Dans cette période troublée d'insécurité nourrie par plusieurs attentats en Europe, depuis celui de Charlie Hebdo à celui de Nice en passant par Bruxelles et Paris, nombreux sont les citoyens qui s'étonnent de pouvoir prendre un avion dans l'Union Européenne sans subir un seul contrôle d'identité. C'est le cas d'une voyageuse qui, la semaine dernière, a effectué un vol Venise-Bruxelles. "Nous avons enregistrés nos bagages automatiquement sans surveillance, nous avons traversé la douane, nous avons embarqué dans l'avion sur le tarmac. Et là, toujours pas de contrôle d'identité", nous raconte-t-elle via le bouton orange Alertez-nous. Cette absence de vérification n'a pas aidé à calmer l'angoisse de cette femme qui, en plus d'avoir "une peur bleue de l'avion", s'est retrouvée à côté d'un homme qui ressemblait "comme deux gouttes d'eau" à Tarik Jadaoun, un terroriste dont elle avait découvert le visage la veille dans un reportage RTL info.
Tarik Jadaoun, 28 ans, originaire de Verviers, combat sous la bannière noire de l'Etat islamique (EI), probablement en Irak. Selon certains médias, citant notamment un repenti de l'EI, le terroriste pourrait chercher à convaincre des jeunes radicalisés de Verviers de perpétrer des attaques sur le sol belge (lire notre article). Bref, un individu qu'on n'aimerait pas avoir près de soi. Une fois plongé dans un état de crainte, difficile de revenir en arrière et chaque geste auquel on n'aurait pas fait attention en temps normal, alimente l'imaginaire et devient louche. D'autant plus si l'on se trouve dans un endroit confiné comme un avion. "En décollant, il a pris deux selfies de lui-même et a passé deux coups de fils en arabe (il me semble), il ne parlait pas fort. Quand j'ai vu qu'il avait vu que je l'observais de loin, il a tourné son GSM", décrit-elle. Durant le vol, elle continue à le scruter. "Il se tenait la tête et se la "cognait" contre la vitre de celui-ci pendant le vol. Rien de bien rassurant pour ma part avec tout ce qu'on entend... Il semblait avoir tout autant peur de l'avion que moi", se rappelle notre témoin.
"Je sais que vous n'allez rien pouvoir faire, mais je me devais de vous le dire, ceci étant certainement une crainte vis-à-vis de tout ce qu'on entend et voit aujourd'hui. Je ne veux pas faire d'amalgames non plus", conclut la passagère. Il nous a paru intéressant de relayer ce témoignage qui rend compte d'un phénomène apparu logiquement avec les attentats: une espèce de lame de fond d'angoisse qui pèse chez certaines personnes qui sont dans des lieux ou transports publics. On peut imaginer que des mesures sécuritaires comme, par exemple, la présence de militaires dans les rues, ont des vertus apaisantes sur elles. À l'inverse, dans les aéroports, l'inexistence de contrôle d'identité tracasse et apparait souvent incompréhensible. Cette absence de vérification est une conséquence de l'espace Schengen mis en place par l'Union européenne (UE) au nom de la libre circulation de ses citoyens. Pour un vol entre l'Italie et la Belgique, deux pays de l'espace Schengen (seuls le Royaume-Uni, l'Irlande, la Bulgarie, Chypre, la Roumanie et la Croatie n'en font pas partie au sein de l'UE), aucun contrôle n'est donc prévu. Seule la compagnie aérienne peut, si elle le souhaite, procéder à un contrôle au moment de l'embarquement, mais pour s'assurer simplement que le passager est bien celui dont le nom figure sur le billet.
Réagissant à notre article, une personne empruntant chaque semaine la ligne Nice-Bruxelles nous a déclaré qu'elle était systématiquement contrôlée à Nice alors qu'elle ne l'était pas à Bruxelles. "Je voyage deux fois par semaine entre Bruxelles et Nice, je tenais à vous informer que la France pratique bel et bien ses contrôles d'identité. En effet, aussi bien au départ qu'a l'arrivée sur le territoire français tous les ressortissants à destination de Bruxelles doivent se soumettre au contrôle d'identité à la douane. Il en va de même pour les vols vers les Pays-Bas", a-t-il indiqué.
L'absence de contrôle d'identité a été fortement critiquée par de nombreux représentants politiques, en particulier après les attentats de Paris et Bruxelles. Ils ont réclamé le durcissement voire la fin de l'espace Schengen. Précisons que la situation est différente en cas de voyage vers un pays qui n’est pas membre de l’espace Schengen. Le passeport doit alors être montré entre le check'in et le passage dans les portiques de sécurité. Rappelons enfin que tous les bagages, qu'ils soient de soute ou de cabine, sont, eux, auscultés.
Vos commentaires