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Les investisseurs inquiets se ruent sur la dette allemande... et les taux grecs s'envolent

Bruno Wattenbergh, économiste, a évoqué ce matin sur les ondes de Bel RTL les replis des investisseurs sur la dette publique. A la recherche de valeurs sûres, au cœur d’une déroute qui se prolonge, les investisseurs se replient sur de la dette.

A la recherche de sécurité, alors que la déroute financière se prolonge, les investisseurs se replieraient sur la dette publique, mais d’abord comme s’est passée la journée d’hier ?


Bruno Wattenbergh: Eh bien plutôt mal, le rebond des marchés observé mercredi et hier matin a tourné court. Les indices européens sont repartis en forte baisse, tirés par un secteur pétrolier sinistré, par les inquiétudes macroéconomiques et par un secteur bancaire bousculé. Notons d’ailleurs que ce secteur bancaire qui malmené est pourtant bien plus résistant et capitalisé aujourd’hui qu’il y a quelques années. Je vous laisse imaginer ce qui se serait passé si cela n’avait pas été le cas. Et donc oui, les investisseurs à la recherche d’actifs plus sûrs se sont rués hier sur les dettes publiques, allemandes notamment.


Ce qui a fait baisser les taux d’intérêt de ces dettes ?

Bruno Wattenbergh: Oui, si tout le monde ou presque veut acheter du 'bund allemand', de la dette allemande, et bien les taux d’intérêt baissent, et le taux d'emprunt à 10 ans allemand est donc revenu à ses plus bas niveaux de l'an dernier, se rapprochant chaque jour un peu plus de taux négatifs.

Mais dans votre chiffre éco du jour, cette semaine, nous empruntions déjà nous aussi à taux négatif ?

Bruno Wattenbergh: Oui effectivement, mais il s’agissait de taux à court terme ! Si les investisseurs ou les banques doivent faire face à une bourse chahutée et déprimée, ils vont parquer leur argent à court terme en sécurité, quitte à ne rien gagner, voire même un peu perdre. C’est logique, mais là, dans le cas allemand, il s’agit d’obligations à 10 ans ... avec des taux d’intérêt ridiculement bas de 0,20%. Les investisseurs inquiets acceptant donc de parquer durablement leur argent avec un taux ridiculement bas.


A combien s’échange notre propre dette à 10 ans ?

Bruno Wattenbergh: A 0,6%, ce qui veut dire qu’il y a une différence de 0,4% entre la dette belge et la dette allemande, c’est ce qu’on appelle le spread, vous avez sûrement déjà entendu ce terme qui indique la solidité de notre dette par rapport à la dette allemande de référence. Notre spread est un peu moins bon, par exemple, que celui de l’Autriche, de la Finlande ou des Pays-Bas.


Mais bien meilleur que le différentiel de taux d'intérêt avec les pays du sud de l'Europe qui s'envolent ?

Bruno Wattenbergh: Effectivement, leur taux d’intérêt remonte depuis quelques semaines s'éloignant de plus en plus du Bund. Si la dette allemande à 10 ans est pour l’instant à 0,2%, la notre à 0,6%, la dette grecque à 10 ans est passée à 11,64% hier, la dette portugaise franchissant les 4%. Cela n’empêche pas – encore – le Portugal d’emprunter sur les marchés financiers, mais cette hausse doit absolument s’enrayer, par exemple avec la validation par l’Eurogroup de son budget, un peu recalé par la Commission européenne.


Bruno, pour conclure, le chiffre éco du jour ?

Bruno Wattenbergh: 525 millions d’€, c’est selon ING la somme des taxes dont elle doit s’acquitter en Belgique ... soit 355 millions d’€ d’ISOC, l’impôt des sociétés, et 170 millions de coûts régulatoires imposés suite à la crise bancaire et financière, dont la fameuse "taxe bancaire". ING étant dès lors probablement le plus gros contributeur à notre impôt des sociétés.

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