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L'association nationale Pomme Poire (ANPP), qui demandait à la justice de contraindre Greenpeace de modifier le titre d'un rapport commençant par "Pommes empoisonnées", a vu sa demande rejetée mardi par le tribunal de grande instance de Paris.
Publié en juin dernier, le rapport "Pommes empoisonnées - Mettre fin à la contamination des vergers par les pesticides grâce à l'agriculture biologique", expliquait que les producteurs de pommes continuent à utiliser des cocktails de pesticides dans de nombreux pays européens, en particulier ceux fournissant la grande distribution.
L'ANPP, qui regroupe 1.500 producteurs, jugeait ce titre "dénigrant pour le produit pomme" et soulignait que les contrôles analysés dans le rapport portaient sur l'eau, la terre, mais pas sur les pommes. Dans les autres pays européens, le titre était "beaucoup plus mesuré", parlant du "goût amer" des pommes.
Dans son ordonnance, consultée par l'AFP, la juge Catherine David, statuant en référé (procédure d'urgence), a estimé que c'est "à tort" que l'ANPP reproche à l'organisation écologiste de ne pas évoquer la pomme dans son rapport.
Celui-ci "s'appuie sur une base factuelle en décrivant les pesticides les plus souvent rencontrés dans les vergers, pour en conclure que ces produits chimiques contaminent les pommes et qu'il est urgent de se tourner vers des solutions écologiques alternatives", souligne la décision.
Et "contrairement à ce que prétend" l'ANPP, "ce n'est pas la +réputation+ de la pomme qui est mise en cause", "mais celle des pesticides utilisés pour cultiver les pommes, ce qui n'est pas objectivement contestable".
L'ordonnance fait valoir que "le consommateur est doué de raison et sait pertinemment que si les sols et l'eau sont contaminés, les produits agricoles qui poussent sur ces sols à l'aide de cette eau le sont également".
Si bien que "dire que les pommes sont empoisonnées lorsqu'elles poussent sur des sols remplis de pesticides ne constitue pas un propos dénigrant, dès lors qu'il s'appuie sur une base factuelle réelle, même si le rapport n'est pas construit avec une rigueur toute scientifique".
L'avocat de Greenpeace, Me Alexandre Faro, s'est réjoui que "la justice protège ainsi la libre expression des associations de protection de l'environnement".
L'organisation écologiste "continuera à se battre pour que les pommes, et plus largement l'ensemble de notre alimentation, soient produites plus sainement. Pour y parvenir, nous sommes convaincus que le changement de pratiques ne doit pas reposer sur les seules épaules des agriculteurs, mais que ces derniers soient soutenus techniquement et financièrement", a quant à elle réagi Anaïs Fourest, chargé de campagne Agriculture chez Greenpeace France.
De son côté, l'ANPP, jointe par l'AFP a "regretté" cette décision, dont elle "envisage de faire appel".