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(Belga) Le Haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés Filippo Grandi s'est inquiété mardi lors d'une visite en Hongrie du régime de "détention" appliqué depuis plusieurs mois aux demandeurs d'asile, alors que "demander l'asile n'est pas un crime".
Après s'être rendu à la frontière serbe, où Budapest a regroupé les demandeurs d'asile dans ce que le gouvernement de Viktor Orban appelle des "camps de transit", M. Grandi a contesté cette terminologie: "Je n'appelle pas cela +transit+, j'appelle cela détention". "Parce que cela peut prendre des semaines, des mois jusqu'à l'issue de la procédure, et demander l'asile n'est pas un crime", a-t-il ajouté. La Hongrie applique depuis le printemps un nouveau dispositif consistant à maintenir les migrants dans deux camps fermés installés à la frontière serbe, à Röszke et à Tompa (sud), dans l'attente d'une décision définitive concernant leur demande d'asile. Il ne leur est possible de quitter les lieux qu'en cas d'avis positif ou s'ils retournent en Serbie, pays par lequel ils sont entrés. Le but de cette mesure critiquée par Bruxelles et de nombreuses ONG est d'"empêcher les migrants dont le statut n'est pas clairement défini de se déplacer librement sur le territoire national et au sein de l'UE, et donc de réduire les risques sécuritaires", avait fait valoir Budapest. "La détention des demandeurs d'asile est grave, certes pas comme en Libye, mais c'est un sujet sérieux, notamment s'agissant des enfants", a observé M. Grandi. Il s'est également dit préoccupé par "l'accès restreint au territoire hongrois", via cette frontière où les autorités n'admettent, selon les chiffres du Haut-commissaire, que dix migrants par jour, ainsi que par "le très faible taux d'acceptation des demandes d'asile" en Hongrie. Quelques milliers de demandeurs d'asile sont bloqués dans les pays des Balkans voisins de la Hongrie, qui a érigé une clôture à ses frontières serbe et croate et durci les sanctions pénales contre les clandestins. Les deux camps hongrois équipés de conteneurs habitables hébergent actuellement 427 demandeurs d'asile dans des conditions sanitaires et matérielles que le patron du HCR a jugées "satisfaisantes". La Hongrie s'est illustrée ces deux dernières années par son opposition frontale à la politique migratoire européenne, se refusant notamment à appliquer un plan européen de répartition de demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce. La justice européenne a rejeté la semaine dernière un recours de Budapest et Bratislava contre ce mécanisme d'accueil de réfugiés. (Belga)