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"Il y avait encore des traces de sang": Diliana obligée de récupérer le couteau qui a servi pendant l'attaque à la Gare du Midi

Diliana (prénom d'emprunt dans un souci d'anonymat) a vécu de près l'attaque au couteau qui s'est déroulée à la Gare du Midi mardi dernier aux alentours de 9h45. Elle reste encore traumatisée par les faits, qui se sont déroulés devant ses yeux. Et pour cause, la jeune femme de 22 ans travaillait au sein du magasin dans lequel l'agresseur s'est introduit pour se procurer son couteau. A peine un jour plus tard, trois policiers se rendent à son magasin pour lui rendre l'arme, encore tachée de sang. C'est encore la voix tremblante d'émotion que Diliana a tenu à nous livrer son témoignage en appuyant sur le bouton orange.

Diliana (prénom d'emprunt dans un souci d'anonymat), 22 ans, est employée à temps plein dans un magasin au sein de la Gare du Midi à Bruxelles. Elle était présente sur les lieux mardi matin, lors de la bagarre aux couteaux qui a éclaté en pleine heure de pointe à la gare, faisant un blessé léger : "J’ai encore l’image de cet homme qui rodait autour du magasin, et de son regard, lorsqu’il est rentré pour prendre ce couteau. Sur le moment, on s’est vraiment tous demandé si c’était notre dernier jour de vie. L’échange de regards a duré quelques secondes, mais pour nous, c’était une éternité."

Le lendemain, aux alentours de 17h30, la jeune femme est en plein service lorsque trois policiers entrent dans le magasin : "Ils avaient l’air inquiets, un peu gênés par la situation. Je sentais que quelque chose n’allait pas. Ils n’étaient clairement pas là pour acheter des gâteaux ou des salades."

Et l’instinct de Diliana ne trompe pas, puisqu’à peine entrés, les trois policiers lui tendent un sachet en plastique : "C’est là qu’ils m’ont dit que le magistrat leur avait ordonné de nous restituer l’arme qui avait servi à l’attaque. Au moment où ils nous l’ont tendu, on a tous revécu la scène. J’ai clairement eu une pointe au cœur et la gorge sèche. Les policiers me parlaient et j’étais juste figée. J’ai eu un flou dans ma tête où j’ai repensé au jour où les faits se sont déroulés."

Très vite, le choc laisse place à la colère : "Pour moi, c’est inadmissible. Il y avait encore des traces de sang sur le couteau. Ce n’est pas comme si j’allais le laver et le réutiliser pour faire des sandwichs à nos clients."

Diliana décide alors de téléphoner à son manager pour prendre la décision adéquate : "Il était exactement du même avis que moi. C’est inhumain de nous demander d’accepter ça. Je leur ai dit qu’ils nous faisaient revivre la scène en nous restituant l’arme de cette manière. Mais on n’avait visiblement pas le choix."

Et l’équipe n’est pas au bout de ses surprises : "On nous a interdit de reprendre le sachet du laboratoire. On a donc dû reprendre le couteau, à la main, et le placer dans un emballage du magasin. J’ai pris la décision de cacher le paquet dans la réserve pour qu’on ne le voie plus. C’est vrai que c’est un couteau de boucher, qui coûte entre 70 et 100 euros. Mais ce n’est pas une raison pour le garder même après ce qui s’est passé."

Une décision prise sous le coup de l’émotion, en attendant que son manager arrive, pour trouver une solution : "Quand mon manager est arrivé le lendemain matin, il a pris le couteau et l’a jeté en dehors de la gare, dans un endroit où l’arme ne risquait pas d’être récupérée. On ne savait pas quoi en faire. Je ne comprends pas pourquoi c’est à nous de trouver une solution pour s’en débarrasser."

Pour l’avocat pénaliste, Xavier Van Der Smissen, rien de surprenant dans la procédure : "Il est courant de rendre l’arme qui a servi à une agression, à son propriétaire d’origine. Si toutes les analyses et les prélèvements, ont été effectués, c’est inutile pour le parquet de garder ce genre d’élément."

Cela n’en reste pas moins difficile à vivre. Pour Diliana, l’agression aura changé son quotidien à jamais : "Quand on travaille à la Gare du midi, on voit tout et n’importe quoi. Mais depuis cette histoire du couteau, on est tous dans l’angoisse. Je vois dans les yeux de mes collègues qu’ils sont inquiets. Ils sont tous maintenant suivis par des psychologues. Ce n’est plus comme avant. Dès qu’on se croise, on en reparle. On est devenu plus stressés, plus méfiants. On garde un traumatisme. Quand je me couche le soir, j’y repense et ça me trotte dans la tête."

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