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Abus sexuels dans l'Eglise: une ligne téléphonique pour les victimes restées dans un "angle mort"

Le diocèse de Strasbourg et l'association France Victimes ont annoncé mardi l'ouverture d'une ligne téléphonique spécifique afin de libérer la parole des victimes alsaciennes d'abus sexuels dans l'Eglise catholique restées dans un "angle mort", aux termes de l'une des premières conventions du genre conclues en France.

Selon le rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique publié début octobre, "3 à 4% des personnes victimes se sont manifestées, ce qui veut dire que l'immense majorité des victimes ne se sont pas manifestées", restant dans cet "angle mort", a relevé l'archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, au cours d'une conférence de presse.

"Il faut fournir une porte d'entrée totalement indépendante et professionnelle à des personnes (...) qui ont claqué la porte de l'Eglise de manière déterminée", a-t-il ainsi fait valoir, précisant qu'elles pourront ainsi s'inscrire "dans un processus d'indemnisation".

Cette ligne (06.09.73.96.78) sera ouverte du lundi au vendredi de 09H00 à 17H00, la permanence étant assurée par des "écoutants" de l'association France Victimes susceptibles d'apporter une aide juridique, psychologique et sociale.

L'initiative a fait l'objet de la signature à la mi-décembre d'une convention entre le diocèse de Strasbourg et l'association SOS Aide aux habitants France Victimes 67. "Indépendante" de l'Eglise, elle agira dans un cadre "laïc" et garantira la "confidentialité" des échanges, a souligné son président, André Laurent.

"Une cellule spécialisée de quatre personnes, deux juristes et deux psychologues" a été constituée à cette fin, a-t-il précisé.

Début octobre, le diocèse de Strasbourg avait indiqué avoir identifié 169 victimes d'abus sexuels dans son périmètre. "Nous avons accueilli depuis 64 témoignages supplémentaires", a annoncé mardi Mgr Ravel, précisant qu'il avait effectué plusieurs signalements à la justice sur ces cas parfois très récents.

Se livrant à une "confession publique", le prélat a reconnu "avoir sous-estimé cette première vague" de témoignages, s'attendant à ce qu'ils "continuent d'affluer".

Le rapport de la Commission indépendante sur les abus dans l'Eglise (Ciase), dit rapport Sauvé du nom du président de la commission, Jean-Marc Sauvé, a estimé à 216.000 le nombre de mineurs ayant fait l'objet de violences ou d'agressions sexuelles infligées par des clercs ou des religieux catholiques en France, de 1950 à 2020.

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