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A Bouère, petit village de Mayenne, des soignantes ont choisi de rester dormir tout près de l'Ehpad dans un camion confortable adossé à l'établissement et aménagé initialement pour une épreuve automobile, Le Mans Classic.
"Je trouve ça bien d'être semi-confinée auprès des résidents. Ça limite la propagation du virus (...) et ça limite aussi la fatigue parce qu'il faut savoir que, maintenant, on fait des journées de 12 heures", explique Isabelle Communeau, aide-soignante, dans la chambre de sa collègue Sandrine Lalouze.
"Donc, savoir qu'on peut avoir un repas déjà prêt ici, une douche à disposition et de se dire qu'on n'a pas de route à faire, c'est super", poursuit cette femme de 32 ans, mère de deux fillettes de trois et sept ans.
"C'est vrai que c'est dur sans les enfants, mais on sait qu'on leur fait du bien aussi", assure-t-elle.
Avant de pouvoir regagner leur domicile, les soignants travaillent en continu deux ou trois jours de suite dans l'établissement dont les 60 résidents (pour 51 salariés) sont restés jusqu'à présent à l'abri du virus.
"Comme ça on se repose mieux et on repart un peu plus d'attaque le lendemain matin", confirme Sandrine Lalouze. "On se protège, nous, les résidents, et aussi nos enfants", dit cette mère de deux enfants de 12 et 16 ans.
Leur lieu de confinement est plutôt agréable: grand lit flanqué de tables de nuit design et surmonté d'appliques, murs en bardage bois, porte dotée d'un hublot ouvrant sur une coursive bordée de filins menant aux autres chambres.
Chacune porte le nom d'une voiture ou d'une marque mythique -Chevrolet, Porsche ou encore Triumph- puisque ce camion-remorque sert habituellement à loger des participants lors de l'épreuve automobile Le Mans Classic, organisée habituellement début juillet mais reportée cette année à 2021.
De la coursive on voit le balcon de la salle à manger de l'Ehpad, utilisée par les soignants et désertée par les malades qui mangent dans leur chambre mais font quand même quelques pas dans le jardin intérieur à tour de rôle.
Privées de la visite de leurs proches, "les personnes âgées aiment bien quand on leur dit qu'on va dormir dans le camion. Ca les rassure, ils sont contents", assure Sandrine. "C'est une deuxième famille, en fait".
Patron d'une société travaillant dans l'événementiel spécialisée dans le sport auto, le propriétaire des remorques, Pascal Derouault, les a mises gratuitement à disposition du personnel. Il en a encore trois autres, aménagées soit en chambres, soit en dortoir, qu'il est prêt à proposer comme logement.