En ce moment
 
 

François Fillon ou "l’héritage d'un népotisme archaïque": la presse fait la leçon au "chevalier blanc"

François Fillon ou "l’héritage d'un népotisme archaïque": la presse fait la leçon au "chevalier blanc"
 
 

Sur un mode caustique ou moralisateur, la presse de jeudi fait la leçon à François Fillon, "chevalier blanc" désarçonné par l'affaire de l'emploi de sa femme Penelope comme assistante parlementaire.
 
Les commentaires sur le dernier débat de la primaire socialiste passent à l'arrière-plan. Les éditorialistes reviennent dans leur immense majorité sur les révélations du Canard enchaîné, qui ont entraîné l'ouverture d'une enquête pour déterminer la réalité de l'emploi d'attachée parlementaire de Penelope Fillon, rémunérée par son mari.
 
"Avis de tempête sur la campagne Fillon" titre Le Parisien. "Penelope Fillon, un boulet dans la campagne", renchérit Libération. "Fillon dans la tempête après les révélations sur son épouse", lit-on à la Une des Echos.
 
Le Figaro est bien seul à venir à la rescousse du candidat LR par la voix de l'ancien ministre Patrick Devedjian qui balaie des accusations qui "sortent maintenant, comme par hasard, pour faire diversion et occulter les fraudes de la primaire du Parti socialiste, alors que l'emploi du conjoint est une pratique courante, et pas seulement au Parlement".
 
Il reste que cette pratique passe mal, surtout de la part d'un candidat "qui pourfend régulièrement l'assistanat et veut mener une cure d'austérité", estime Matthieu Goar dans Le Monde. "Il y a là un usage très discutable de l'argent des contribuables qu'il conviendrait de réglementer davantage, voire d'interdire", insiste plus largement Guillaume Goubert dans La Croix.
 
Dans son éditorial du Parisien, Donat Vidal Revel déplore cet "héritage d'un népotisme archaïque qui vient entacher l'image du candidat François Fillon, qui n'a pas hésité jusqu'ici à se présenter comme le chantre de la moralité".
 
Fillon "a en effet construit, non seulement son programme, mais aussi son personnage, sur les idées de rigueur, de sobriété, de sacrifice financier et de morale publique", rappelle le directeur de Libération Laurent Joffrin.
 

"Société de défiance"

Sans préjuger de l'issue de l'enquête décidée par le parquet national financier, "politiquement, le coup est d'ores et déjà très rude pour François Fillon", écrit Cécile Cornudet dans Les Echos, car cela "vient toucher son identité même, celle de l'homme intègre qui a +le courage de la vérité+ (son slogan) et peut se permettre de faire une leçon d'éthique à Nicolas Sarkozy". "Pauvre Fillon. Dans son storytelling idéal, il aurait tant aimé tenir la fable du chevalier blanc de la politique jusqu'à l'élection présidentielle", se gausse Paule Masson dans L'Humanité.
 
"Voilà en tout cas un épisode de plus dans le long feuilleton des petits et grands scandales politiques, entre boules puantes, dérapages et règlements de compte. Un pas de plus en direction de la société de défiance, cet état d'esprit collectif si caractéristique des pays malades", se désole Nicolas Beytout dans L'Opinion.
 
Dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Dominique Jung se permet ce judicieux conseil: "au lieu d'apprendre aux candidats à soigner leur diction et leur apparence, les coachs en politique devraient commencer par l'essentiel: la cohérence entre la parole et les actes. On y verrait plus clair".


 

Vos commentaires