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Une délégation iranienne reçue à Bruxelles: le secrétaire d'Etat bruxellois Pascal Smet annonce sa démission

Pascal Smet, le secrétaire d'Etat bruxellois chargé notamment des Relations européennes et internationales, a annoncé sa démission ce samedi après-midi lors d'une conférence de presse. La décision de l'élu du Vooruit (socialistes flamands) fait suite à l'affaire de la présence du maire de Téhéran et d'une délégation iranienne à un événement international organisé à Bruxelles.

Le Brussels Urban Summit, une réunion internationale des maires de villes du monde entier, a été organisé du 12 au 15 juin dernier. La présence du maire de Téhéran, Alireza Zakani, avait suscité la controverse. Cette venue intervenait deux semaines après la libération du travailleur humanitaire, Olivier Vandecasteele, après 455 jours de détention en Iran.

De nouveaux e-mails découverts ces dernières heures

Le secrétaire d'État a remis au Parlement les documents reçus et envoyés par lui-même attestant des échanges qu'il a eus en matière d'invitations et de délivrance de visas aux représentants iraniens. Il ressort d'un courriel que la Région bruxelloise a pris en charge les frais d'hébergement de la délégation de Téhéran ainsi que celle de Kazan en Russie (dans ce cas le maire et la vice-maire), comme elle l'a fait pour les autres invités. Mais il s'agit là de représentants de pays sous le coup de sanctions internationales. "Mon cabinet a - au nom du principe du traitement égal de tous les chefs de délégation et partant du fait que s'il recevait effectivement un visa, il n'y avait pas de problème politique - couvert cela sans que ni moi, ni mon chef de cabinet ne soyons au courant. Pourtant, l'administration avait indiqué à juste titre que cela n'était pas souhaitable. Même si je ne le savais pas, cela s'est déroulé sous ma responsabilité. Ma conscience ne peut accepter que de l'argent belge serve aux frais de séjour d'un représentant du régime russe ou iranien. J'aurais dû le communiquer mercredi au parlement mais, apparemment, ce mail a été perdu de vue", a déclaré Pascal Smet.

Cet élément a poussé Pascal Smet à démisionner. Selon le secrétaire d'Etat, il s'agit de la faute commise par un de ses collaborateurs, qu'il ignorait et qui a été entretemps réparée par Metropolis, organisateur de la conférence. Celui-ci a remboursé les sommes engagées. "C'est ma façon de faire de la politique. Même si je n'ai pas commis de faute personnelle, il faut pouvoir assumer sa responsabilité", a-t-il dit.

Devant la presse, M. Smet est à nouveau revenu sur le rôle joué par les Affaires étrangères dans ce dossier. "Dans aucun mail, elles ne s'opposent à la venue de ces personnes", a-t-il affirmé, précisant qu'il en avait même parlé avec la ministre Hadja Lahbib au téléphone et qu'il n'a jamais exercé de pression pour obtenir des visas au bénéfice des représentants iraniens et russes.

Critiqué par la ministre des Affaires étrangères jeudi

À la Chambre du Parlement fédéral, Hadja Lahbib avait accusé Pascal Smet d'avoir insisté pour l'octroi des visas, alors que dès mars, les Affaires étrangères avaient jugé ce voyage "pas du tout opportun dans les circonstances actuelles".

Pascal Smet a tenté de se défendre vendredi

Ce vendredi, Pascal Smet avait tenté de se défendre devant le Parlement bruxellois. Le secrétaire d'Etat bruxellois a soutenu vendredi n'avoir exercé aucune pression sur les Affaires étrangères. "J'aurais bien sûr accepté un refus motivé et je ne l'aurais pas contesté. Mais il n'est jamais venu", a-t-il souligné.  M. Smet a par ailleurs invoqué le caractère mondial, voire onusien de ce rassemblement de villes, qui jouent un rôle de plus en plus grand dans la diplomatie internationale, et n'avoir eu aucun contact particulier avec ces mêmes représentants iraniens. Aux yeux de Pascal Smet, la présence d'une délégation de Téhéran peut dès lors être interprétée sous deux angles: un point de vue international ou un point de vue strictement national/belge. Selon l'angle de vue, ils conduisent tous deux à une logique et à une conclusion différente.

L'opposition fédérale pointe la responsabilité d'Hadja Lahbib

Une partie de l'opposition fédérale a exhorté dimanche la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, à suivre l'exemple du secrétaire d'Etat bruxellois Pascal Smet (Vooruit) qui a annoncé sa démission après sa mise en cause dans le dossier de l'accueil de délégations iranienne et russe à Bruxelles. Ce sont les Affaires étrangères qui ont accordé un visa aux deux délégations, alors même que le 20 mars un haut responsable du département déconseillait une telle visite dans un mail adressé à une membre de l'administration bruxelloise.  

Plusieurs personnalités de la N-VA ont rapidement réagi après l'annonce du socialiste bruxellois flamand, dont le président Bart De Wever. "Que Pascal Smet prenne ses responsabilités est correct mais la responsabilité finale reste auprès de la ministre des Affaires étrangères. Elle ne peut rester en place. Un signal, selon lequel les vrais réfugiés politiques sont en sécurité dans notre pays face au régime iranien, est nécessaire", a souligné M. De Wever sur Twitter. Aux yeux du député Georges Dallemagne (Les Engagés, ancien parti CDH), la démission de M. Smet traduit la "gravité" de la décision de Mme Lahbib d'octroyer les visas. DéFI met en avant les "zones d'ombre" qui demeurent dans ce dossier. La commission des Relations extérieures devrait se réunir mercredi à 16h.

Pascal Smet: déterminé à en être parfois clivant et très attaché à Bruxelles

Le secrétaire d'Etat bruxellois démissionnaire était à la tête, notamment, des départements de l'Urbanisme, du Commerce Extérieur et des Relations internationales depuis le début de la législature en 2019.

Il avait auparavant passé cinq ans, comme ministre régional, à la tête du département de la Mobilité et des Travaux Publics, un département qu'il connaissait bien pour l'avoir eu en charge entre 2004 et 2009, année de l'éviction de son parti de la majorité à Bruxelles. Ce revers politique fut largement atténué pour le bouillonnant ministre sortant par un mandat de ministre au gouvernement flamand où il fut en charge de l'Enseignement, jusqu'en 2014.    

Le juriste s'implique en politique à la fin des années 80

Âgé de près de 55 ans, Pascal Smet est né à Haasdonk, dans l'entité de Beveren-Waas. Il est l'aîné d'une famille de trois garçons nés dans le milieu ouvrier. Licencié en droit à l'université d'Anvers en 1990, son éveil de conscience politique survient concrètement en 1985, à l'occasion de la manifestation contre l'installation de missiles américains en Europe, à laquelle il prend part, comme les socialistes emmenés par le président du SP Karel Van Miert.    

Il entame sa carrière politique à la fin des années 1980, comme conseiller communal à Beveren, et ensuite provincial de Flandre Orientale. Entre 1990 et 1992, il occupe la présidence des jeunes socialistes flamands. En 1991, il entre au Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) en tant que gestionnaire de dossier. Après une année 1997 passée au cabinet du ministre de l'Intérieur Johan Vande Lanotte, il revient au sein de cette institution, en tant que commissaire général adjoint. Un an plus tard, il hérite du strapontin de directeur de cabinet adjoint du ministre de l'Intérieur libéral francophone Antoine Duquesne. Au début de l'année 2001, il fait un nouveau retour au Commissariat Général aux réfugiés, mais cette fois comme commissaire général. 

Rôles à Bruxelles

En mauvaise posture électorale à Bruxelles en 2003, le sp.a (ancien nom du Vooruit, les socialistes flamands) présidé par Steve Stevaert, le propose en remplacement du secrétaire d'Etat bruxellois Robert Delathouwer, en septembre, à près d'un an des élections. D'emblée, il fait volontiers étalage de ses idées pour imprimer Bruxelles de sa marque avec plus ou moins de succès en fonction des dossiers. Ses combats en faveur d'une plus grande place à la mobilité douce (piétons et cyclistes) ont produit plus de résultats au fil des ans que la palme médiatique décernée à son projet de piscine à ciel ouvert, cependant désormais proche d'une concrétisation.  

Durant ses mandats à la tête du département de la Mobilité et des Travaux Publics, il a notamment donné un premier coup d'accélérateur à la politique cyclable en Région-capitale, à l'image du lancement des vélos en libre service et du projet de piste cyclable le long de la Petite Ceinture, en voie d'achèvement. Cet amoureux de la petite reine a aussi été contraint, presque malgré lui, de mettre beaucoup d'énergie dans le dossier de la rénovation des tunnels bruxellois. Leur examen minutieux, réalisé à sa demande, au cours de l'année 2015 a révélé d'inquiétants signaux de dégradation.

Plutôt fonceur, Pascal Smet n'hésite pas à dire ce qu'il pense ni à proposer des projets novateurs, parfois avant de savoir s'ils ont des chances de faire consensus. Cela donne de lui l'image d'un homme persévérant auprès de ses partisans, plutôt entêté, pratiquant du "solo slim" auprès de ses détracteurs. Le 15 décembre 2017, sa comparaison de Bruxelles, "à la fois belle, excitante et déplaisante" à une prostituée, avait ainsi provoqué des réactions indignées de la classe politique, malgré ses excuses.  

Uber Files

Projeté au-devant de la scène à la suite de révélations du lanceur d'alerte Mark Mac Gann, le nom de Pascal Smet a été évoqué l'an dernier dans le contexte des Uber Files, l'enquête menée par un consortium international de journalistes qui a révélé les méthodes, y compris illégales, auxquelles la multinationale a eu recours dans plusieurs pays pour s'imposer sur le marché. Cette enquête a révélé l'existence de contacts entre Uber et le gouvernement bruxellois lors de la préparation de la réforme de l'ordonnance taxis. L'ex-ministre de la Mobilité s'est toujours défendu, depuis ces révélations, d'être sorti des clous du défendable en matière de lobbying. Il l'a également fait, avec force détails, le 30 mars dernier devant la commission, qui a au final "n'a pas constaté de pratiques illégales ou inappropriées dans le chef de membres du gouvernement régional".

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Commentaires

5 commentaires

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  • comment on peut être aussi stupide et naîf face à un pays de terroristes , et quand même les inviter chez nous ,, y quelque chose qui m'échappe chez ces politiciens et leur mentalité

    André Geenens
     Répondre
  • Au lieu de"râler", la Belgique doit stopper toutes relations diplomatiques, économiques et autres avec tous ces pays classés comme dictatures et/ou antidémocratiques !

    J B
     Répondre
  • "chargé des relations Européennes et internationales. L'Iran ne faisant pas partie de l'Europe, c'est Hadja Lahbib, ministre des affaires étrangères , qui doit démissionner ! c'est à elle qu'il incombe de vérifier e de décider qui peut ou pas venir à une réunion chez nous.

    roger rabbit
     Répondre
  • enfin une bonne nouvelle

    rene duchesne
     Répondre
  • Tu vas surement toucher 5000 net par mois comme parlementaire. La blague... C4

    Xavier Graas
     Répondre