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Le montant de l'indemnité du congé parental est-il trop faible ? Oui, répond le gouvernement. Mais en attendant une évolution, Jonathan en fait les frais.
La seule priorité de Jonathan, aujourd'hui, est de passer du temps avec son fils Hugo. L'enfant de 12 ans a été diagnostiqué d'un cancer du cerveau en 2017, il est actuellement en récidive. Malheureusement, le cas du garçon est dramatique : sa maladie est incurable.
Actif dans le secteur du nettoyage, Jonathan gagne entre 2 500 et 3 000 euros par mois. Seulement, s'il se met en congé parental, l'indemnité n'est que de 896 euros. Un montant trois fois moins élevé que son salaire, qui ne lui permettrait pas de profiter avec son fils comme il l'entend. "Le coût de la vie de tous les jours fait qu'on doit être capable de payer ses charges et de se nourrir. Puis apporter à Hugo et ses frères et sœurs les petits plaisirs du quotidien, que ce soit une journée à la côte belge ou une sortie au cinéma ou autre, ça fait vite des montants assez élevés. Cette indemnité va nous créer des problèmes. Est-ce qu'on doit priver les enfants de tout ? Je ne connais pas la solution."
Le père de famille se retrouve ainsi dans une situation cornélienne. Arrêter momentanément de travailler pour s'occuper de son enfant malade, mais en ne pouvant plus boucler ses fins de mois, ou continuer de travailler pour assurer le confort de sa famille, mais en passant à côté de moments de partage avec son fils.
"On est déjà à terre sur le plan psychologique avec ce qu'on vit et on l'est d'autant plus sur le plan financier parce qu'il n'y a rien pour nous aider derrière. J'ai presque tendance à croire que je dois obliger mon patron à me donner mon C4 pour obtenir un statut de chef de famille au chômage. Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas d'aides plus encourageantes pour des cas similaires au nôtre. On est complètement désorientés et perdus par rapport à la situation parce qu'on ne sait pas ce qu'on doit faire."
Tout le monde au même régime
Le congé parental est un forfait accordé aux parents pour passer du temps avec leurs enfants. Aucun motif ne doit être donné et le forfait est de 896 euros nets par mois ou de 1 527 euros nets pour un parent isolé. Ces montants sont invariables, quels que soient le salaire et la situation. "Mon cri d'alerte aujourd'hui, je le fais pour moi, mais je sais que c'est un problème qui est général. Je pense que l'État doit absolument revoir son système là-dessus."
"C'est simplement réglementaire", justifie Daniel Bouleau, chargé de communication à l'Onem. "C'est-à-dire que la législation prévoit un montant forfaitaire pour toutes les pauses-carrière. C'est le gouvernement qui décide du montant de l'allocation qui est payée au travailleur qui a recours à ce système".
Pour la Ligue des familles, ces montants constituent un manque de considération. "C'est surtout révélateur qu'on ne considère pas du tout la parentalité dans sa diversité et sa complexité au sein de la société chez nous", condamne Madeleine Guyot, la directrice générale. "Je pense qu'il faut mettre les responsables politiques autour de la table pour faire un plan favorable à la parentalité."
Faire évoluer le statut, tout le monde est d'accord
Concrètement, la Ligue des familles demande que l'allocation soit remontée à 1 500 euros le premier mois (et 2 000 pour les familles monoparentales), pour que les parents puissent accéder facilement à cet avantage.
Cela tombe bien, l'idée est déjà parvenue dans l'esprit des politiques. Le cabinet du ministre fédéral de l'Emploi, Pierre-Yves Dermagne, "estime que ce montant d’allocations est beaucoup trop bas". Via son porte-parole, le ministre informe que "cette question a été soumise aux partenaires sociaux et est en cours d'examen au sein du Conseil national du travail". Vu le temps qu'il reste avant les prochaines élections, ce sera un dossier pour le prochain gouvernement fédéral.
Une bonne nouvelle dans ce dossier sensible, c'est que tout le monde semble d'accord pour le faire évoluer. "Nous avons eu l'occasion d'aller sonder les différents partis démocratiques francophones pour savoir ce qu'ils pensaient de certaines mesures et sur le congé parental, on a un alignement des différents partis politiques pour la prochaine législature", confie Madeleine Guyot. "On espère que les indemnités vont augmenter. Ils avaient l'air de dire qu'ils étaient tout à fait prêts à considérer notre demande de 1 500 euros et 2 000 euros pour les parents seuls."
Actuellement, plus de 98 000 personnes sont en congé parental, soit une augmentation de 9% par rapport à l'année dernière.