Pour le cinquième jour consécutif, l'est d'Alep a subi le feu du régime et de son allié russe. Le correspondant de l'AFP sur place a décrit de nouvelles scènes d'horreur et constaté l'ampleur des destructions. Ajoutant à leurs souffrances, les habitants de la deuxième ville de Syrie ont été privés d'eau samedi à cause des bombardements, selon l'Unicef.
La dernière trêve des combats, initiée par Washington et Moscou, qui soutiennent des camps opposés dans ce conflit complexe, avait volé en éclats une semaine après son entrée en vigueur le 12 septembre.
Alors que les États-Unis et l'Union européenne font pression sur la Russie pour signer un nouveau cessez-le-feu, les frappes ont repris de plus belle sur Alep. L'armée syrienne a même annoncé jeudi le début d'une vaste offensive avec "des opérations de reconnaissance et de bombardements" en prélude à "une opération terrestre" pour reprendre la totalité de la ville.
Le régime tue aveuglement: 45 morts ce samedi, dont 10 enfants
Samedi, les frappes de l'aviation russe et les barils d'explosifs largués par le régime y ont fait au moins 45 morts dont 10 enfants et 4 femmes, selon l'OSDH.
Les habitants sont restés terrés chez eux samedi et rares ont été les personnes à s'aventurer dehors. Sept d'entre elles ont été fauchées par une bombe alors qu'elles faisaient la queue pour acheter du yaourt dans le quartier de Boustane al-Qasr, d'après l'OSDH.
Corps déchiquetés
Le correspondant de l'AFP a décrit une scène tragique, avec une mare de sang et des parties de corps déchiquetées sur le sol. Les cliniques étaient débordées par l'arrivée des nombreux blessés, dont beaucoup gémissaient de douleur au sol, faute de lits.
Des habitants et militants ont décrit l'utilisation d'un nouveau type de projectiles qui secoue le sol comme un tremblement de terre, fait s'écrouler un immeuble de plusieurs étages comme un château de cartes et en détruit également le sous-sol, où les habitants trouvent habituellement refuge.
L'utilisation de certaines armes peut "constituer des crimes de guerre"
Dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré qu'Alep vivait "son bombardement le plus intense et soutenu depuis le début du conflit syrien". Il a fait état "d'informations persistantes sur des raids aériens impliquant des armes incendiaires et des munitions perfectionnées comme des bombes capables de perforer des bunkers" et affirmé que "l'apparente utilisation systématique" de ces bombes dans des zones habitées "pouvait constituer des crimes de guerre".
Lors d'une conférence de presse à Istanbul, la coalition de l'opposition syrienne en exil a appelé samedi la communauté internationale à agir pour "faire cesser les massacres".