Les enquêteurs se concentraient jeudi sur la quête de complices de Sid Ahmed Ghlam, un Algérien de 24 ans soupçonné d'avoir voulu attaquer au moins une église du Val-de-Marne au nom de l'islam le plus radical.
"Ce type d'individus n'agit pas seul", "tout indique que cette attaque a été effectuée en liaison avec un individu qui pourrait être en Syrie", "une commande a été passée sans doute pour cibler une église", a expliqué le Premier ministre Manuel Valls sur France Inter.
La découverte fortuite de ce projet d'attaque intervient moins de quatre mois après les attentats de Paris qui ont coûté la vie à 17 personnes, assassinées par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly.
Interpellé dimanche alors qu'il avait appelé les secours pour une blessure par balle à la cuisse, le suspect, connu des services depuis le printemps 2014 pour s'être radicalisé, est interrogé sur son lit d'hôpital.
Il est aussi soupçonné du meurtre d'Aurélie Châtelain, 32 ans, dont le corps avait été retrouvé dans sa voiture à Villejuif, la ville du Val-de-Marne où sont situées la ou les églises qu'il aurait envisagé d'attaquer. Un crime qui aurait pu être commis pour s'emparer du véhicule de la jeune femme afin de mener ses attaques.
Une femme de son entourage a été interpellée à Saint-Dizier, en Haute-Marne, où est installée la famille de Sid Ahmed Ghlam et où il a vécu. La garde à vue de cette convertie de 25 ans a été prolongée jeudi matin.
La Syrie, origine du risque
Ghlam a expliqué aux enquêteurs s'être blessé seul, livrant aux enquêteurs des déclarations jugées "fantaisistes" par le procureur de la République à Paris, François Molins, avant de s'enfermer dans le mutisme.
Inconnu de la justice si ce n'est pour une plainte pour violences classée sans suite, cet étudiant en électronique avait à sa disposition une voiture ne lui appartenant pas et un armement impressionnant dont il faudra élucider la provenance. Les enquêteurs exploitent les appels passés et les données de localisation de ses téléphones qui montrent qu'il s'est rendu en Seine-Saint-Denis, selon des sources proches de l'enquête.
Autre axe: la Syrie. Ghlam était en contact avec plusieurs personnes qui y seraient, selon des sources proches de l'enquête. Notamment un homme qui lui aurait demandé "explicitement de cibler particulièrement une église", selon François Molins.
Sid Ahmed Ghlam s'est rendu en Turquie début 2015 mais aucun passage en Syrie n'a été identifié. Toutefois, la situation en Syrie et l'attirance qu'exerce l'Etat islamique sur des musulmans radicalisés sont, depuis plusieurs années, considérés comme les principaux facteurs de risques d'attentat en France.
Cinq projets déjoués
Manuel Valls a rappelé que cinq projets d'attentats avaient été déjoués depuis 2013. Ibrahim Boudina, un jeune Cannois, était rentré début 2014, avec, pensent les enquêteurs, le projet d'attaquer le carnaval de Nice. Lyes Darani, un employé des pompes funèbres de Maubeuge, avait été arrêté en octobre 2013, deux mois après son retour. Après s'être enrôlé avec l'Etat islamique, un homme a été arrêté en juillet à Créteil, soupçonné d'avoir voulu s'en prendre aux chiites.
Deux mineures, dont l'une voulait épouser un jihadiste de l'Etat islamique, ont été arrêtées cet été soupçonnées d'avoir voulu tirer sur des synagogues de la région lyonnaise. Dans le même secteur, Reda Bekhaled, dont plusieurs membres de la fratrie seraient en Syrie, a été arrêté à l'automne, soupçonné d'avoir fomenté un attentat à la kalachnikov.
Les enquêteurs pensent qu'après avoir tué au musée juif de Bruxelles, l'ancien jihadiste français Medhi Nemmouche, intercepté à Marseille en possession d'armes, envisageait de récidiver dans son pays.
Et s'il n'a pas été retrouvé trace de séjour syrien pour les frères Kouachi et Amédy Coulibaly, plusieurs membres de leur entourage y sont partis quelques jours avant les attentats.
La présidente du FN, Marine Le Pen a dénoncé la "très lourde défaillance de la part de l'Etat dans la lutte contre le terrorisme".
Pour le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a annoncé jeudi une adaptation de Vigipirate, notamment avec des patrouilles autour des églises, "la DGSI a fait tout ce qu'elle doit faire" concernant Sid Ahmed Ghlam.
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