Laetitia, une youtubeuse française qui a interviewé en direct jeudi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, s'est plainte dimanche d'avoir reçu des pressions de YouTube pour poser des questions "plus lisses", ce que YouTube a contesté.
Sa vidéo qui accuse YouTube de l'avoir "menacée pour plaire au président de la Commission" a réuni depuis dimanche plus de 2 millions de vues sur Facebook. C'est l'épilogue inattendu d'une opération de communication lancée par YouTube (filiale de Google) qui, comme en janvier avec Barack Obama, avait organisé une interview du plus haut responsable de l'Union européenne par quelques youtubeurs.
Une simple campagne de com' pour Juncker?
Parmi les trois Européens choisis, Laetitia Nadji, une jeune femme qui sur sa chaîne donne à ses 60.000 abonnés des conseils de bien-être et de défense de l'environnement, allant des produits bio au recyclage ou aux médecines alternatives - très éloignés de la politique. Mais après avoir demandé l'avis de ses abonnés, elle avait préparé des questions délicates pour M. Juncker, entre autres sur la politique fiscale du Luxembourg.
"Sauf si tu comptes pas faire long feu sur Youtube"
Un choix qui avait inquiété YouTube: dans une vidéo postée dimanche, elle montre, en caméra caché, comment un salarié de YouTube a tenté de la dissuader juste avant l'interview. "C'est déjà une question hyper difficile à répondre pour M. Juncker, tu parles du lobby des sociétés. Tu ne vas pas non plus te mettre à dos la Commission européenne et Youtube, et tous les gens croient en toi. Enfin, sauf si tu comptes pas faire long feu sur YouTube", lui dit-il.
Cette discussion n'avait pas empêché Laetitia de poser à Jean-Claude Juncker en direct toutes les questions prévues. Après cet épisode, à sa grande surprise YouTube lui a proposé un contrat d'ambassadrice pour un an, mais elle a refusé pour éviter d'être manipulée, explique-t-elle.
YouTube dément
De son côté YouTube a réfuté toute censure mais reconnu lui avoir conseillé d'être "respectueuse". "Laetitia a souhaité poser des questions difficiles au président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker et, avant cet échange, nous a sollicité pour des conseils sur la manière de les formuler. Notre collègue l'a encouragée à privilégier le respect à la confrontation et comme l'atteste sa vidéo de l'interview, elle a eu l'opportunité de poser toutes les questions qu'elle avait préparées", a fait valoir un porte-parole, regrettant "une phrase malheureuse" qui pouvait ressembler à un avertissement.
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