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Privé de permis de conduire, tancé par le Premier ministre pour avoir exigé un traitement de faveur en avion, le prince Laurent, "enfant terrible" de la monarchie belge, est dans la tourmente au moment où la fonction royale est fortement remise en cause en Flandre.
A 47 ans, le prince Laurent n'est que 12e dans l'ordre de succession au trône de Belgique, loin derrière son aîné Philippe, les quatre enfants de celui-ci, et de sa soeur Astrid et de ses 5 enfants.
Il fait néanmoins régulièrement la "une" des journaux belges, en particulier en raison d'un goût prononcé pour les voitures de sport.
Verbalisé il y a 20 ans à Washington pour un léger excès de vitesse, le prince a récidivé en Belgique, où il a notamment été "flashé" à 220 km/h sur une autoroute ou à 137 km/h dans les rues de Bruges (ouest).
Un nouvel excès de vitesse à Bruxelles lui a valu un retrait temporaire de son permis de conduire la semaine dernière.
Samedi, deux journaux flamands, De Morgen et Het Laatste Nieuws, ont révélé que Laurent était également un client délicat à gérer lorsqu'il voyage en avion.
En juin 2010, il avait pris place avec son épouse, la princesse Claire, en classe "affaires" à bord d'un avion de Brussels Airlines alors que le couple ne disposait que de billets pour voyager en classe "économique", ont rapporté les deux quotidiens.
Invité à prendre un siège à l'arrière de l'avion, le fils cadet d'Albert II se serait exécuté en maugréant, fustigeant le "manque de professionnalisme" du personnel navigant, et aurait ensuite refusé de payer ses consommations.
Brussels Airlines a été créée en 2001 sur les cendres de la compagnie nationale Sabena, qui accueillait gracieusement les membres de la famille royale.
Une tradition à laquelle le prince Laurent a visiblement du mal à renoncer puisqu'en août, de retour de vacances en Italie, le prince, son épouse, leurs trois enfants et une nourrice, toujours munis de billets économiques, s'étaient à nouveau installés en classe "affaires". Pour éviter une "nouvelle scène", le personnel avait laissé faire.
Interrogé jeudi à la Chambre des députés, le Premier ministre, le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, a dit "regretter" et "prendre ses distances" avec un comportement qui, s'il est avéré, "n'est pas correct".
Alors que la famille royale était très populaire jusque dans les années 1950 en Flandre, la région néerlandophone du nord de la Belgique, son image s'y est fortement dégradée ses dernières années.
La presse néerlandophone et certains partis critiquent régulièrement les dotations se chiffrant en millions d'euros dont bénéficient Albert II et ses proches.
Des déclarations de l'héritier du trône, le prince Philippe, contre la montée du nationalisme flamand a également été critiquée par de nombreux néerlandophones, qui perçoivent la famille royale comme trop proche des francophones.
Plusieurs partis flamands plaident pour une monarchie purement protocolaire, à l'exemple des monarchies scandinaves. Car le roi des Belges, qui "règne mais ne gouverne pas", joue néanmoins un rôle indéniable lors des crises politiques qui secouent régulièrement la Belgique.
Depuis les élections de juin 2010, qui ont débouché sur un blocage sans précédent entre Flamands et francophones, Albert II a nommé plusieurs médiateurs pour tenter de rapprocher les points de vue et éviter un éclatement du pays.
Au-delà des écarts de conduite du prince Laurent, cette activité politique et la figure symbolique du roi expliquent également pourquoi la famille royale fait l'objet de tant de critiques, en particulier chez les partisans d'une Flandre indépendante.