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Alors qu’il se vend encore davantage de simples DVD que de Blu-ray, une nouvelle norme a été mise au point, et les constructeurs semblent s’entendre pour ne pas revivre une période de trouble avec plusieurs formats simultanés. Lors de notre visite du stand Samsung à l'IFA de Berlin, des explications nous ont été données.
Lors de l’IFA, le plus grand salon des nouvelles technologies, Samsung a été le premier à dévoiler un modèle de lecteur Blu-ray Ultra HD, amené à remplacer nos lecteurs Blu-ray "traditionnels" (même si la majorité d'entre nous semble encore préférer le bon vieux DVD en simple HD...).
L’idée, vous l’avez compris, c’est d’offrir enfin du vrai contenu pour les télévisons UHD (Ultra Haute Définition, 3.840 x 2.160 pixels) qui se démocratisent et envahissent nos salons.
Cette norme est appelée à remplacer le Full HD (1.920 x 1.080 pixels), qui a lui-même détrôner la HD (1.280 x 720 pixels) ces dernières années.
Arrondis
Sur le stand de Samsung trônait fièrement les premiers lecteurs disponibles pour le grand public. Ils sont arrondis, pour épouser le design curved des nouvelles télévisions (de nombreux modèles, chez tous les constructeurs, sont désormais arrondis).
Et relativement encombrants, ce qui est logique pour le lancement des premiers modèles. Son prix "sera d’environ 400€", selon Bruno Tazzer, responsable produit de Samsung Belgique. C’est relativement raisonnable par rapport aux premiers modèles de Blu-ray ou de DVD, qui dépassaient largement le millier d’euros.
Un gain de qualité peu remarquable
Depuis que nous avons essayé les premiers téléviseurs UHD (ou 4K), nos impressions sont les mêmes: le gain de qualité ne saute pas aux yeux par rapport au Full HD, même avec contenu (disponible sur disque dur jusqu’à présent, et bientôt sur Blu-ray UHD, donc) UHD lui aussi.
Il faut une très grande télévision pour s’en rendre compte, et il faut s’en approcher tellement pour apercevoir la finesse des détails et l’immensité du nombre de pixels que cela en devient inconfortable (personne ne va regarder un film à 1 mètres de l’écran juste parce qu’on aperçoit plus de détails).
Dès lors, il faut vraiment mettre un téléviseur Full HD et un téléviseur UHD l’un à côté de l’autre, avec un lecteur Blu-ray classique d’un côté, et un lecteur Blu-ray UHD de l’autre, pour voir une réelle différence.
Dans tous les cas, le gain de qualité perçue par l’oeil humain est nettement moindre que lors du passage du DVD (HD) au Blu-ray (Full HD). C’est qu’une certaine limite a été atteinte, du moins pour les téléviseurs de nos salons.
Il n’est pas impossible que les Américains, qui semblent tous avoir d’immenses salons, d’immenses fauteuils et d’immenses télévisions (souvent plus de 55 pouces), soient davantage concernés par cette logique. Même s’ils ne vont se tenir à 1 mètre de leur écran, à nouveau...
Des nouveaux disques, des nouveaux câbles
Le lecteur Blu-ray UHD de Samsung n’a aucun intérêt particulier si on y insert des Blu-ray traditionnels (même s’il est capable de les lire). Il faudra donc acheter des Blu-ray UHD. Lors de l’IFA, Mike Dunn, le président de la FOX, est monté sur scène en promettant que ces actuels blockbusters sortiront également en Blu-ray UHD dans les mois à venir.
Selon Bruno Tazzer, ces Blu-ray UHD auront une capacité "allant de 60 GB à 100 GB", et coûteront "environ 30€" au début, les prix étant appelés à diminuer au fil des années. La logique voudrait que les Blu-ray de base se vendent dès lors 20€, et les DVD 10€. On verra si les entreprises du cinéma vont distribuer les trois formats, ce qui a forcément un coût et des pertes potentielles relativement importants...
Avec ces nouveaux disques viennent des nouveaux... câbles. "On a besoin d’un nouveau câble car il y a plus d’information à faire transiter". On reste sur du HDMI, mais il faudra du 2.0a pour apprécier tout la qualité de l’image. "C’est surtout pour faire passer la qualité HDR", a poursuivi le product manager de Samsung Belgique.
L’intérêt principal de la HDR (High Dynamic Range), c’est de pouvoir représenter ou de mémoriser de nombreux niveaux d'intensité lumineuse dans une image. Habituellement, lorsqu’on filme des nuages dans un ciel lumineux, le capteur choisit une ouverture: soit le ciel est terne et les nuages affichent leur vrai couleur, soit le ciel affiche sa vraie couleur mais les nuages sont totalement éclaircis.
Rassurez-vous, si votre téléviseur est UHD et que vous n’avez pas de câble HDMI 2.0a, vous pourrez tout-de-même utiliser le lecteur de Samsung, et afficher les films en 4.000 x 2.000 pixels.
Conclusion: pari risqué
L’avènement du Blu-ray UHD "est dans un premier temps réservé aux cinéphiles" très (très) bien équipés, a reconnu M. Tazzer. Les yeux les plus avertis pourront apprécier le gain en qualité d’image dans des conditions normales de diffusion d’un film.
Bien entendu, en se rapprochant de l’écran, tout le monde verrait les pixels supplémentaires, d’autant que les diagonales des téléviseurs (grâce au prix en baisse) s’agrandissent: la norme est désormais de 47 pouces.
Mais le Blu-ray UHD pourrait se faire dévorer tout cru, au même titre que n'importe quel support physique, par la fameuse dématérialisation. Pour faire simple, les gens préfèrent payer un abonnement mensuel de 10€ à Netflix pour la consommation en illimitée de séries TV et de (quelques bons) films, plutôt que de se construire une bibliothèque de DVD qu'il a fallu remplacer par les Blu-ray, qu'il faudra donc bientôt remplacer par des Blu-ray UHD (si on est accro aux pixels).
Si les services de streaming proposent déjà la UHD, elle est tellement compressée pour arriver jusqu'à votre salon qu'elle est parfois moins appréciable qu'un Blu-ray classique...
Mais l'amélioration constante de nos connexions (la fibre, par exemple) devrait gommer ce problème de quantité de données et de vitesse dans les années à venir.
A cet égard, investir dans le Blu-ray UHD nous apparait un pari risqué, tant pour les constructeurs que pour les consommateurs.