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L'élargissement du fleuve qui traverse Tournai a été voté hier soir, malgré l'opposition de l'échevine MR Marie-Christine Marghem qui, selon Paul-Olivier Delannois (PS), avait pourtant soutenu le projet dans le cabinet du ministre Prévot.
Le conseil communal de Tournai a voté lundi en faveur de l'élargissement de l'Escaut de 19 à 27 mètres à hauteur du Pont-à-Pont dans la traversée de Tournai, par 23 voix pour, 15 voix contre et une abstention. L'échevine Marie-Christine Marghem (MR) a voté contre ce projet, tout comme les élus de l'opposition Ecolo et CDH. D'autres élus MR ont également voté contre ce projet qui anime les passions à Tournai depuis des mois et qui qui entre dans le cadre des exigences européennes dans le cadre du projet canal Seine-Escaut.
Le PS (18 élus) a voté les deux points concernant l'élargissement de l'Escaut à 27,4 mètres à hauteur du Pont-à-Pont. "Depuis mai 2013, le SPW n'a pas changé d'avis et le PS estime qu'il faut aller au bout du raisonnement", a commenté le chef de file des socialistes, Geoffroy Huez. Pour le PS, cette nécessité d'élargir l'Escaut se résume en quatre points: la sécurité, le développement économique, le développement durable et la diminution des nuisances pour les riverains avec le passage de bateaux plus récents qui devront faire moins de manœuvres.
Pour Paul-Olivier Delannois (PS), il ne s'agit pas d'un vote de principe. "Je trouve que le projet est beau et chacun pourrait s'y retrouver. Quant à la Ville, elle ne perdrait que 217 mètres carrés, soit le double de cette salle de réunion", a commenté le bourgmestre faisant fonction.
"Une autoroute fluviale"
Le CDH (4 élus) estime que le dossier présenté par le collège est inacceptable. "Trop de questions restent sans réponse et Tournai ne mérite pas une autoroute fluviale", a commenté Jean-Marie Vandenberghe qui estime qu'un élargissement à 24 mètres serait suffisant. Le CDH vote donc contre un projet défendu par un ministre humaniste.
Du côté d'Ecolo (3 élus), Marie-Christine Lefebvre regrette "la tournure trop politique qu'a pris ce dossier" et refuse que les écologistes soient des pions qu'on déplace sur un échiquier. Pour les écologistes, les Tournaisiens doivent être associés à ce projet comme ce fut le cas lors de la consultation populaire sur l'avenir du Pont des Trous, pour lequel un projet citoyen sera déposé le 30 juin prochain sur le bureau du ministre Prévot. "Ce dossier aurait dû se construire avec les Tournaisiens, il y a plus de dix ans", insiste l'élue de l'opposition. Néanmoins, Ecolo a analysé le dossier et regrette que la Ville n'ait pas demandé plus de simulations sur la sécurité à la Région wallonne. Ecolo a voté contre le projet d'alignement de l'Escaut et a demandé sa révision.
Tournai Plus (2 élus) a soutenu le projet présenté par le collège "afin de montrer l'exemple aux citoyens flamands, wallons et français qui auront à supporter d'importants travaux", a commenté Benoit Mat qui espère que la Ville ne devra pas débourser de l'argent en plus en cas de surcoût.
Marghem vote contre
Le MR (13 élus), par la voix de la ministre Marie-Christine Marghem, avait annoncé qu'il avait financé une étude parallèle qui n'a pas rendu les mêmes conclusions que les experts du SPW. "Nous estimons, au MR, que la seule liberté de vote de chacun de nos membres est légitime (...) Il serait réducteur de considérer que la voix de chacun ait été guidée par des considérations autres que techniques car ce projet d'alignement de l'Escaut s'inscrira dans la chair de notre ville durant des décennies". La ministre, qui avait soutenu le projet dans un premier temps, a voté contre le projet d'alignement de l'Escaut, mettant ainsi en danger l'alliance conclue avec les socialistes lors des dernières élections communales. Seuls trois élus MR ont soutenu le projet.
Depuis quelques semaines, le bras de fer est entamé pour l'élargissement de l'Escaut à hauteur du Pont-à-Pont (quais Saint-Brice et Taille-Pierres), un projet qui entre dans le cadre de la mise à gabarit du fleuve comme l'exige le projet européen de liaison Seine-Escaut.
Il y a un mois, les opposants au projet, qui estiment qu'un élargissement à 23 mètres serait suffisant, et le Service public de Wallonie, qui a défini un élargissement à 27 mètres, étaient venus présenter leurs arguments devant le conseil communal.
"La défense de l'intérêt général"
Avant le vote qui a scellé le sort de l'élargissement de l'Escaut de 19 à 27 mètres, le bourgmestre empêché, Rudy Demotte (PS) a rappelé que la préoccupation du collège était de défendre l'intérêt général des Tournaisiens face à quelques intérêts privés.
En historien, Rudy Demotte dit avoir fait des fouilles dans les archives de la Ville. "La canalisation de l'Escaut date du règne de Louis XIV et ce projet avait suscité un vif débat à l'époque entre les pro et anti-canalisation du fleuve entre le Pont des trous et le Pont-à-Pont, tiens tiens. Un jugement en vieux français rendu à l'époque avait été rendu et le juge avait estimé que le bien public était plus important que le bien privé", a commenté le bourgmestre empêché.
L'histoire s'est donc répétée quatre siècles plus tard entre ceux qui ont soutenu un élargissement à 23 mètres et ceux qui ont soutenu un élargissement à 27 mètres à hauteur du Pont-à-Pont. Rudy Demotte prétend avoir retiré des leçons des débats qui ont animé Tournai depuis des semaines, mais il reste déçu au sujet de certaines critiques développées dans la presse locale. "Le respect des individus et de leurs idées dans une démocratie passe par la divergence, ce qui n'est pas synonyme de mépris", ajoute Rudy Demotte qui a balayé les rumeurs de pressions exercées par le ministre wallon en charge des Travaux publics, Maxime Prévot (CDH), "lequel engage aussi sa responsabilité dans ce projet".
"Rendre Tournai plus belle"
Le bourgmestre empêché estime également que ce projet d'alignement de l'Escaut ne va pas balafrer Tournai. "Nous avons tous le souci de rendre Tournai plus belle et nous voulons que les quais de l'Escaut deviennent des lieux de vie agréables. Ce soir n'est qu'un début, la discussion va se poursuivre. Nous trouvons cohérentes les remarques sur l'aménagement de la halte nautique, sur l'aménagement d'une passerelle et nous avons compris que certaines propositions sur le Pont des trous doivent être revues". Rudy Demotte a tenu à encourager la participation citoyenne aux grands projets tournaisiens.
