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Les Belges d'origine turque ou marocaine gagnent mieux leur vie et sont plus nombreux à posséder leur logement qu'il y a une dizaine d'années, indique une enquête de la Fondation Roi Baudouin menée auprès de 700 d'entre eux.
Dans le cadre du rapport Belgo-Marocains et Belgo-Turcs: (auto)portrait de nos concitoyens, 700 Belges d'origine turque et marocaine ont été interrogés par des chercheurs de l'Université libre de Bruxelles (ULB) et de son pendant en Flandre, la VUB, afin d'établir un profil socio-démographique de cette importante population. L'enquête commandée par la Fondation Roi Baudouin s’est notamment penchée sur le niveau d’études, la profession, le revenu et l'accès à la propriété.
Revenus: une classe moyenne émergente apparaît
Les revenus des Belgo-Marocains et des Belgo-Turcs ont, dans l'ensemble, augmenté de manière significative depuis 2007 et 2009, années où des enquêtes similaires avaient déjà été réalisées. En 2014, ils sont 43,1% à gagner entre 1.500 et 3.000 euros contre environ 32% en 2009.
"Ces résultats tendent à indiquer l’émergence progressive d’une classe moyenne d’origine marocaine et turque", observe l’étude. Fahd en fait partie. Né à Bruxelles de parents d’origine marocaine, désormais lui-même papa d’un petit garçon de 16 mois, il exerce en tant qu'enseignant (et coordinateur en soutien scolaire) dans une école secondaire d'Anderlecht, pour un salaire d'environ 1600 €/mois. À l'instar de 75,9% des Belgo-Marocains et Belgo-Turcs qui ont participé à l'enquête, sa situation professionnelle le satisfait. Mais il ne verse pas dans l'euphorie: profen", dit ce prof de 30 ans. Meltem, employée administrative d'origine turque, est, elle, très satisfaite. "Mon boulot est en parfait accord avec mes études et mes compétences", se réjouit la jeune femme de 31 ans. Environ 60% des Belgo-Turcs et Belgo-Marocains estiment occuper un emploi en accord avec leur niveau de diplôme.
Accès à la propriété: "Plutôt deux fois qu’une"
Comme les revenus, l'accès à la propriété s'est amplifié dans les populations belgo-marocaines et belgo-turques au cours des dix dernières années. On observe une différence marquée entre les deux origines: 56% des Belgo-Marocains possèdent leur logement alors que la proportion monte à 80% chez les Belgo-Turcs. Meltem, bientôt maman, est propriétaire de son logement. Fahd et sa compagne, eux, sont toujours locataires mais, comme tant de couples belges dans leur tranche d'âge, ont entamé les recherches pour acquérir un bien.
"J’estime parler un bon français, même mieux que certains Belgo-Belges"
Les chercheurs de l’ULB et de la VUB se sont intéressés au sentiment, forcément subjectif, de la connaissance du français. Les personnes d’origine marocaine estiment mieux connaître la langue parlée en Wallonie et à Bruxelles que lors des études antérieures. Ils sont 81,2% à considérer qu’ils parlent et comprennent bien, voire très bien le français. Une proportion très largement supérieure à celle des Belgo-Turcs (seulement 51,9%). Une différence importante entre les deux communautés qui s'explique peut-être, selon l'étude, par "le passé colonial du Maroc et le fait que le français tende à s’y maintenir comme langue internationale".
Meltem et Fahd parlent d’une même voix à ce sujet: leur langue maternelle, c’est le français. "J’estime parler un bon français, même mieux que certains Belgo-Belges", considère le jeune papa Fahd, avant de poursuivre "à la maison, nous parlions un mélange de français et d’arabe. Mais le français était davantage pratiqué. Du coup, je la considère comme ma langue maternelle". Meltem a même approfondi son apprentissage de la langue: "Avant mon Master, j’ai fait un bachelier en traduction. La langue française était celle dans laquelle je traduisais tous les textes. J’ai donc étudié le français profondément avec tous ses aspects linguistiques notamment."
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