Le président du parti eurosceptique des Vrais Finlandais, Timo Soini, a été nommé mercredi ministre des Affaires étrangères et européennes par le nouveau Premier ministre, Juha Sipilä.
Parti de peu quand il a cofondé en 1995 cette formation marginale, M. Soini, 52 ans, réalisait ainsi un rêve qu'il caressait depuis longtemps, devenir chef de la diplomatie de son pays.
Ce tribun, bavard dans les médias et toujours habile à flatter le bon sens populaire, avait amené les Vrais Finlandais à la troisième place aux législatives de 2011. Mais il avait refusé d'entrer au gouvernement au motif que la Finlande s'apprêtait à prêter de l'argent au Portugal.
Quatre ans plus tard, ce gouvernement de coalition droite-gauche était sanctionné par les électeurs, et les Vrais Finlandais grimpaient à la deuxième place. Ils devenaient un partenaire naturel pour le vainqueur des législatives du 19 avril, le Centre.
M. Sipilä aligne dans son nouveau gouvernement eurosceptiques et europhiles, ces derniers étant emmenés par le ministre des Finances conservateur Alexander Stubb.
Lors d'une conférence de presse à Helsinki avec les deux autres hommes forts du nouvel exécutif, Timo Soini a souligné qu'il ne comptait pas remettre en cause l'appartenance de son pays à l'Union européenne, qu'il souhaite réformer et non quitter.
"La Finlande est un État membre actif, pragmatique et qui veut des résultats concrets. Nous chercherons une manière critique, constructive et coopérative de combiner les intérêts nationaux et communs à l'Europe", a-t-il promis.
- Parti protestataire -
Sur les questions européennes, les Vrais Finlandais sont proches des conservateurs britanniques, un parti avec lequel ils sont alliés au sein du groupe parlementaire des Conservateurs et réformistes européens au parlement européen à Strasbourg.
Cependant, alors que le Premier ministre britannique David Cameron a lancé mercredi le processus qui doit aboutir à un référendum d'ici fin 2017 sur le maintien dans l'UE, M. Soini ne va pas jusqu'à suggérer de quitter les 28.
"L'adhésion à l'UE est un choix politique pour la Finlande, qui nous relie à la communauté des valeurs occidentales. L'Union doit être réformée. Nous nous devons de l'améliorer, de sorte qu'elle serve mieux les intérêts de ses citoyens", a-t-il déclaré.
Pendant sa campagne, M. Soini avait présenté l'UE comme source d'une bureaucratie et d'un gâchis inutiles, faisant passer au second plan le thème de l'hostilité à l'immigration.
Il avait aussi adopté une attitude plus conciliante qu'en 2011 quant aux plans de sauvetage de certains pays de la zone euro, qui ne concernent plus qu'un seul pays aujourd'hui. "Alors que se profile un troisième plan de sauvetage pour la Grèce, est-ce la Finlande qui fera blocage? Probablement pas", écrivait Jan von Gerich, économiste de la banque Nordea, juste avant les législatives.
L'arrivée au pouvoir va confronter ce parti protestataire à une rude épreuve, les Finlandais attendant désespérément un redressement d'une économie en crise. Le taux de chômage est au plus haut depuis 12 ans, à 9,6%, dans un pays qui a connu deux années de récession, en 2012 et 2013, et une stagnation de son économie en 2014.
"La situation en Finlande est grave. Cela signifie que nous avons de grandes et difficiles mesures à prendre", a déclaré le Premier ministre.
Il compte redonner confiance aux consommateurs et aux entreprises en réduisant le déficit budgétaire, qui a, pour la première fois, dépassé en 2014 le plafond de 3% du produit intérieur brut prévu par les traités européens. Les Vrais Finlandais, dont l'électorat est plutôt issu des classes populaires, ont pourtant passé ces dernières années à dénoncer des politiques d'austérité.
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