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Derrière Remco Evenepoel, "inaccessible", les Français ont joué une partition parfaite samedi pour ramener avec Valentin Madouas et Christophe Laporte les deux premières médailles en cyclisme sur route depuis 68 ans aux Jeux olympiques.
Depuis que Thomas Voeckler a pris en main l'équipe de France en 2019, elle est passée maître dans les coups tactiques qui lui permettent de surprendre les favoris dans ces courses de championnat, disputées sans oreillettes, contrairement par exemple au Tour de France.
"Aujourd'hui le premier est le meilleur de la course. Le deuxième et le troisième pas forcément, mais ils sont quand même là. Il fallait être capable d'anticiper et avoir la détermination de le faire", a résumé Marc Madiot, le manager de Madouas dans l'équipe Groupama-FDJ, aux premières loges en tant que consultant radio et qui a salué le "100% de réussite" des Bleus.
Samedi, sur un parcours noir de monde, aussi bien en vallée de Chevreuse que dans les rues de Paris, les quatre Français ont été une nouvelle fois omniprésents.
D'abord avec Kévin Vauquelin, chargé d'allumer les premières mèches. Puis avec Julian Alaphilippe et Christophe Laporte, très offensifs à l'avant.
- "C'est écrit" -
Et surtout donc Valentin Madouas qui a pris la bonne échappée, avec des costauds comme Nils Politt, pour "prendre un coup d'avance" sur les Evenepoel, Van der Poel et Van Aert.
"L'idée, c'était déjà, puisqu'on n'avait pas le favori, de ne pas travailler en tête de peloton pour ne pas cramer un bonhomme, a expliqué Voeckler. Le mouvement que Valentin prend, c'est écrit que ça va se passer. Sauf qu'il ne faut pas le subir, il faut l'accompagner. Ça aurait pu être Kevin, juste avant. Ils ont fait tout comme prévu."
"Je savais que ça pouvait sortir dans ces moments-là, dans les moments un peu de transition. Je me dis: là, c'est bon, c'est le bon coup", a raconté Madouas. "L'objectif, c'était vraiment ça. Que je prenne de l'avance et qu'on attende le retour des grands champions. Une fois que j'ai vu que c'était Remco, je me suis mis dans la roue au maximum pour m'accrocher le plus possible."
"Et là Valentin a résisté de manière admirable, il a fait du Valentin. Plus c'est long, plus c'est dur, plus il est solide", a applaudi Voeckler, fier de son coup et d'avoir sélectionné Madouas malgré quelques critiques.
- "Interdiction de rouler" -
Derrière, Alaphilippe et Laporte ont contrôlé, tout en étant dans le flou, faute d'informations. Mais "au dernier passage de Montmartre", un membre du staff, positionné là pour donner des bidons, a dit à Laporte de ne "plus rouler du tout" pour ne pas favoriser un retour groupé sur Madouas.
"L'info que je voulais qu'il ait, c'est qu'il avait interdiction de rouler. Il sait très bien que si un assistant lui interdit de rouler, c'est moi qui parle", a expliqué Voeckler.
Au final, les deux Français rapportent à la France deux médailles inédites depuis les Jeux de Melbourne en 1956 derrière Remco, l'intouchable.
"Aujourd'hui, le plus fort a gagné. Aucun regret. Et puis après, nous on va faire une médaille d'argent et une médaille de bronze. J'étais convaincu que c'était possible. Ils ont été admirables", a salué Voeckler.
Ce n'est pas la première fois que la France arrive à placer ses pions. Les deux titres de champion du monde de Julian Alaphilippe en 2020 et 2021 avaient déjà été des leçons de tableau noir. Tout comme le titre européen de Laporte en 2023 et sa médaille d'argent aux Mondiaux en 2022, déjà derrière Evenepoel.
"Le travail, il est fait quand je roule avec eux à l'entraînement, quand on se voit tout au long de la semaine. Je leur ai demandé de me faire confiance. Je me suis cassé la tête et je me suis mis en danger aussi", a insisté Voeckler.