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Ce dimanche, cela fait 15 ans que l’euthanasie a été dépénalisée en Belgique. Tous les deux ans, la Commission fédérale chargée du contrôle et de l'application de la loi dresse un rapport. On apprend par exemple que depuis 2002 (année de la dépénalisation), 14.753 personnes ont été officiellement euthanasiées en Belgique. Ce chiffre est en augmentation chaque année.
L'an dernier, 2027 personnes ont été officiellement euthanasiées en Belgique. Et en 4 ans, on observe une hausse de 41% du nombre de ces personnes. Comment expliquer cette hausse? Les médecins hésitent-ils moins à répondre à la demande de leur patient? Les patients seraient-ils plus décidés dans leur choix de demander la mort? La commission n'apporte pas de réponse, mais pose ces questions, notamment dans le rapport concernant l'euthanasie aux Pays-Bas.
Autre inconnue: la raison pour laquelle 80% des demandes d'euthanasies sont rédigées en néerlandais et seulement 20% en français. D'où vient cette différence? D'après la Commission, "les raisons qui peuvent expliquer cette disproportion demeurent hypothétiques. Seule une étude transversale pourrait les expliquer".
Qui sont les personnes qui demandent l'euthanasie et pourquoi la demandent-elles?
Les patients demandant à être euthanasiés ont, dans 62,8% des cas, plus de 70 ans. Tous âges confondus, 44% de ces personnes souhaitent être euthanasiées à leur domicile (42% le sont à l'hôpital et 12% en maison de repos).
Ces patients invoquent, dans 95% des cas, la souffrance physique comme étant à l'origine de leur demande d'euthanasie. "Dans pratiquement tous les cas, le médecin indique que la souffrance physique exprimée avait engendré une souffrance psychique grave qui était en grande partie existentielle, et que les traitements palliatifs n'étaient pas en mesure de maîtriser cette souffrance d'une manière acceptable pour le patient", explique le rapport.
Dans 67,7% des cas, c'est la souffrance due au cancer qui est évoquée. D'autres affections médicales sont citées, comme les troubles de la marche, de la vue, de l'audition, ou encore le début de la démence. Parmi les souffrances psychiques, les patients évoquent la dépendance, la perte d'autonomie, la solitude, le désespoir, la perte de dignité, la peur de perdre sa capacité à entretenir des contacts sociaux, notamment.
Une souffrance jugée insupportable
En Belgique, la loi dépénalisant l'euthanasie prévoit que la personne qui la demande soit dans une situation médicale sans issue et que la souffrance justifiant l'acte posé soit insupportable pour ce patient. Dans son rapport, la Commission rappelle que le sentiment de souffrance est subjectif et dépend de la personnalité et des valeurs du patient. De plus, le demandeur a le droit de refuser que sa souffrance soit soulagée, tout comme il a le droit de refuser l'accompagnement de soins palliatifs.