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Un chantier de plusieurs dizaines de maisons, un nouveau quartier, des égouts à construire: ça n'est jamais agréable pour les riverains vivant à proximité, et qui aspirent au calme et à la sérénité des petites rues d'un village.
Jean-Marc (nom d'emprunt car notre témoin souhaite rester anonyme) habite Braine-le-Château, une commune du Brabant wallon proche de Bruxelles. Il a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous pour évoquer le lotissement de l'Espérance, un vieux projet qui se concrétise avec l'aménagement d'un quartier résidentiel d'une cinquantaine de parcelles constructibles. "Ils utilisent des excavatrices de plus de 25 tonnes sur chenilles, et ils ont roulé et creusé sur le pipeline de l'OTAN", nous a-t-il écrit.
Habitant le Vieux Chemin de Nivelles, non loin d'une partie des travaux en cours, il se rend souvent sur les lieux pour prendre des photos, des vidéos, et alimenter un groupe Facebook qu'il a créé. Il estime que le chantier se fait "au mépris de toute sécurité élémentaire", craint une fuite et une contamination des sols et des eaux, tout en évoquant également les conséquences du passage des lourds engins de chantier "sur les biens immobiliers des riverains".
Bien qu'il parle de "la crainte de nombreux riverains", il n'y a que deux membres dans ce groupe, lui-même et un compte Facebook non-identifiable. Nous avons donc frappé à la porte de la commune pour savoir si le chantier posait problème, et s'il y avait eu un souci avec le pipeline de l'OTAN.
Une cinquantaine de parcelles bientôt en construction
Premier élément important: la commune de Braine-le-Château ne va faire qu'hériter d'un projet mené par in BW (Intercommunale Brabant Wallon). Cette intercommunale, par ailleurs propriétaire du vaste terrain (des champs et prairies en cours de transformation) est active dans le développement économique et territorial de la région, l'assainissement des eaux usées et la collecte des déchets.
"Ce projet date d'il y a 15 ans, déjà", nous explique Alain Fauconnier, le bourgmestre. "Le dossier a évolué. Il a été soumis à des enquêtes publiques, et a subi quelques modifications", car l'aménagement du territoire, en Wallonie, a beaucoup changé ces dernières années.
Le projet concerne une cinquantaine de terrains à bâtir (pour des maisons de tailles différentes). "L'in BW, après avoir obtenu un permis d'urbanisation de la Région wallonne, a mis en vente les terrains" sous conditions. "Nous, on a soutenu le projet depuis le début car il est utile de permettre à des jeunes du village de pouvoir acquérir des terrains à des prix qui sont hors du cadre du marché". L'immobilier est en effet de plus en plus cher dans les zones proches de Bruxelles, raison pour laquelle les conditions sont strictes pour se poser candidat acheteur: il y a une limite d'âge et de revenu, l'obligation d'avoir vécu ou travaillé à Braine-le-Château la majorité de sa vie, et l'interdiction d'être déjà propriétaire. "Environ 25 parcelles ont trouvé acquéreur, et 25 autres vont bientôt être mises en vente".
A l'heure actuelle, aucune brique n'a été posée: le projet est encore au stade de l'aménagement du vaste terrain par un entrepreneur, la connexion au réseau d'égouttage existant et la mise en place d'un bassin d'orage pour éviter que les fortes pluies, autrefois absorbées par les prairies, ne se déversent dans la vallée de ce village de 11.000 habitants (voir la vue aérienne ci-dessous).
Le rôle de la commune est, depuis le début, de "surveiller" le chantier. Car elle va hériter des routes et des égouts, qui vont tomber sous sa responsabilité: afin d'éviter les mauvaises surprises, elle garde donc un œil sur l'évolution des travaux.
Qu'est-ce que le "pipeline de l'OTAN", et a-t-il été mis en danger ?
Le pipeline de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) remonte au 20e siècle, et même à la seconde guerre mondiale. Il s'agit d'un oléoduc, donc un réseau de larges tuyaux enterrés transportant des produits pétroliers, initialement pour ravitailler les bases et véhicules militaires à travers l'Europe. Réduit depuis la fin de la guerre froide (1990), il sert aujourd'hui, notamment, à ravitailler des aéroports en carburant, dont celui de Bruxelles.
D'après nos informations, il y a effectivement un pipeline qui traverse la parcelle en cours d'aménagement à Braine-le-Château. Il se trouve depuis le début sur tous les plans et nécessitent des précautions particulières, lorsque des engins de chantier circulent au-dessus et creusent à proximité, par exemple. Il faut alors placer des tôles métalliques pour disperser le poids des véhicules.
"Tout est maîtrisé", nous a confié une source proche du dossier. Il n'est cependant pas exclu qu'au début des travaux, comme le suggère notre témoin Jean-Marc, quelques engins très lourds aient pu rouler au-dessus de l'oléoduc. Mais il n'y a pas eu la moindre conséquence: les conditions de travail sont respectées par l'entrepreneur, et surveillées par le personnel de l'OTAN, qui se déplace régulièrement et est consulté lors des manœuvres à proximité.
Actuellement, la conduite est balisée en surface à l'aide de piquets fluorescents, et il y a des barrières métalliques qui empêchent des ouvriers ou des quidams de s'y aventurer.
A cause de la poussière ?
Pas de marée noire en vue, donc. Dès lors, si certaines voix s'élèvent un peu plus actuellement (mais la commune n'a connaissance que d'un seul plaignant, et c'est notre témoin), "c'est sans doute parce qu'il fait très sec et que beaucoup de poussières sont soulevées par les travaux, tandis que les gens sont plus souvent chez eux à cause du confinement, et qu'ils ont tout le loisir de le constater", suppose Alain Fauconnier, le bourgmestre de Braine-le-Château.
Il admet qu'il y a eu de l'opposition – politique, notamment - à ce vieux projet qui se concrétise actuellement, "mais la plupart des gens, une fois qu'on leur explique (les conditions spéciales qui favorisent les jeunes Brainois, voir plus haut), considèrent que c'est une démarche qui a du sens".
De plus, selon lui, "il y a 30.000 voitures par semaine qui viennent d'Ittre", un village voisin, en empruntant la rue à côté du nouveau lotissement. "Donc ce ne sont pas les 50 maisons qui vont changer grand-chose".