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"J’ai joué, j’ai perdu": les aveux de l’un des cerveaux présumés dans le méga-procès pour trafic de drogue Sky ECC

L'homme considéré comme un des cerveaux de ce trafic a pris la parole ce matin au méga-procès Sky ECC. "J’ai joué, j’ai perdu", dit Eridan Munoz Guerrero. Cet Albanais de 50 ans est considéré comme l’une des têtes pensantes du trafic de cocaïne en Europe. Il explique qu’il était garçon de café en Allemagne jusqu’en 2010, puis il rejoint l’Albanie et se lance dans l’immobilier. Il perd beaucoup d’argent lorsque le pouvoir change, explique-t-il. Et du coup, il verse dans ce qui est sans doute l’activité la plus rentable au monde, le trafic de cocaïne. Il reconnaît la plupart des faits qui lui sont reprochés, mais il essaye plutôt de se faire passer pour un intermédiaire. Or, les messages décryptés, les messages qui passaient via Sky ECC, semblent prouver qu’il était bien un des chefs de cette organisation criminelle. Cela, il le conteste quelque peu. 

"Quand il s’agit de parler de lui-même et de ce qu’il a fait, il s’est montré tout-à-fait loquace. Clairement, ce n’est pas un problème de collaboration. Lorsqu’il y avait du vol, notamment de stupéfiants, entre les protagonistes, eh bien la manière albanaise de réagir n’était certainement pas la plus soft. Et il faut quand même rappeler que monsieur Munoz est également poursuivi, non pas cette fois-ci comme auteur, mais comme victime de faits présumés de tentatives d’extorsion et de menaces allant jusqu’à des représailles sur sa propre famille, suite non seulement aux déclarations qu’il a faites dans le cadre de ce dossier, mais surtout parce qu’on lui reproche la marchandise qui a été saisie par les policiers le jour de son interpellation", affirme Nathalie Gallant, l’avocate d’Eridan Munoz Guerrero. 

Au total 125 personnes sont jugées, dont une qui n'a jamais été identifiée. A cela s'ajoutent quatre entreprises établies en Belgique, soupçonnées de dissimuler des activités illicites.

Quatre pseudonymes sur Sky ECC

Certains prévenus de ce procès hors-norme comme Munoz Guerrero sont en détention préventive en Belgique depuis leur arrestation. D'autres comparaissent libres. Plusieurs ont déjà été signalés absents par leur avocat lundi matin à l'ouverture des débats. L'un a été arrêté en Espagne où il avait fui en violation de son contrôle judiciaire, un autre a refusé d'être extrait de cellule lundi matin, sa prison en Belgique étant jugée trop éloignée du tribunal, a expliqué son conseil.

Le procès était censé démarrer début novembre, mais a connu plusieurs faux départs en raison d'une demande de récusation des juges du tribunal, finalement rejetée fin novembre.

Participation à une organisation criminelle, violation de la législation sur les stupéfiants, trafic d'armes, etc: une grosse dizaine d'infractions sont visées dans ce procès. Il est aussi question de séquestration et de tentative d'extorsion au préjudice de certains acteurs du dossier.

Des avocats de la défense ont ironisé sur le coté "fourre-tout" de la procédure. "On essaie d'imiter les grands procès de la mafia italienne, c'est une sorte de coup de comm'!", a grincé Guillaume Lys, avocat d'un prévenu bruxellois. 

Selon ce pénaliste, il y a dans ce méga-procès "des dizaines de dossiers qui auraient dû être jugés séparément".

Le procès devrait durer au minimum quatre mois, à raison de trois jours d'audience par semaine. Un jugement n'est pas attendu avant mi-2024.

Outre les saisies opérées dans les ports ou dans les laboratoires de transformation de la cocaïne opérés en Belgique, l'enquête s'est appuyée sur des informations interceptées sur Encrochat et Sky ECC.

Ces systèmes téléphoniques cryptés, très prisés des criminels, avaient été démantelés en 2020 et 2021 grâce aux efforts conjoints des polices néerlandaise, française et belge.
Concernant Eridan Munoz Guerrero, les enquêteurs ont identifié au moins quatre pseudonymes différents utilisés pour communiquer sur Sky ECC.
 

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Commentaires

2 commentaires

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  • Tout à fait d'accord avec vous. l'Europe doit ABSOLUMENT rétablir des postes de contrôle aux frontières, comme c'était avant. Il y aura moins de trafic et donc moins de criminalité. Ça coûtera moins cher à la société!

    moi moi
  • Ces gens, emprisonnés, vont continuer leurs procédés maffieux et poursuivre leurs trafics via des complices extérieurs. Le trafic de drogue entraîne beaucoup de victimes et doit être assimilé à un génocide et devrait être, quel que soit le niveau de responsabilité, puni de mort. C'est le seul moyen de protéger notre société.

    roger rabbit
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