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"Il y a des choses bien plus importantes que de tourner en rond": au crépuscule de sa carrière, des cheveux dorés devenus aussi longs que son palmarès, Vettel a quitté sans regret un sport qu'il a aimé, mais qui a fini par devenir une "routine". Il faut dire que depuis sa dernière victoire, avec Ferrari en 2019, et plus encore depuis son arrivée chez Aston Martin en 2020, il était davantage abonné à la deuxième partie de classement, à l'image de sa dixième place dimanche à Abou Dhabi pour son 199e Grand Prix, bien loin de ses meilleures années qui ont rappelé aux bons souvenirs d'un certain "Kaiser".
Né le 3 juillet 1987, 17 ans et demi après Michael Schumacher, Vettel a été titré quatre fois consécutivement, de 2010 à 2013. Assez pour se mesurer au maître allemand, qui reste cependant hors de portée avec sept titres, record partagé avec Lewis Hamilton. Vettel a conquis tous ses sacres au volant d'une Red Bull motorisée par Renault, alors que Schumacher en a remporté deux avec Benetton (1994-1995) et cinq avec Ferrari (2000-2004).
Vettel s'est construit une armoire à trophées considérable. Troisième pilote de l'histoire à compter le plus de victoires (53), seuls "Schumi" (91) et Hamilton (103) font mieux.
Champion dès 23 ans
Surtout, Vettel s'est détaché en signant une série de records de précocité, dont certains tiennent toujours, comme celui du plus jeune champion du monde, à 23 ans et quatre mois. Le natif de Heppenheim, près de Francfort, a fait ses débuts aux Etats-Unis en 2007, y marquant son premier point (8e place) pour devenir, à l'époque, le plus jeune pilote à le faire.
Passé de BMW-Sauber à Toro Rosso mi-2007, il s'affirme comme un grand espoir. Au GP d'Italie à Monza en 2008, il devient le plus jeune auteur d'une pole position (toujours d'actualité) et le plus jeune vainqueur, à 21 ans et 73 jours, sous la pluie - record battu en 2016 par Max Verstappen (18 ans). Mais depuis ses quatre titres, les vents sont progressivement devenus contraires.
C'est son relatif échec avec Ferrari qui reste le point noir de sa carrière. Arrivé en 2015 pour y remplacer Fernando Alonso, il n'aura pas plus de succès que l'Espagnol pour ramener l'écurie italienne au sommet, son dernier titre datant toujours de 2007 avec Kimi Raïkkönen. Vettel ne pourra faire mieux que dauphin d'Hamilton à deux reprises (2017-2018), obtenant au total 14 victoires au volant des bolides rouges de Maranello. Après des premières rumeurs de retraite fin 2020 après une 13e place mondial, il continue chez Aston Martin à 33 ans mais ne fera guère mieux, terminant 12e en 2021 et 2022.
Père et militant
A quoi va-t-il désormais consacrer sa vie ? "Je me réjouis à l'idée de ne rien faire, au début, et de voir ce que ça me fait", a-t-il souri jeudi. "Après tant d'années (16), on sait comment faire ce travail, je ne vais pas dire en dormant, ce serait arrogant, mais avec beaucoup de routine", a relevé ce père de trois enfants, voulant désormais "passer plus de temps avec mes enfants et ma famille".
"Ces deux dernières années ont été décevantes pour moi d'un point de vue sportif mais importantes dans ma vie", a-t-il souligné dimanche, voulant que "les autres pilotes continuent le travail" et estimant "qu'il y a des choses bien plus importantes que de tourner en rond". Vettel fait référence à ses combats hors piste qui ont marqué ses dernières années. Engagé en faveur des droits de la communauté LGBTQ+, défenseur de l'environnement, Vettel a fait de ses week-ends l'étendard des causes qu'il défend.
Capable d'arborer un tee-shirt pour la défense des homosexuels en Hongrie ou un casque contre l'exploitation des sables bitumineux au Canada, il promeut aussi les carburants synthétiques, présentés comme une des solutions pour réduire l'empreinte carbone de la F1. "Ma passion s'accompagne de certains aspects que j'ai appris à ne pas aimer", a-t-il reconnu au moment d'annoncer sa retraite en juillet. "La volonté d'effectuer ces changements doit être beaucoup plus forte et déboucher sur des actions. Parler n'est pas suffisant, nous ne pouvons attendre. Il n'y a pas d'autre choix, la course est lancée".
Pluie d'hommages
Ce week-end, l'Allemand a eu droit à de très nombreux hommages. Il a d'abord été invité à participer à un joli repas de groupe avec le reste de peloton. Il a aussi écrit une lettre à chaque pilote pour leur exprimer son ressenti. Mais il a ensuite participé à un grand jogging, autour du tracé de Yas Marina, aux côtés des autres pilotes, dirigeants d'équipe et de la discipline, mais aussi des journalistes et membres de teams. Un moyen de dire adieu avec humour.
Son papa lui a installé sa toute première combinaison dans le garage, tandis que Mick Schumacher et Fernando Alonso ont arboré un casque à son effigie. Ferrari et Red Bull lui ont offert de délicieux souvenirs en cadeau. En fin de course, Vettel a aussi fait des donuts en guise de sortie. Un week-end parfait, une conclusion idéale. A son image.