte écrit en français: "Je m'appelle Berkin Elvan, la police m'a tué sur l'ordre du Premier Ministre turc" (Recep Tayyip Erdogan, devenu depuis président, ndlr).
La photo est légendée: "Hommage à Berkin Elvan, blessé par la police turque et décédé à Instanbul après 269 jours de coma".
Dans un message envoyé à l'AFP, le consulat général de Turquie à Genève a expliqué qu'il respectait "la liberté de choix de l'artiste", mais a souligné que le cliché avait provoqué "le mécontentement de la communauté turque à Genève" et traitait M. Erdogan "d'une façon injuste et irréelle".
L'exposition, soutenue notamment par la ville de Genève et Reporters sans frontières, se tient déjà depuis plus d'une semaine sur la Place des Nations, devant l'ONU à Genève, où viennent presque quotidiennement manifester des citoyens du monde entier.
Berkin Elvan avait été grièvement blessé à la tête en juin 2013 par un tir de grenade lacrymogène alors qu'il sortait chercher du pain pendant une intervention de la police dans son quartier, lors de la fronde qui a fait tanguer le régime de M. Erdogan.
Sa mort le 11 mars 2014, après un coma de 269 jours, avait déclenché des manifestations dans toutes les grandes villes du pays où des centaines de milliers de personnes avaient dénoncé le gouvernement du Premier ministre Erdogan, aujourd'hui chef de l'Etat.
Demir Sönmez, né en 1960 à Erzurum, en Turquie, vit à Genève depuis 1990 et a été naturalisé suisse. Il a débuté dans le journalisme et la photographe dans les années 1980 en Turquie avant de demander l'asile politique en Suisse.