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Il slalome entre les voitures en pleine circulation. Il esquive les obstacles en dernière minute et se faufile entre les véhicules, même quand cela semble impossible, le tout sur la roue arrière de son vélo.
Il s’appelle Dinis, il a 19 ans et fait ce qu’on appelle du "Wheeling". "On comprend que ça a l’air irresponsable du point de vue extérieur, explique-t-il. Ça choque toujours des gens, ce qui est normal. Mais de notre point de vue, après autant d’entrainement, on gagne de l’expérience et on commence à voir les choses d’une autre façon."
Malgré leur maîtrise du vélo, ces adeptes de la "Bike Life" le reconnaissent: le risque zéro n’existe pas. "Sur 1000 %, on fait en sorte qu’il n’y ait qu’une seule chance de rater. Après, c’est ça le jeu, on ne va pas se mentir," ajoute-t-il.
Un risque d'amende
Lorsque le porte-parole de la police fédéral de la route, Olivier Quisquater, voit ses images, il remarque tout de même quelques soucis : "La ligne blanche, ouai… Il prend des risques quand même, même s’il est très habile."
Le code de la route ne mentionne pas directement les cyclistes qui se déplacent sur une seule roue. "Par contre, il y a un article plus général qui demande à ce qu’on soit maître de son véhicule, objecte Olivier Quisquater. C’est l’article 8.3. Ça ne veut pas dire que c’est quelqu’un qui n’est pas capable. On le voit sur les images, il est capable de rouler sur une roue, mais il a quand même une maîtrise moins grande que s’il était sur ses deux roues avec les deux freins, prêt à freiner."
Un véhicule non-maîtrisé constitue une infraction du second degré qui peut coûter 116 euros. L’amende est encore plus salée si le wheeling est pratiquée en zone piétonne. "Dans une rue piétonne ou sur un trottoir, ce n’est pas tellement le fait d’être sur une roue qui pose problème. C’est la vitesse, et le fait qu’on se zigzague entre les piétons. Là, c’est clairement une infraction du troisième degré, donc c’est déjà une amende assez élevée à 174 euros."
Des figures acrobatiques et des valeurs
Mais le wheeling, se pratique aussi et surtout en zone dégagée à l’écart de la circulation. "Une fois arrivée en wheeling, je me penche un maximum en arrière pour avoir le point d’équilibre et je joue avec le frein," détaille Dinis.
Les figures sont nombreuses et plus impressionnantes les unes que les autres : le kneeswitch, le nohand, la bavette, le surf, l’inversé. Même un agent de police croisé par hasard ne peut s’empêcher de les admirer : "Ce sont des professionnels, on ne peut que les féliciter, voilà chapeau."
Ces jeunes hommes le revendiquent : le wheeling est un sport à part entière avec ses exigences et ses risques. "C’est comme le MMA, déclare Imad. Si tu vas faire du MMA, tu vas ramasser une pêche, tu peux tomber K.O. Dans tous les sports, tu peux te blesser."
Un véritable sport fondé sur un socle de valeurs selon Thomas : "On se réunit tous dans la paix, dans l’amour, l’unité et avoir du plaisir. On peut venir de n’importe quelle communauté : noire, hispanique, blanche ; de n’importe quelle classe sociale, de n’importe quelle religion. Même les gangs se mélangent une fois que c’est un rassemblement Bike Life. On oublie tout. On est tous potes."
En plus de la quête de l’adrénaline, la Bike Life est une philosophie de vie.