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William Wallace a défié l'Anlgeterre avec son épée au Moyen-Age, Andy Murray défie de nos jours le temps et le monde entier avec sa raquette: à 35 ans, le guerrier écossais rugit toujours sur les courts de l'Open d'Australie où il entraîne le public derrière son panache.
Il était 4h06 vendredi quand il a embrassé Thanasi Kokkinakis au terme d'un combat de 5h45 débuté la veille. Certes maigre à cette heure avancée de la nuit, le public était en furie et l'ovationnait autant que l'enfant du pays.
La raison ? "Oui... j'ai un gros coeur", a souligné Murray. Cette âme lui a permis de faire briller son nom à l'époque où le tennis était sous la tutelle de Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic. Au plus fort de la confrontation entre les trois plus grands joueurs de l'histoire, il a réussi à remporter trois tournois du Grand Chelem et à devenir N.1 mondial en 2016.
Images à l'appui, les organisateurs ont montré que huit heures après la fin de ce match épique du deuxième tour du premier Majeur de l'année et à la veille d'affronter l'Espagnol Roberto Bautista (25e) pour une place en huitièmes, il était de retour dans les entrailles de la Rod Laver Arena. Sac de raquettes sur l'épaule, la démarche un peu chancelante, les traits quand même franchement tirés.
- Epopée -
Le même joueur avait annoncé en pleurs à Melbourne en 2019 sa prochaine retraite en raison de douleurs de hanche. Et alors ? Quand on est Sir Andy, on remplace l'os fatigué par une prothèse métallique et, avec un moral toujours d'acier, on repart au combat !
Et quatre ans plus tard, au même Open d'Australie, on enchaîne en trois jours deux matches de cinq sets pour un total de 10 heures et 34 minutes.
En comparaison, pour remporter Wimbledon en 2017, Roger Federer avait joué seulement une heure de plus... au total.
Alors comment Murray trouve-t-il le courage et la motivation pour transformer en épopée historique un match qu'il aurait perdu en deux sets et dont on n'aurait quasiment pas parlé s'il ne s'était joué dans un Majeur et donc en cinq sets ?
Si la question se murmure sur toutes les lèvres, la réponse qui sort de sa bouche est franche, simple et claire: "Je me suis appuyé sur mon expérience, mon amour du jeu et de la compétition".
Du coup, ce qui l'a le plus crispé durant son duel contre Kokkinakis, c'est l'interdiction réglementaire d'aller aux toilettes lorsqu'il en a eu besoin.
"Je comprends les règles, mais il est trois heures du matin, j'ai bu toute la journée...", a-t-il expliqué à l'arbitre depuis son banc lors d'un changement de côté.
Le nom de Murray est depuis longtemps associé aux âpres combats et aux retournements de situation inespérés.
- McEnroe "stupéfait" -
Il n'empêche, chacun de ses exploits surprend et ravit encore les fans de tennis. Et celui contre Kokkinakis, plus long de 38 minutes (!) que son précédent record de durée, fascine même les plus connaisseurs.
"Je suis stupéfait, je n'arrive pas à y croire, a ainsi commenté John McEnroe devenu consultant pour Eurosport. On savait que Murray avait le coeur d'un champion, mais là il est allé chercher plus profond, plus profond encore dans ses ressources qu'on ne l'a jamais vu".
"C'est une des choses les plus folles que j'aie vues depuis toutes ces années que je regarde le tennis", a ajouté l'ex-N.1, vainqueur de sept titres du Grand Chelem.
"Ce gars est l'un des grands joueurs de notre époque dont on ne parle pas assez à cause de ce que les trois autres grands (Federer, Nadal, Djokovic) ont réussi, mais il est une légende", a ajouté l'Américain.
Reste que la récupération en vue du prochain tour programmé samedi va être d'autant plus compliquée que la fin extrêmement tardive du match écourte beaucoup le temps de repos. Ce qui pose une nouvelle fois la question de la programmation des matches en session nocturne, à Melbourne comme ailleurs.
"Je ne comprends pas à qui ça profite", a lancé Murray à l'issue de la partie en ne pensant qu'à une chose, "aller (se) coucher".