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Pierre De Vuyst, spécialiste des monarchies au Soir Mag était notre invité dans le Bel RTL soir ce mercredi. L'occasion de revenir avec lui sur les déclarations du prince Laurent.
Est-ce qu'on peut dire que le prince Laurent a toujours eu envie de liberté? Il l'a finalement répété tout au long de sa vie et surtout ces dernières années.
Oui, plus que jamais, on voit la malédiction du second, en l'occurrence pour lui c'est le troisième. C'est-à-dire la doublure qui n'a plus de rôle à jouer réellement une fois que le principal, le futur roi, et en l'occurrence maintenant le roi, a une descendance. Alors on sent bien qu'il n'a plus de rôle à jouer et ça, ça l'ennuie profondément.
La vie qu'il a aujourd'hui ne lui convient pas.
Il a toujours eu envie d'être un entrepreneur, il disait quand il était jeune qu'il voulait gagner un milliard de dollars, il disait ça au Solvay notamment. Mais donc voilà, c'est un entrepreneur, il a plein de projets. Je ne doute pas d'ailleurs que ce soit une sorte de pionnier en la matière environnementale, ça fait des années qu'il s'intéresse à la question et donc il a des projets et il veut les mettre sur pied. Or la question c'est, est-ce que le gouvernement a vraiment envie de le voir mettre ses projets en branle.
C'est toujours un peu cette difficulté d'être à la fois membre de la famille royale et finalement ne pas avoir la liberté d'un Belge comme monsieur ou madame tout le monde.
Voilà c'est ça, donc ils ont sans doute moins de droits, il le dit d'ailleurs lui-même dans cette interview à la presse flamande, il dit qu'il a moins de droits que quelqu'un d'autre puisqu'il est obligé de demander l'autorisation d'aller voir son cousin ou son oncle ou sa tante qui sont forcément tous des membres des monarchies européennes. Il doit demander des autorisations, il a moins de droits qu'un autre, mais le problème c'est justement qu'on doit faire une sorte de carcan autour de lui pour le contrôler quelque part. C'est un peu lui qui a créé ce carcan.
Oui parce qu'en fait au départ cette situation n'existe pas, on ne demande pas des comptes au prince Laurent tout le temps. C'est par les ambiguïtés de ses comportements qu'il a créé ce climat de suspicion autour de sa personne?
De manière générale, un membre de la famille royale est tenu à un devoir de réserve, il s'abstient de commentaires tapageurs sur un progrès social, il doit rester mesuré dans ses propos et certainement il ne va pas soutenir un président d'un régime fort autoritaire.
Peut-être que monsieur Erdogan, je ne suis pas spécialiste de la question, a une vision remarquable en matière environnementale, mais c'est aussi un président qui a fait arrêter ses opposants dès que ça lui chantait. Donc il faut quand même peut-être mesurer ses propos, rester un peu plus discret, d'autant plus qu'à chaque fois que le prince Laurent s'exprime, il engage quelque part la maison royale, il engage le roi, le roi qui doit faire preuve de neutralité lui.
Il y a des projets du prince Laurent un peu partout dans le monde. On parle aujourd'hui de la Turquie, mais il y a quelques années, c'était la Lybie où il a perdu beaucoup d'argent.
Oui exactement, honnêtement c'est un visionnaire, ce qu'il a fait en Libye, donc vouloir reboiser des zones désertiques c'est génial et il était bien parti. Mais bon il a fait confiance à un régime autoritaire là aussi et par définition ce genre de régime peut être instable et du jour au lendemain disparaitre. Et donc forcément la Libye doit de l'argent au prince.
Il a d'ailleurs gagné presque une quinzaine de procédures je pense en Belgique, la justice lui a à chaque fois donné raison et aujourd'hui le montant que la Libye lui doit avec les intérêts compris c'est 70 millions d'euros. La question c'est est-ce qu'il va les revoir un jour ? Il compte sur le gouvernement belge pour l'aider, mais le gouvernement belge n'est pas très chaud à se mouiller là-dessus.
Il a l'impression qu'il doit prouver quelque chose?
Oui il doit prouver quelque chose, le problème c'est que jusqu'à ses 60 ans on l'a, comme il l'a dit toujours lui-même, empêché de faire ce qu'il voulait et c'est pour ça que la dotation est là. C'est-à-dire pour compenser le fait qu'il ne peut pas faire ce qu'il veut, lancer des projets en tant qu'entrepreneur privé.
On rappelle que la dotation c'est à peu près 300 000 euros par an.
Cet argent était là justement pour compenser le fait qu'il ne peut pas faire ce qu'il veut. Mais justement, lui, on voit quand même qu'il fait ce qu'il veut, c'est ça le problème.