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La mère de deux jeunes partis en Syrie en 2013, Zacharia et Ismail I., a expliqué, jeudi, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, qu'elle avait averti plusieurs fois la police pour dire que ses fils s'apprêtaient à partir, sans que les policiers n'agissent.
Plusieurs prévenus, dont Jean-Louis Denis, Mohamed Khemir et Mickaël Devredt sont prévenus d'avoir incité des jeunes Belges musulmans à partir faire le djihad armé en Syrie, en 2013. Au total, onze personnes sont poursuivies dans ce dossier, dont Zacharia et Ismail I. qui font défaut. Ces deux jeunes seraient toujours en Syrie.
"J'ai trouvé un billet d'avion dans les affaires de mes fils en janvier 2013 et je suis allée à la police de Vilvorde", a indiqué la mère de Zacharia et Ismail I, qui s'est constituée partie civile. "J'ai dit: 'je sais que mes fils s'apprêtent à partir en Syrie'. Et le policier m'a répondu: 'Ils ne font rien de mal madame. On ne peut pas les empêcher de partir'", a-t-elle relaté.
Accompagné d'un camarade de classe
Zacharia I., l'aîné, était parti en Syrie en janvier 2013 et son frère âgé de 15 ans était parti là-bas en avril 2013. Ce dernier était accompagné d'un de ses camarades de classe de l'Athénée Fernand Blum à Schaerbeek, lui aussi mineur. C'est ce dernier fait qui avait déclenché toute l'enquête autour de Jean-Louis Denis, suspecté d'avoir incité ces deux jeunes, et d'autres jeunes Bruxellois musulmans, à partir faire le djihad armé en Syrie.
L'avocat de la mère de Zacharia et Ismail I., Me Alexis Deswaef, a déclaré jeudi que sa cliente avait "énormément d'amertume" quant à la décision du parquet fédéral, annoncée jeudi matin, de placer désormais en détention toute personne partie en Syrie et qui franchirait à nouveau la frontière belge.
L'avocat s'est aussi dit déçu qu'un certain "Abou Jaber", suspecté d'avoir joué un rôle important dans le départ de jeunes Belges vers la Syrie, n'ait pas été entendu comme prévu jeudi matin. Cet homme avait été cité comme témoin par le parquet fédéral, à la suite d'une demande de la défense. Mais la procureure Paule Sommers avait accédé à la demande, sur décision du tribunal, à contrecoeur, avançant qu'"Abou Jaber" donnait des informations précieuses à la police dans le cadre d'autres enquêtes de terrorisme toujours en cours. "J'espère qu'on n'a pas insufflé à cet homme de ne pas venir. Nous aussi, nous aurions aimé l'entendre", a lancé Me Deswaef, conseil de la partie civile.
Notons qu'en 2013, lorsque Zacharia et Ismail I. sont partis en Syrie, il n'y avait pas encore de politique claire interdisant le départ pour le jihad dans ce pays. À cette période, l'organisation Etat islamique n'avait pas encore mis la main sur son territoire actuel.