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Jusqu'ici, les gardiens des prisons de Tournai, Lantin, Ittre, Andenne, Mons, Saint-Hubert, Huy, Paifve, Namur, Leuze-en-Hainaut, Jamioulx et Marche-en-Famenne ont rejeté le protocole d'accord établi vendredi soir entre les syndicats et le ministre de la Justice Koen Geens. Les gardiens de Nivelles semblent s'orienter vers la même décision. La plupart du temps, les gardiens de prison ont voté contre cet accord à l'unanimité, ce qui constitue un fameux désaveux pour les syndicats. A Namur, les gardiens ont même réclamé la démission de leurs responsables syndicaux nationaux! Le mouvement de grève qui touche nos prisons s'oriente donc vers un bras de fer avec le ministre.
Réunis ce samedi matin à 10h00, les agents pénitentiaires de la prison de Tournai ont rejeté le protocole d'accord établi vendredi soir entre les syndicats et le ministre de la Justice Koen Geens. Les gardiens de prison avaient 36 heures pour dire oui ou non au texte qui a été présenté et défendu ce samedi matin à la prison de Tournai par les représentants syndicaux lors d'une assemblée du personnel. Une cinquantaine d'agents étaient présents. "A l'unanimité, le protocole a été rejeté. Ces dernières 24 heures, la situation a été calme à l'intérieur de la prison de Tournai. Cependant, on ne sait pas comment vont réagir les détenus et prévenus lorsqu'ils apprendront que l'accord a été rejeté", indiquait vers 10h30 Grégory Wallez, permanent fédéral de la CGSP.
En direct dans le RTL INFO 13H à partir de la prison d'Andenne, notre journaliste Julien Crête fait le point sur les avis émis par les gardiens de prisons en Wallonie et à Bruxelles. "Les réactions semblent assez claires puisque plusieurs autres prisons wallonnes se sont exprimées ce matin, notamment Tournai, Ittre et Nivelles, qui se sont positionnées contre ce protocole. C'est un véritable désaveux pour les syndicats nationaux qui avaient qualifié les avancées de positives", explique Julien Crête.
"Au finish"
Réunis en assemblée peu après 13h00, les agents pénitentiaires de la prison de Lantin ont aussi rejeté le protocole d'accord, a indiqué le délégué CGSP Yves Walthéry, estimant entre autres qu'il est impossible d'envisager de travailler avec 10% de personnel en moins. "Voilà 13 jours que nous demandons au ministre Geens qu'il n'y ait pas de restructuration dans les prisons", commente M. Walthéry. "Nous poursuivrons notre action au finish, jusqu'à ce que nous soyons entendus". A titre d'exemple, le délégué syndical précise que la maison d'arrêt de la prison de Lantin héberge actuellement 580 détenus alors que la capacité d'accueil est normalement limitée à 340 places. "Nous travaillons aujourd'hui avec trois agents pour 80 détenus, c'est intenable", conclut-il.
Ce fut aussi le cas à Andenne. Réunis en assemblée peu avant 14h00, les agents pénitentiaires y ont rejeté à l'unanimité le protocole d'accord, a indiqué le délégué CSC Marc Peeters, refusant donc la rationnalisation que veut imposer le ministre Koen Geens. "Nous poursuivrons le mouvement au finish car nous estimons notamment que c'est désormais la masse de travail qu'il convient d'adapter au nombre d'agents, et pas l'inverse", a commenté le délégué.
Réunis en assemblée ce samedi après-midi, les agents pénitentiaires des prisons de Mons et de Saint-Hubert ont également rejeté le protocole d'accord, a indiqué le responsable syndical CSC David Froissart. Selon le délégué, les agents de Nivelles qui se réuniront dimanche devraient prendre la même décision. Pour le responsable syndical, le ministre Geens joue avec le feu. "Bien que démenties par son cabinet, ses déclarations sur Twitter constituent la goutte qui fait déborder le vase. Il promet 405 engagements, mais ce n'est bien qu'une promesse, sans la moindre garantie. Par ailleurs, il annonce vouloir instaurer un service minimum, c'est inacceptable", dénonce le délégué.
Quant aux agents de Nivelles, ils doivent se réunir dimanche. "Je suis en contact avec la délégation nivelloise et je sais qu'ils ont bien l'intention de poursuivre aussi le mouvement au finish", conclut David Froissart.
Les agents pénitentiaires de la prison de Huy et de l'établissement de défense sociale de Paifve ont également rejeté unanimement le protocole d'accord et décidé de la poursuite du mouvement de grève au finish, a indiqué la déléguée CGSP Martine Tihon. "La même décision a été prise à Paifve", précise la déléguée hutoise Martine Tihon, laquelle pointe également du doigt de graves problèmes de sécurité au sein de l'établissement pénitentiaire mosan. "De nombreux agents se trouvent en incapacité de travail suite à des agressions et nous restons depuis des années dans l'attente de la réalisation d'importants travaux de rénovation, pourtant indispensables", dénonce fermement la déléguée.
La cinquantaine d’agents pénitentiaires de la prison de Leuze-en-Hainaut, dans le Hainaut occidental, a refusé également le protocole d'accord à l'unanimité. Cela fait à présent 13 jours que les gardiens de la prison de Leuze sont en grève. Dans ce centre pénitentiaire récemment inauguré, les conditions de détention sont cependant différentes. Les détenus disposent en effet de toilettes, d'une douche et d'un téléphone dans chaque cellule. Les prisonniers peuvent ainsi entrer en contact avec leurs familles, un élément qui n'est pas négligeable en cette période de tension. "Jusqu'à présent, il n'y a eu aucun incident, ni à Tournai, ni à Leuze. La chaleur ne va malheureusement pas arranger les choses", précisait peu avant 15h00 Grégory Wallez, permanent syndical fédéral de la CGSP.
Une première assemblée du personnel pénitentiaire de la prison de Jamioulx, réunissant une cinquantaine d'agents, a aussi rejeté à l’unanimité les propositions du ministre Geens, selon le délégué principal CGSP de l'établissement. Le principal grief étant que le ministre n'abandonne pas sa volonté de rationalisation. Le texte doit être présenté lundi matin à une deuxième pause du personnel, mais il semble peu probable que le vote prenne un autre tour, estime le délégué de la CGSP. Ces derniers jours, l'approvisionnement en nourriture a été assuré par la Protection civile à Jamioulx. Un accès au préau a été à nouveau accordé ce vendredi, l'accès aux douches étant, lui autorisé, au rythme de deux ou trois douches par semaine, précise-t-on encore de source syndicale. La population carcérale à Jamioulx est actuellement de 340 détenus.
Les agents pénitentiaires de la prison de Marche-en-Famenne ont eux aussi rejeté le protocole d'accord. "C'est un refus total à l'unanimité", indique un délégué syndical CSC. "Nous irons jusqu'au finish. De nouvelles actions pourraient être organisées début de semaine."
A la prison d'Arlon, c'est lundi en début de matinée que sera organisée l'assemblée générale pour que le personnel se prononce, a indiqué André-Marie Paquay, délégué CSC. En attendant, les affiliés "ont été sondés par SMS et par mail pour des raisons pratiques", précise le délégué syndical.
Les agents du centre pénitentiaire école (CPE) de Marneffe (province de Liège) ont également décidé de rejeter à l'unanimité l'accord, a indiqué samedi en début de soirée le délégué CGSP Dominique Wauthier. "Sans la moindre garantie, il (le ministre Geens, ndlr) parle de geler la diminution des effectifs en 2016, mais nous ne savons pas ce qui se passera en 2017 et après", regrette le délégué. "La situation devient critique dans la mesure où nous travaillons dans un vieil établissement dans lequel, depuis décembre 2014, plus aucun agent n'a été engagé, même pour remplacer ceux qui sont partis", déplore-il encore
Ils réclament la démission des responsables syndicaux nationaux
Cinquante-cinq agents pénitentiaires de la prison de Namur ont rejeté le protocole d'accord. Etape supplémentaire par rapports à leurs collègues des autres prisons wallonnes, ils demandent également la démission de Michel Jacobs, secrétaire fédéral CGSP AMiO, et de Laurence Clamar, secrétaire permanente CSC, a indiqué Xavier Crefcoeur, délégué CSC à la prison de Namur. Ils estiment de ne pas avoir été écoutés.
Xavier Crefcoeur évoque un "mépris total pour la profession". A la prison de Namur, la situation est encore calme actuellement comparativement à celle dans d'autres prisons. Les détenus bénéficient de sorties au préau et de repas mais ne peuvent toujours pas recevoir les visites de leur famille. Le mouvement de grogne va donc se poursuivre "au finish" à la prison de Namur tant que les gardiens n'ont pas obtenu ce qu'ils réclament. "Fin du mois, si ça n'a pas changé, on est toujours dehors", a prévenu Xavier Crefcoeur. Le délégué syndical déplore que le premier ministre, Charles Michel, ne s'exprime pas sur le sujet malgré la gravité de la situation. "Cela fait quand même plus de quinze jours que nous sommes en grève et il ne prend pas ses responsabilités", a-t-il commenté.
Michel Jacobs a déclaré qu'il répondra "lundi matin au comité technique de la CGSP aux questions" qu'on lui posera. Il ajoute que le "non au protocole l'emportera" très probablement samedi.
Retour sur les propositions du ministre
Les syndicats des agents pénitentiaires protestent depuis le 25 avril contre les mesures d'économie imposées au secteur. A l'issue d'une réunion de huit heures vendredi, les syndicats et le ministre de la Justice sont parvenus à un nouveau protocole d'accord que les représentants syndicaux doivent maintenant défendre auprès de leur base. Ce texte prévoit le recrutement de 405 personnes, dont 100 pour la lutte contre le terrorisme - mesure déjà annoncée auparavant dans le cadre des 400 millions d'euros que le gouvernement avait décidé de réserver à ce propos - et 305 fonctionnaires supplémentaires, soit 55 de plus que dans le précédent protocole d'accord rejeté jeudi par les syndicats. Subséquemment, le personnel pénitentiaire est maintenu à environ 7.000 personnes pour 2016, tout comme le nombre atteint fin 2015.