En ce moment
 
 

Plan anti-pollution: des pastilles pour les voitures, les villes appelées à agir

Plan anti-pollution: des pastilles pour les voitures, les villes appelées à agir
Des voitures entrent sur une bretelle d'accès au périphérique parisien, le 23 juin 2005Mehdi Fedouach
 
 

Des vignettes de couleur pour signaler le taux de pollution de chaque véhicule et des mesures "radicales" demandées aux villes: Ségolène Royal a présenté mardi son plan pour la qualité de l'air, première préoccupation environnementale des Français.

Mis en place à partir de janvier, ces certificats apposés sur le pare-brise seront destinés à "favoriser les véhicules moins polluants" en leur offrant des avantages pour l'accès ou la circulation en centre-ville. Ces facilités seront décidées par les maires.

L'acquisition de ces pastilles, auprès du service d'immatriculation des véhicules, se fera sur la base du volontariat, a insisté la ministre de l'Ecologie, fidèle à son principe de l'"écologie positive".

"C'est efficace parce que les gens vont voir que c'est gagnant" d'opter pour un véhicule moins polluant, dit-elle, évoquant "des économies d'entretien et d'essence, le stationnement gratuit", le fait de "pouvoir circuler dans les zones à circulation réduite ou en cas de pic de pollution, etc.".

Les véhicules seront classés de un à six, des moins aux plus polluants, avec des vignettes de couleurs différentes.

Elaboré avec le ministère de l'Intérieur, ce dispositif permettra aux collectivités de gérer la circulation dans leurs centres urbains avec des "zones à circulation restreinte" dont la création est permise par la loi sur la transition énergétique.

Des zones à accès limité existent déjà dans 200 villes d'Europe, qui, selon une étude de l'Agence de la maîtrise de l'énergie, ont confirmé leur efficacité dans la lutte pour la propreté de l'air.

- "Nouvelle civilisation" -

La pollution atmosphérique, à l'origine de 42.000 morts prématurées annuelles en France, entraîne chaque année une augmentation des maladies respiratoires et cardio-vasculaires. L'OMS a classé le diesel comme cancérogène certain, les émissions des moteurs essence comme cancérogènes probables.

La ministre a aussi annoncé le lancement d'un appel à projets pour "faire émerger des villes laboratoires" mettant en oeuvre des mesures "exemplaires".

La liste des lauréats, qui recevront un premier apport d'un million d'euros, sera annoncée fin septembre. Ils devront prendre des mesures "radicales" dans le domaine de la mobilité mais également résidentiel (chauffage...), industriel (audits des entreprises...) et agricole (lutte contre l'épandage aérien...). Le programme vise aussi à "éliminer en cinq ans le diesel".

"L'idée est de changer la civilisation de la ville, et de donner aux municipalités, dont je salue le travail, la possibilité de prendre à bras le corps ce problème majeur de santé publique", a expliqué Mme Royal.

Parmi les mesures de soutien, elle évoque le bonus de 10.000 euros pour achat de voiture propre et un fonds de soutien spécial à la profession agricole (20 M sur 5 ans).

Les collectivités "sont obligées de s'engager" car plusieurs agglomérations comme Paris et Marseille sont concernées par une injonction européenne pour dépassement des valeurs limites sur les particules, a prévenu Mme Royal.

La maire (PS) de Paris Anne Hidalgo, qui s'était opposée à elle sur la circulation alternée, a salué l'arrivée des vignettes dans un communiqué, alors que la ville prévoit dès septembre des restrictions d'accès à son centre.

A Lyon, on s'est dit "intéressé". Grenoble, qui a d'ores et déjà annoncé sa candidature à l'appel à projets, "veut être en pointe", a affirmé le maire écologiste Eric Piolle, évoquant une réunion prochaine pour réfléchir aux manières "de ne plus revivre les pics de pollution" (environ 30 par an).

Président du Conseil national de l'air, le député (Les Républicains, ex-UMP) Martial Saddier, estime que les mesures, "en association avec les élus, vont dans le bon sens": Mme Royal "a la volonté d'essayer de trouver des solutions".

Mais pour Robert Assante (Les Républicains), adjoint à Marseille, cette histoire de pastilles "est une mesure cosmétique": "le fond du problème c'est acquérir des véhicules les moins polluants".

L'Automobile Club Association ne dit pas autre chose, appelant à "une vraie politique incitative au renouvellement du parc auto" et dénonçant "tout projet visant à interdire ou à restreindre l'accès des villes".

"L'appel à projets était nécessaire pour mettre les villes en mouvement", constate le Réseau Action Climat. "Reste à savoir si les élus suivront", ajoute l'ONG, pour qui "un million d'euros pour transformer une ville qui étouffe pourrait se révéler insuffisant".


 

Vos commentaires