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Le projet d'Areva d'augmenter de 75% ses capacités d'entreposage de déchets nucléaires à Beaumont-Hague (Manche) a reçu un avis favorable, à l'unanimité, de la commission d'enquête publique, a-t-on appris vendredi.
"Si la commission constate qu'Areva s'engage à (...) garantir la sécurité des populations, elle regrette toutefois l'absence de mention des coûts", nuance toutefois la commission dans son rapport mis en ligne vendredi par la préfecture de la Manche.
Areva, groupe par ailleurs en grande difficulté financière, a demandé à augmenter de 12.636 conteneurs ses capacités de stockage, actuellement fixées à 16.740.
"Le public a montré globalement une inquiétude sur les risques qui s'attachent à ce projet", précise la commission.
Près de 4.500 courriers lui ont été adressés, la plupart sous forme d'une pétition dans laquelle la Hague est qualifiée de "territoire poubelle". "Les difficultés économiques d'Areva" y sont présentées comme "susceptibles d'altérer la sécurité" de l'entreposage.
Tous les combustibles irradiés dans les centrales nucléaires françaises convergent vers l'usine de la Hague pour y être retraités (le plutonium en est extrait en vue de fabriquer de nouveaux combustibles). Les déchets ultimes qui en ressortent sont vitrifiés et entreposés à 20 mètres sous terre en attendant que le législateur fixe leur sort définitif.
Mais les halls d'entreposage seront pleins fin 2017.
En outre, le sort final des déchets demeure incertain. Un projet de stockage à 500 m sous terre, baptisé Cigeo, est en cours depuis plusieurs années à Bure (Meuse) mais son autorisation n'est pas acquise.
La commission "exprime" d'ailleurs "sa perplexité sur l'évolution possible de ce dossier (Cigeo) et est consciente de la possibilité d'un retard voire d'un ajournement". En conséquence, "des extensions ultérieures de ce site (la Hague) ne sont pas à exclure".
Aux craintes pour la sécurité, la commission répond que "les mesures techniques prévues dans le dossier sont de nature à garantir la résistance des installations d'entreposage". "La durée de vie des installations a été établie sur une durée séculaire", précise la commission.
Celle-ci souligne aussi que ce projet "sensible", "ne peut être dissocié d'un tout" et "qu'en l'espèce, seule une inflexion substantielle de la stratégie nationale de la filière (nucléaire) serait à même de pouvoir agir sur la pertinence du projet présenté".
L'Etat est libre de suivre ou pas l'avis de la commission d'enquête avant d'autoriser ou pas, par décret, le projet.