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L'éventualité de nouvelles cessions de magasins Casino ravive les inquiétudes des salariés

Le groupe Casino, toujours en grande difficulté, est à l'écoute du marché pour céder de nouveaux super et hypermarchés: cela ne change pas le projet des repreneurs de l'ensemble, dont le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, mais préoccupe les syndicats, qui craignent un "dépeçage" et se sont rassemblés en intersyndicale.

Branle-bas de combat chez les représentants des salariés: les cinq organisations syndicales de Casino (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) se sont constituées en intersyndicale, ont annoncé mardi à l'AFP les deux porte-paroles qu’elles ont désignés, Nathalie Devienne (FO) et Jean Pastor (CGT).

A leurs yeux, "Daniel Kretinsky prépare un dépeçage du groupe, avec une nouvelle vague de vente de magasins qui aura des conséquences lourdes pour les autres filiales, la logistique et les sièges sociaux", a déclaré Nathalie Devienne mardi soir, en regrettant que les salariés soient "tenus complètement à l'écart".

- "Joyeux Noël" -

Elle précise que des rendez-vous ont été demandés avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, le consortium de repreneurs et la direction opérationnelle. "En cas de refus de leur part, nous mobiliserons les salariés pour leur offrir un Joyeux Noël", a prévenu Jean Pastor.

Plus tôt mardi, la branche commerce et services de la CGT s'était émue que les salariés aient appris par la presse "la possible cession de 52 hypermarchés et 291 supermarchés par la direction de l'entreprise".

Lundi, Casino avait annoncé qu'il était prêt à étudier des "marques d'intérêt" de concurrents pour le rachat de ses magasins de grands formats, super et hypermarchés, au-delà de ceux qui font déjà l'objet d'un accord avec Intermarché, portant sur 119 magasins plus une soixantaine en option.

Le groupe n'a pas précisé quel périmètre était cette fois concerné par une possible cession.

Mais plusieurs sources proches du dossier ont confirmé à l'AFP des informations de presse selon lesquelles l'ensemble du parc de super et hypermarchés pourrait être vendu en cas d'acheteur intéressé.

Le quotidien Les Echos avait révélé dimanche que le groupe, qui comptait encore 200.000 salariés dont 50.000 en France fin 2022, avait reçu des manifestations d'intérêt et que les candidats potentiels avaient jusqu'à mercredi pour faire connaître un éventuel intérêt.

Une source proche du dossier a précisé mardi à l'AFP qu'il s'agissait d'une date plutôt "indicative".

Etranglé par un endettement devenu insoutenable, le groupe d'origine stéphanoise avait trouvé un accord l'été dernier avec la plupart de ses créanciers, d'une part, et des repreneurs, les milliardaires Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor, d'autre part, pour une restructuration de cette dette.

- Les repreneurs "attachés" au siège stéphanois -

Cela se fera via un abandon de créances très significatif, la cession des activités en Amérique latine pour lesquelles travaillent les trois quarts du groupe, et par une augmentation de capital devant apporter 1,2 milliard d'euros d'argent frais au total, au terme de laquelle l'emblématique PDG du groupe Jean-Charles Naouri en perdra le contrôle. Le passage de témoin est attendu à l'horizon du premier trimestre 2024.

Mais la situation de Casino, qui a abaissé à plusieurs reprises ses perspectives économiques, a été décrite comme "catastrophique" lundi par le délégué syndical CFDT Guillaume Touminet. La vente de magasins grands formats pourrait réduire des foyers de perte.

En tout état de cause, d'éventuelles cessions de super et hypermarchés par le groupe Casino "n'affecteraient en rien notre volonté" d'en prendre le contrôle "et d'investir dans le développement du reste du périmètre, notamment dans les enseignes Monoprix et Franprix", a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole du groupe EP du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky en France.

"Nous comprenons la décision de Casino d'examiner les offres d'acteurs crédibles pour l'acquisition d'un certain nombre d'hypermarchés et de supermarchés", a ajouté ce porte-parole, se disant toutefois "attaché au maintien d'un siège à Saint-Étienne", berceau historique du groupe.

Mi-juillet, Bruno Le Maire avait signalé que "l’État sera vigilant sur l'emploi" et sur le maintien du "siège à Saint-Etienne". "Bercy est très attentif au dossier Casino et réitère les propos du ministre", avait indiqué le ministère de l’Économie lundi à l'AFP.

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