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Patrick Lefevere quittera le 31 décembre prochain son poste de CEO de l'équipe cycliste Soudal Quick-Step, quelques jours avant son 70e anniversaire. "Après 55 ans dans le vélo, je pense qu'il est temps de laisser ma place", a-t-il confié au lendemain de l'annonce de sa passation de pouvoir avec Jurgen Foré, jusqu'ici en charge de l'opérationnel.
La décision de quitter la tête de l'équipe qu'il a fondée en 2003 a été prise "voici quelques semaines", a confié mercredi Patrick Lefevere à l'occasion d'une conférence de presse avec son successeur. "Ce n'est pas un départ forcé qui a été décidé hier ou un jour avant. Je suis allé en Suisse pour discuter avec Zdenek Bakala (NDLR : le principal actionnaire de l'équipe) et nous avons pris cette décision ensemble", a-t-il raconté.
Dans un peloton au budget toujours plus important, le patron belge a ressenti ces dernières saisons une plus grande charge de travail sur ses épaules. "Je ne vais pas mentir : je ressens physiquement que je ne suis plus la même personne qu'il y a vingt ans. Cela a surtout été le cas ces deux dernières années", a-t-il expliqué. "L'équipe est devenue si grande, avec l'arrivée de l'effectif féminin notamment. Il y a près d'une centaine de personnes à gérer. Cela devenait beaucoup."
"Un homme libre"
Patrick Lefevere estime "avoir pris (ses) responsabilités" pour assurer l'avenir de l'équipe, expliquant que "la recherche de sponsors est toujours difficile". "Les agents de coureurs nous demandent maintenant ce que sera notre équipe en 2028 alors qu'on n'est qu'en 2025. Cela me fatigue", a-t-il avoué.
Le futur ex-CEO de la formation WorldTour affirme encore que Zdenek Bakala lui a confirmé "qu'il continuera à investir dans l'équipe". "Je ne donnerai pas de chiffres, mais c'est un investissement plus important que ce que tout le monde pense", signale Patrick Lefevere. "Je ne suis donc pas inquiet."
Au-delà de l'équipe, c'est l'ensemble du cyclisme professionnel qui voit son futur modèle bouleversé par les changements d'équipe en cours de contrat, à l'image de Maxim Van Gils ou Tom Pidcock cet hiver. "Les équipes les plus riches auront toujours une plus grande opportunité d'offrir plus d'argent. Nous l'avons fait par le passé, mais toujours de façon honnête par le biais d'un accord avec l'ancienne équipe et le coureur. Mais j'espère que cela ne deviendra pas une habitude", réagit Lefevere.
L'un des plus anciens managers du peloton contemporain a donc décidé de passer le témoin à Jurgen Foré, directeur des opérations de l'équipe depuis le début de l'année. "Je suis à la fois fier et humble", a confié le futur CEO de Soudal Quick-Step. "Je vais essayer de tout faire pour poursuivre le succès de Patrick, mais à ma manière. Nous avons en effet des personnalités très différentes. Je ne veux pas être la mauvaise copie d'une autre personne. Et je n'hésiterai pas à demander conseil à Patrick si nécessaire, comme cela a été le cas durant cette dernière année à ses côtés".
Jurgen Foré, fils de l'ancien vainqueur du Tour des Flandres Noël Foré, ne compte pas révolutionner l'équipe, mais "travailler ensemble comme l'an dernier", et "améliorer des détails çà et là, dans un processus continu, pour avancer vers de meilleurs résultats encore". L'absence pour plusieurs semaines de Remco Evenepoel n'inquiète d'ailleurs pas le futur patron. "Nous disposons d'un effectif assez large. Remco nous manque et nous espérons évidemment le revoir bientôt. Mais nous avons appris de l'an dernier et nous avons construit l'équipe pour la rendre encore plus diverse", a-t-il confié.
Patrick Lefevere, pour sa part, assure qu'il ne sera plus derrière son successeur. "Je n'irai pas tous les jours au service course. Je viendrai seulement sur quelques courses, ou si on m'invite. Je suis un homme libre désormais", a-t-il clamé.