C’est aujourd’hui que débutent les "Journées Nationales de la Prison". Une 4ème édition qui attire l'attention, cette année, sur les familles et les proches des personnes incarcérées. Des personnes souvent oubliées, stigmatisées, et qui ont parfois l'impression de devoir "payer", elles aussi. C'est le cas de Maïté, dont le mari a été condamné à 20 ans de prison. Une rencontre signée Nathanaël Pauly et Damien Loumaye.
"Quand je suis rentrée à l’intérieur de la prison, j’ai cru que j’étais rentrée en enfer", confie Maïté Lonne, l’épouse d’un détenu. Il y a cinq ans, sa vie a basculé. Son mari, accusé d’homicide, est condamné à vingt ans de prison.
"Bien sûr, on a le choix, on peut partir ou rester", explique-t-elle. Maïté décide de rester et découvre l’univers carcéral, sa violence et ce sentiment d’être traitée comme coupable, elle aussi.
"Il y a pas mal d’agents qui ont encore un brin d’humanité, il faut le reconnaître mais beaucoup ne nous considère plus comme des êtres humains car nous sommes comme la "poubelle" de la société et cela se ressent très fort. Ils ne nous regardent pas dans les yeux quand on dit "bonjour", etc… des détails accumulés qui font qu’à un moment, on n’en peut plus", poursuit-elle.
Maïté rend visite deux fois par semaine à son compagnon en prison. Ils sont parents depuis quelques mois. Dans notre pays, 76.000 personnes sont touchées par l’incarcération d’un proche, dont 12.000 enfants. Des enfants contraintes de gérer cette réalité qui les poussent parfois dans la précarité.
"Les gens pensent qu'il faut avoir commis des crimes"
"Il faut savoir que pour qu’un détenu puisse survivre à l’intérieur, sa famille doit lui envoyer entre 200 et 400 euros pour qu’il puisse manger ou se laver. On dépense entre 100 et 300 euros rien que pour les déplacements. A côté de ça, il n’y a qu’un seul salaire pour la famille", précise-t-elle.
Des familles qui se sentent abandonnées. Depuis l’incarcération de son mari, Maïté ressent cette exclusion, comme une étiquette dans le dos, qui lui donne comme seul statut celui de "femme de détenu".
"Le gens pensent qu’il faut avoir commis des crimes atroces pour être incarcéré, que les personnes à l’intérieur le méritent et que par conséquent, nous devrions brûler et mourir avec eux. Je trouve que les enfants qui sont victimes aussi de ça, n’ont pas à se trouver au milieu de ses insultes", conclut-elle.
Educatrice de formation, Maïté a voulu écrire et raconter son histoire. Son regard sur le monde carcéral, c’est le sien, partagé par beaucoup d’autres proches de détenus. Ce qu’elle souhaite, c’est que la souffrance de ces familles soit reconnue et qu’elle ne soit plus pointée du doigt.
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