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Ce lundi, à l'aéroport de Zaventem, les manifestants étaient rassemblés pour tenter d'éviter à tout prix que trois Iraniens ne soient renvoyés chez eux. L'un d'eux, Mohsen Shekari, devait embarquer dans un vol à 11h30 vers Istanbul, en Turquie. Car c'est de Turquie, voisine de l'Iran, qu'ils sont arrivés il y a trois mois. Mais l'Office des Étrangers nous a confirmés que "la personne a refusé de partir" et a donc été reconduite au centre. "Ils ont également reçu des avis d'expulsion de la Turquie. Donc une fois arrivés en Turquie, ils seront d'office renvoyés en Iran", déplore Farnoush Edrisaraki, membre du comité de soutien.
Deux autres Iraniens devaient être expulsés vers la Turquie via le vol de 15h15. Selon nos informations, en raison d'un refus, ils n'ont pas été expulsés non plus et ont donc été reconduits au centre de détention.
Lorsque les manifestants ont appris qu'aucun départ n'avait eu lieu, nous avons assisté à des scènes de joie. "Le couloir de la mort, on est restés devant. On l'a bloqué pour le moment. Et c'est vraiment grâce à vous tous", s'exclame l'un d'entre eux.
Quelques heures auparavant, nous avions pu joindre Mohammadreza, l'un des Iraniens menacés d'expulsion, depuis le centre de détention. Il reconnaissait avoir participé à des manifestations à Azali, dans le nord de l'Iran. "Ils ont vraiment peur", nous dit une manifestante qui est en communication téléphonique avec l'un d'eux. Selon les deux ressortissants, en Iran, ils sont en train "d'exécuter tout le monde".
On parle d'un pays en pleine révolution
Les deux jeunes, âgés de 22 ans, avaient reçu une convocation de la police iranienne pour "troubles à l'ordre public". Mais les autorités belges ont estimé qu'ils n'étaient pas dans les conditions pour obtenir le statut de réfugié. Une décision confirmée en appel. "On comprend toujours que ni la Belgique, ni l'Europe, ne peut ramasser la misère du monde, mais aujourd'hui, on parle d'un pays en pleine révolution", note Said Javaherian, membre du comité de soutien.
Mais les autorités Belges estiment qu’ils ne remplissent pas les conditions pour obtenir le statut de réfugiés. "La situation en Iran est inquiétante. Mais en Belgique, une demande d'asile est évaluée de manière rigoureuse et indépendante par le Commissariat général aux réfugiés (...) Selon le commissariat général et le juge du Conseil du contentieux, il n'y a pas un risque de persécution individuel dans ce dossier", argumente Nicole De Moor, secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration.
L'Iran a prononcé à ce jour 14 condamnations à mort dans le cadre des manifestations qui secouent le pays depuis septembre. Quatre personnes ont déjà été pendues.