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C’est une exclusivité RTL. Nous avons pu nous procurer le rapport qui a analysé les armes biologiques retrouvées chez les 10 personnes arrêtées il y a 2 semaines au Maroc dans le cadre d’une enquête antiterroriste. Il s’agissait bel et bien de substances biologiques mortelles et prêtes à être utilisées dans un attentat.
Arnaud Gabriel et Michel Henrinckx ont pu parcourir le rapport d’analyses biologiques de 14 pages des autorités marocaines. On y apprend que lors du démantèlement de la cellule terroriste, les enquêteurs ont saisi 3 jarres en verre, d’une capacité d’un litre chacune. Deux de ces jarres contenaient chacune 3 morceaux de viande, des citrons coupés en quartiers et une centaine de clous. La 3ème contenait à nouveau des clous et du citron, mais un cadavre de rat à la place de la viande.
Ces mélanges ont été analysés puis testés en laboratoire sur des souris. Et les résultats sont sans appel : "Toutes les souris sont décédées dans un laps de temps relativement rapide et dans un tableau qui confirme qu’elles sont mortes d’une atteinte de leur système nerveux, avec une paralysie flasque et la mort au bout du compte", expliquait Jean-Luc Gala, le directeur du centre de technologies moléculaires appliquées dans le RTLINFO 13H.
Dans un communiqué, le ministère de l’intérieur marocain souligne également la dangerosité de ces produits saisis : "Certaines des substances sont classées par les organismes internationaux spécialisés dans la santé comme dans la catégorie des armes biologiques dangereuses pour leur capacité à paralyser et détruire le système nerveux et causer la mort."
Selon le Maroc, ces substances ont été préparées dans le but de commettre une attaque terroriste sur leur sol et non ailleurs. Mais vu la faible quantité de produits toxiques retrouvés dans ces jarres, le dispositif était visiblement destiné à être dispersé sur un marché local pour y contaminer les produits alimentaires, avec l’objectif de créer un sentiment de panique dans la population.
"Au pire ça ne va toucher que quelques personnes, les quelques rares personnes qui vont manger ces aliments. Ensuite, il faut bien se rendre compte" de l’amateurisme du dispositif. "Ce n’est absolument pas le type d’aliment qui peut entrer comme ça dans une chaine alimentaire industrielle", analysait M. Gala.
Une analyse partagée par l’expert en contre-terrorisme Claude Moniquet, invité du RTLINFO 13H : "Je pense que ça pourrait arriver de manière localisée, via un petit marché, ce genre de chose, mais avec un impact très très réduit. L’idée de faire pénétrer des produits avariés, empoisonnés, toxiques, dans la chaine alimentaire, pour le moment, fort heureusement, ça reste encore de la fiction."
Claude Moniquet se montrait rassurant : oui il s’agit d’une arme biologique, mais elle n’a pas une portée dramatique. "On est pas du tout en face du même type d’arme qu’une arme chimique comme le gaz sarin. Même en tant qu’arme biologique, on est là en face de quelque chose de très rudimentaire, très artisanal, qui n’aurait pas pu faire énormément de victimes. On n’est pas en face par exemple d’un virus mutant qui serait répandu dans la population."
Le problème, c’est que cette découverte des services marocains témoigne d’une volonté des terroristes d’aller vers ce type d’armes. "Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c’est que les terroristes y pensent". "On peut penser qu’à partir du moment où ils ont cette volonté et que l’Etat islamique à Raqqa et ailleurs en Irak et en Syrie, dispose de capacités de laboratoire, il y aura probablement d’autres essais, d’autres tentatives et peut-être plus élaborées. Mais on n’en est clairement pas là. Et encore faut-il introduire l’arme sur le territoire qu’on va viser et la disperser."
Est-on préparés à une telle attaque le cas échéant ? Pour l’expert, ça dépend du type d’attaque : "Aucun pays industrialisé n’est préparé à une attaque de ce type-là qui serait massive et techniquement bien menée. Ce n’est pas propre à la Belgique. Mais on en est très très loin. Les terroristes actuellement n’ont pas la capacité de mener ce genre d’attaque de manière structurée et sur une grande échelle."