De plus en plus de produits utilisés chez nous sont fabriqués à l'étranger. Parfois dans des conditions inacceptables. Ainsi, en Inde, les pavés sont le plus souvent fabriqués à la main par des enfants, payés une misère et empêchés d'aller à l'école. C'est ce que démontre l'enquête en caméra cachée réalisée par un journaliste Du Standaard.
On les appelle les pavés exotiques, ce sont des pavés utilisés en masse pour repaver nos rues et nos places, au dépend par exemple de la pierre bleue, plus chère. Francis Tourneur, géologue et responsable au sein de l'asbl Pierre et Marbre de Wallonie, était au micro de Gaëtan Sgualdino sur Bel RTL ce matin.
"Malheureusement, de grandes cités comme Liège par exemple font presque uniquement usage de matériaux exotiques depuis très longtemps", déplore-t-il. "L’un des très gros producteurs de pavés se situe en Inde. Les conditions de travail sur place n’ont pas l’air d’être très réglementaires. Il y a manifestement un travail fréquent d’enfants. Il y a eu déjà des enquêtes, depuis les années 2000."
Le responsable de l'asbl Pierre et Marbre explique que c’est manifestement en Inde qu’il y a le plus de problèmes. "Des contrôleurs ont été envoyés pour voir comment cela se passait, de l’extraction jusqu’à l’emballage et l’expédition. Ils se sont rendu compte que les phases de transformation, qui requiert une main d’œuvre spécialisée et qui sont en général très manuelles, font en général appel aux enfants."
Un coût humain élevé
Le principal avantage de ces pavés d’Asie est qu’ils coutent quatre fois moins chers que les pavés des carrières wallonnes. On les importe donc en masse. Mais cette production à un autre cout, humain celui-là. Et il est élevé.
Le quotidien flamand, De Standaard, met en avant la façon dont sont fabriqués ces pavés : par des enfants, dans des conditions misérables. Le journaliste a tourné son enquête en caméra cachée. Notre journaliste Gaëtan Sgualdino nous dévoile le contenu cette enquête filmée.
Des blocs quatre fois plus grands qu'eux
Accroupi sur un tas de cailloux, un marteau et un burin dans les mains, ces enfants taillent des blocs de pierre quatre fois plus grands qu’eux. Nous sommes dans la province du Rajasthan. C’est de là qu’on inonde le marché mondial de pavés low cost.
Le journaliste du Standaard qui a effectué le reportage se rend dans une école. Pas d’élèves, pas de professeurs. Des cadenas ferment même les classes. Ici, on ne va plus à l’école, on taille des pavés pour un salaire de misère. Un homme qui est l’équivalent du bourgmestre et aussi revendeur de pierres naturelles jure la main sur le cœur que les enfants ne travaillent plus la pierre.
Des dizaines de gamins dans une carrière
Mais ces propos contrastent avec les images qui viennent ensuite de dizaines de gamins dans une carrière. Ils avouent travailler pour cet homme. Leurs mains sont abimées et leurs doigts déformés par la taille de la pierre.
Il leur paye deux roupies par pavé. Même pas trois centimes d’euros. Ces pavés sont ensuite revendus en Belgique pour plus de 20 euros le mètre carré.
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