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L'arrêt ce jeudi du réacteur nucléaire Tihange 3 est le dernier épisode d'une série noire pour le parc nucléaire de notre pays, dont seulement deux des sept réacteurs fonctionnent désormais.
L'arrêt inattendu du réacteur 3 de la centrale de Tihange, ce jeudi vers 01H00 du matin, au cours d'une opération de maintenance, semble lié à "un incident technique qui n'a rien d'exceptionnel", a commenté une porte-parole de l'Autorité fédérale pour le contrôle nucléaire (AFCN), Nele Scheerlinck. Mais c'est un nouveau coup dur pour l'exploitant Electrabel car il réduit à deux le nombre de réacteurs actuellement en fonctionnement en Belgique alors que l'atome est censé fournir 55% de l'énergie consommée.
La centrale de Tihange (trois réacteurs) est désormais totalement à l'arrêt, et à Doel près d'Anvers, seulement deux des quatre réacteurs tournent, ne produisant que 1.400 mégawatts. En plein régime, la Belgique devrait pouvoir fournir 5.700 megawatts en énergie nucléaire.
Electrabel envisage "à ce stade" de redémarrer Tihange 3 dans la nuit de vendredi à samedi, mais attend les conclusions de l'enquête de l'Agence de contrôle (AFCN)."Il n'y a jamais eu de danger pour les environs, les employés ou la centrale" et "il n'y a pas de soucis pour la sécurité d'approvisionnement en Belgique, car on dispose d'un parc de production diversifié", a assuré une porte-parole, Geetha Keyaert.
Inédit: davantage d'électricité produite à partir d'énergie solaire que nucléaire
La quantité d'électricité produite via des panneaux photovoltaïques a dépassé ce jeudi en journée en Belgique celle produite par les centrales nucléaires, a indiqué le gestionnaire du réseau de transport d'électricité à haute tension Elia. Peu avant 14 heures, la production des panneaux solaires a atteint environ 1.900 MW et celle des centrales nucléaires entre 1.400 et 1.500 MW. Il s'agit, selon Elia, d'une situation exceptionnelle, probablement inédite dans notre pays.
Tihange 1 subit une révision depuis le 20 juin dernier et ce jusqu'au 1er septembre. Le réacteur 2, comme le réacteur 3 du site de Doel, ne sont plus en activité depuis mars 2014 en raison de la présence de milliers de microfissures dans leurs cuves. L'unité 1 du site de Doel, qui a dépassé l'âge limite des 40 ans, a été mis à l'arrêt le 15 février dernier. Seuls les réacteurs 2 et 4, dont la capacité de production atteint respectivement 433 MW et 1.033 MW, ont donc produit ce jeudi de l'électricité. Le réacteur Doel 2 et Doel 4 seront temporairement mis à l'arrêt respectivement en octobre et septembre prochain.
La production par les panneaux solaires reste encore à un niveau marginal autour des 2% de la production totale d'électricité.
Sabotage
L'arrêt non programmé de Tihange 3 survient un an après le sabotage d'un des réacteurs de Doel, le 5 août 2014, qui a entraîné une importante fuite d'huile de graissage --65.000 litres en une demi-heure-- et grièvement endommagé la turbine à vapeur. Le parquet fédéral, saisi de la plainte contre X déposée par Electrabel, n'exclut aucune piste. Selon les médias, les enquêteurs vont soumettre une quarantaine d'employés du site au détecteur de mensonge alors que plusieurs manipulations volontaires de boîtiers et cadenas ont été constatées.
Ce n'est qu'en décembre 2014, et après une réparation ayant coûté 30 millions d'euros, que le quatrième réacteur de la centrale a pu redémarrer.
A l'automne, afin de prévenir tout risque de "black-out" en raison de la pénurie, le gouvernement et Elia, le gestionnaire du réseau électrique, avaient élaboré un plan de délestages, notamment en cas de grand froid l'hiver.