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Une maman témoigne: elle a été menacée car ses enfants vont dans une école de Charleroi liée au pire ennemi d'Erdogan

Plusieurs parents dont les enfants fréquentent des écoles turques inspirées par l'imam Fethullah Gülen ont reçu des menaces par téléphone et via internet. Selon le pouvoir turc, Fethullah Gülen est à l'origine du coup d'état avorté survenu du 15 au 16 juillet. Cette campagne d'intimidation touche des établissements dans les trois régions du pays. Le reportage d'Arnaud Gabriel et Elizabeth Wouters.

Notre équipe s'est rendue à Marchienne-au-Pont, dans la région de Charleroi, où se trouve l'une des "Ecole des étoiles" du pays. Cet établissement maternel et primaire compte normalement 230 élèves, mais depuis ce matin, 50 à 60 d'entre eux ont été désinscris par leurs parents. "Ça représente environ un quart de la population scolaire de l'école. Jusqu'à il y a quelques jours c'était 60, mais ce nombre risque d'augmenter donc ça sera la grande surprise le 1er septembre", explique Ayse Tufek, coordinatrice.

"Pour un directeur c'est extrêmement difficile de devoir signer des documents qui font partir des élèves juste avant leur sixième primaire, alors qu'on les connaît depuis qu'ils sont en première maternelle, et à qui on se faisait une joie de remettre le CEB l'année prochaine. C'est dur", ajoute Frédéric Billiard, directeur de l'école.


Une maman témoigne: "J'ai peur pour les enfants, vraiment"

Pour tous les parents concernés, il s'agit là d'une décision difficile à prendre. Mais depuis quelques jours, la pression est parfois devenue trop importante. Ils sont nombreux à avoir reçu des menaces par téléphone. Une maman ayant trois enfants présents dans l'école a décidé de témoigner, tout en gardant son anonymat. "En général c'est vraiment par téléphone, où ils contactent les parents en disant 'Si vous n'enlevez pas vos enfants de l'Ecole des étoiles, vous serez rayés du pays, interdiction de rentrer dans le pays d'origine", confie-t-elle. "J'ai peur pour les enfants, vraiment. Personnellement c'est pour les enfants, pour la rentrée où ils vont se rendre compte qu'ils ont beaucoup de camarades qui ne seront pas là", précise-t-elle.


"Cette école n'est pas financée par Fethullah Gülen, on ne le connaît pas"

Pour le directeur, c'est l'incompréhension. Il connaît bien l'établissement, et il est vrai qu'il se base sur la philosophie de Gülen, à savoir l'école avant tout, mais cela s'arrête là. "C'est difficile à comprendre pour nous, parce que cette école n'est pas financée par Fethullah Gülen, on ne le connaît pas. Ces sont des parents qui se sont investis, avec leur temps et leur argent, et puis voilà, des choses comme ça qui nous arrivent... Pour nous c'est difficile, pour eux c'est une véritable tragédie", explique Frédéric Billiard.

En attendant, à treize jours de la rentrée, les institutrices tentent de préparer leur classe comme si de rien n'était. Mais le cœur n'y est pas vraiment...


Le ministre-président flamand se dit inquiet

Du côté des autorités, le ministre-président flamand Geert Bourgeois s'est dit particulièrement inquiet. Il pointe du doigt une campagne d'intimidation émanant de la mouvance liée au président turc Recep Tayyip Erdogan à l'égard de certaines écoles turques en Flandre. Il a appelé ce jeudi les parents d'élève à ne pas plier face aux menaces. Geert Bourgeois (N-VA) demande à la justice d'examiner si des faits répréhensibles ont été commis. "Il convient d'appliquer les règles en vigueur ici, nous ne pouvons tolérer qu'elles ne soient pas respectées", a-t-il commenté.

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