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Le déficit commercial de la France a reculé de 11,5% à 53,8 milliards d'euros en 2014, essentiellement sous l'effet de la baisse des prix du pétrole, a annoncé vendredi le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur Matthias Fekl.
La France n'a pas connu d'excédent commercial annuel depuis 2002 et son déficit a été depuis en augmentation quasiment constante, jusqu'en 2011, lorsqu'il a atteint le record historique de 74,5 milliards d'euros.
Les importations ont diminué de 1,6%, à 491,1 milliards d'euros l'an dernier, tandis que les exportations ont légèrement progressé de 0,1%, à 437,3 milliards d'euros.
Le déficit recule en 2014 pour la troisième année consécutive. Une facture énergétique en forte baisse "explique la réduction du déficit commercial", souligne le gouvernement. Cette "facture", les importations moins les exportations d'énergie, a en effet chuté de près de 11 milliards d'euros, soit une baisse de 17% à 54,8 milliards, sous l'effet du repli du prix du pétrole (-8,2% sur l'année) ainsi que du recul des quantités de produits énergétiques importés.
Le solde des échanges de biens de la France hors énergie et hors matériel militaire, révélateur du degré de compétitivité de l'économie, s'est quant à lui fortement dégradé. Le déficit a atteint 16,7 milliards d'euros, 4,3 milliards de plus qu'en 2013 mais a néanmoins chuté de 40% par rapport à son pic de 29,3 milliards en 2011.
Les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique, parmi les "forces traditionnelles" du commerce extérieur français, ont notamment dégagé de moindres excédents qu'en 2013. Pour les produits pharmaceutiques, qui ont vu leurs exportations chuter de 4,9% et leurs importations augmenter du même taux, les deux explications sont l'arrivée à échéances de brevets et un facteur "conjoncturel" lié à de très importantes importations de produits liés à la lutte contre l'hépatite C, a indiqué M. Fekl.
Le secteur agroalimentaire, a été marqué par "une forte baisse des exportations de céréales en valeur du fait du recul des cours mondiaux" et par un repli des exportations de vins et spiritueux, notamment vers la Chine et l'Asie en général, a-t-il précisé.
En revanche "l'aéronautique (+2,5%), les produits chimiques, parfums et cosmétiques (+2,5%) et dans une moindre mesure l'automobile (+1,6%) sont parmi les secteurs ayant le plus contribué à la croissance des exportations en 2014", souligne le secrétariat d'Etat chargé du Commerce extérieur.
- "Difficultés structurelles" à l'export -
Les parts de marché mondiales de la France se sont stabilisées à 3,1% des échanges mondiaux, selon les données du FMI.
"Les perspectives pour 2015 devraient être soutenues par la baisse récente de l'euro et du prix du pétrole", a ajouté M. Fekl, tablant également sur une baisse du déficit hors énergie. "On pourrait espérer avoir un déficit de 30 à 35 milliards d'euros", avance pour sa part l'économiste spécialiste du commerce extérieur Alberto Balboni, du groupe Xerfi. Ses hypothèses sont un baril de pétrole à 60 dollars en moyenne et des exportations qui progresseraient comme au 4e trimestre 2014 plus vite que les importations du fait de la dépréciation de l'euro ainsi que de la poursuite de la reprise dans les pays européens.
Le déficit commercial ne prend en compte que les échanges de biens. Ceux de services ainsi que les activités de négoce, répertoriés dans la balance des paiements, sont eux largement excédentaires. Selon une extrapolation faite à partir des 11 premiers mois de l'année, l'excédent des services est de 16 milliards d'euros et celui du négoce international (activité d'achat et de revente de marchandises à des non résidents, sans que celles-ci franchissent physiquement la frontière française) est de 20 milliards. "Ces deux postes contrebalancent à hauteur de deux tiers le déficit des biens", a souligné M. Fekl.
Il n'en déplore pas moins "les difficultés structurelles connues et confirmées en 2014": "un dispositif d'exportation très concentré" où les principaux exportateurs réalisent 70% des exportations et un dispositif "trop peu résilient". "Sur dix primo-exportateurs (entreprises qui se lancent à l'export, ndlr) trois sont encore présents à l'exportation l'année n+1 et un est encore présent l'année n+3", a-t-il précisé.