Le prix de l'électricité diminue, mais la facture va exploser en Flandre: Isabelle est "outrée", en ira-t-il de même en Wallonie et à Bruxelles?

Isabelle fulmine. Cela fait 5 ans qu'elle habite en Flandre, et elle a déjà vu sa facture d'électricité augmenter de 40 euros. Et pour l'année prochaine, les prévisions sont pires encore. Elle devra payer 30 euros de plus chaque mois, soit 360 euros sur un an. Un gouffre! "Je suis outrée par ce jeu de passe passe financier qui utilise le portefeuille de la classe moyenne pour jouer aux vases communicants. Ces décisions prises par des personnes qui, dans leurs beaux salons, n'auront aucune difficulté à supporter ces constantes augmentations", nous a-t-elle confié via notre page Alertez-nous.

Un paquet de nouvelles taxes

Pourtant, comme l'a indiqué la CREG (Commission de régulation du gaz et de l'électricité) il y a peu, "les prix de l'électricité ont baissé d'environ 30% en trois ans" (lire l'article). "Quoi, mais c'est une blague ?", aurait-on tendance à réagir de prime abord à cette info. Eh bien non, c'est bien la réalité. Mais le prix de l'électricité ne concerne toutefois que la composante "énergie" de la facture. Alors que ce que le client paie, c'est aussi les frais de transport et de distribution de cette énergie, plus les taxes. Et en Flandre, pour 2016, des nouvelles taxes, il y en a un paquet.

1. Nouvelle taxe imposée par le gouvernement flamand pour résorber la dette liée aux certificats verts, qui s'évalue à quelque 2 milliards d'euros en Flandre. Pour une famille moyenne, cette taxe représentera à elle seule 100 euros par an.
   
   
2. Suppression de kwh gratuits, une autre mesure prise par les autorités flamandes. En effet, chaque ménage avait droit chaque année à une quantité gratuite d'électricité (+/- 20€ par personne du ménage). Pour une famille de 4 personnes, cela représente donc une perte de 80 euros par an.
   
   
3. Augmentation des coûts de distribution, imposée par le gestionnaire du réseau: approximativement 12 euros par an pour un ménage moyen.
   
   
4. Augmentation du taux de la TVA: une mesure prise par le gouvernement fédéral, et qui coûtera grosso modo 100 euros à un ménage moyen.
   
   
5. Tarif prosumer: cette taxe ne concerne que les ménages qui produisent de l'électricité qui devront contribuer à l'entretien du réseau. Elle dépend de la puissance de l'installation du particulier. Pour une installation "moyenne" (5 kVA), elle se chiffrera à 400 euros par an.

Le bilan est vite fait. Pour une famille de 4 personnes, à consommation équivalente par rapport 2015, il faudra débourser quelque 300 euros de plus en 2016.

Le calcul est simple. Si la consommation actuelle d'une famille flamande est de 1.000 euros par an actuellement, elle passera à 1.300 euros en 2016, soit une augmentation de 30%. Et, ,  encore, ça c'est pour les familles qui n'ont pas de panneaux photovoltaïques...

"C'est ahurissant. Nous sommes un ménage de deux personnes, et nous avons fait des mesures d'économie, notamment en mettant des ampoules LED partout. Et on va malgré tout payer plus, et pas qu'un peu", a encore ajouté Isabelle. "C'est toujours dans les mêmes poches que les politiciens vont puiser", a-t-elle ajouté, pleine d'aigreur.

"Des investissements ont été faits dans le passé"

Une autre donnée qui donne le tournis: dans la facture d'un résident flamand, il n'y aura plus que 23% du montant total dédié à l'énergie, contre 24% de taxes, 8% de coûts d'électricité verte, et 45% de coûts de réseau.

L'électricité en Flandre serait-elle devenue un produit de luxe ? "Un produit de luxe ? Non, il y a des investissement qui ont été faits dans le passé pour les réseaux et le développement des énergies renouvelables. Il était inévitable que ces coûts soient répercutés dans le prix. Cela explique en large partie les augmentations", a déclaré Dirk Van Evercooren, porte-parole de la VREG (régulateur flamand du marché de l'énergie).

A voir le résultat, nous lui avons aussi demandé s'il estimait que le développement des installations photovoltaïques en Flandre était un fiasco. "Non. On a pris des décisions, on a investi pour un futur plus propre. C'est un choix qui a été fait. Si je lis les rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), il est clair qu'il faut que les politiques et gouvernants prennent des mesures pour qu'il y ait moins d'émissions de CO2", a-t-il ajouté.

Isabelle et tous les habitants de Flandre doivent donc s'y résoudre. Leur électricité coûtera moins cher, mais leur facture augmentera d'à peu près 30%. En ira-t-il de même dans les deux autres régions du pays, Bruxelles et la Wallonie?

A Bruxelles et en Wallonie, qu'en sera-t-il ?

En région wallonne, l'augmentation du taux de la TVA, une mesure du gouvernement fédéral, de 6 à 21% provoquera une augmentation d'à peu près 100 euros par an pour un ménage moyen à partir de 2016. Une augmentation des frais de distribution est aussi prévue, mais son impact ne sera pas trop douloureux. Plus ou moins 20 euros par an.

Et la bulle photovoltaïque, évaluée actuellement à 715 millions, pourrait-elle réserver de mauvaises surprises à plus long terme ? "Ce n'est pas prévu pour l'instant. Pour la crise des certificats verts, on a pris plusieurs mesures qui ont permis de faire passer la 'bulle' de plus de 2 milliards d'euros à 715 millions d'euros aujourd'hui. On attend de voir comment va se comporter le marché et en fonction de cela on verra si un nouveau rééquilibrage est nécessaire ou pas, mais ce n'est pas d'actualité", a expliqué Jean Fassiaux, porte-parole de Paul Furlan, le ministre wallon de l'Energie.

A Bruxelles, le bilan est encore meilleur, ou moins alarmant, c'est selon: il n'y a que la mesure fédérale de l'augmentation du taux de la TVA qui changera par rapport à 2015. Un ménage bruxellois moyen paiera donc approximativement 100 euros de plus pour son électricité en 2016 par rapport à 2015.

"L'augmentation prévue en Flandre est vraiment énorme. Sur Bruxelles, on n'est pas du tout dans le même cas de figure. Il y aura une légère augmentation liée aux certificats verts, mais ce sera de l'ordre de 2 ou 3 euros sur la facture mensuelle de chaque ménage", a confié Adel Lassouli, porte-parole de la ministre de l'Energie bruxelloise Céline Frémault.

@ArnaudRTLinfo