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Reprise du procès Fourniret ce lundi à Charleville-Mézières. La cour d’assises des Ardennes examinera le dossier de l’enlèvement, de la tentative de viol et du meurtre d’Elizabeth Brichet, cette namuroise enlevée par le couple le 20 décembre 1989 à Saint-Servais,
Le procès Fourniret a repris ce lundi à Charleville-Mézières et comme prévu, Michel Fourniret a contesté la tentative de viol d'Elisabeth Brichet. Il a seulement reconnu l'enlèvement et le meurtre de la jeune Namuroise. Michel Fourniret n'a pas voulu élaborer. "Ma position n'a pas varié. J'attendrai que les conditions soient réunies dans le cadre d'un huis clos pour répondre à vos questions", a-t-il dit. La cour d’assises des Ardennes examine aujourd'hui et demain le dossier de l’enlèvement, de la tentative de viol et du meurtre d’Elisabeth Brichet, cet enfant enlevée par le couple le 20 décembre 1989 à Saint-Servais alors qu’elle n’avait que 12 ans. Sa disparition ne fut élucidée que le 28 juin 2004, après les aveux de Monique Olivier. Michel Fourniret avouera deux jours plus tard et conduira, le 3 juillet 2004, à l'exhumation du corps, enterré à l'arrière du château du Sautou, une ancienne propriété du couple située dans les Ardennes françaises.
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C’est déjà le 5ème dossier examiné par la cour d’assises de Charleville-Mézières depuis le début du procès. Francis Brichet était en direct par téléphone dans 7/8 de Bel RTL ce matin, il n'y cachait pas sa résignation : "Je ne vois pas ce que je peux encore apprendre. Ma fille est morte, c’est tout."
Francis Brichet et Marie-Noëlle Bouzet ont stigmatisé les errements de l'enquête
Francis Brichet a lu un texte. Il a comparé Michel Fourniret à un Minotaure qui se faisait offrir de jeunes vierges. "Quand on apprend qu'une mère préparait les victimes pour le festin, cela devient abominable", a-t-il dit. "Qui dira la tristesse du père d'un enfant souvent oublié", "tenu à l'écart, qu'on informe pas", a-t-il ajouté.
Marie-Noëlle Bouzet a évoqué le souvenir de sa fille. Elle a mis en cause le système judiciaire. "Ta maman n'a jamais été crédible", a-t-elle dit, stigmatisant "quinze années d'erreurs", "de victimes bafouées par un système judiciaire qui n'en a rien à faire des viols, hormis en tant de guerre".
Un père qui ne pourra rester de marbre
Le père d’Elizabeth Brichet expliquait ce matin sur Bel RTL, avant le début de l'audience, qu’il s’attendait à être ébranlé aujourd’hui : « 15 ans c’est long et nous connaissons toute l’horreur de la situation. Mais évidemment, entendre la lecture du dossier, cela va me perturber, c’est un fait. Je ne suis pas de pierre. » Mais il ne s’attend à rien de neuf de la part de l’Ogre des Ardennes excepté de nouveaux mouvements de colère. En tout cas, il ne veut par entendre parler de regrets : « Du regret je n’en ai rien à faire. Je ne veux pas de pardon d’un Fourniret ni d’une Olivier. Ce sont des gens que je vois terminer leurs jours en prison, point final. » Et si Francis Brichet n’a rien demandé de précis à son avocat contrairement à certaines familles précédemment, lui aussi réitèrera son rejet d’un huis-clos : « Pour moi, c’est un procès public et il ne doit pas être question d’huis-clos là-dedans. »
Rien à retirer de Fourniret à part ses emportements
Au cours de ces dix premières audiences, Michel Fourniret, interrogé par les avocats des parties civiles, a rompu à plusieurs reprises sa résolution de mutisme exprimée en ouverture du procès. Il s'est emporté plusieurs fois. Il n'a cependant pas apporté d'élément décisif sur les premiers meurtres. Passant l'essentiel des audiences impassible, les yeux mi-clos, il a simplement reconnu les faits. Il a refusé de s'expliquer véritablement. Monique Olivier s'est exprimée par bribes de phrases. Elle a avoué sa participation mais a assuré ne pas se souvenir des détails. Elle a souhaité jeudi que son mari parle parce qu'il "raconte mieux".
Rappel des faits …
Elisabeth Brichet avait été repérée alors qu'elle rentrait chez une amie, à 400 mètres de son domicile. Peu après sa sortie, le 20 décembre 1989 vers 19H00, la voiture de Michel Fourniret s'est arrêtée à sa hauteur. Michel Fourniret lui a demandé de les guider, lui et sa femme, vers un médecin pour soigner leur bébé de 15 mois. Le piège s'est refermé sur l'adolescente dont le calvaire durera des heures. Elle est emmenée de force à Floing, près de Sedan, au domicile du couple. Elle est attachée et enivrée en vue d'être abusée. Mais Michel Fourniret n'y parvient pas. Après quelques heures de sommeil, Monique Olivier a conduit Michel Fourniret et Elisabeth au château du Sautou. Il a tenté de la violer. Après lui avoir dit "le voyage se termine, c'est fini", Michel Fourniret a tenté de l'étouffer avec un sachet de plastique transparent. Il l'a finalement étranglée et a déposé son corps dans un congélateur avant de l'enterrer dans un trou profond situé sur son terrain.
… et de l’enquête
Ce n'est que près de 14 ans plus tard que sa disparition sera élucidée. Les enquêteurs, qui auront parfois des rapports difficiles avec la famille d'Elisabeth Brichet, exploreront de nombreuses pistes, sans succès. Elles conduiront notamment le juge d'instruction aux Canaries et à s'intéresser à un cinéaste qui se tuera en voiture peu après avoir dit aux enquêteurs namurois de la cellule Elisabeth Brichet qu'il avait des déclarations importantes à faire. La maman d'Elisabeth, Marie-Noëlle Bouzet, aujourd'hui installée au Canada, a constamment relancé les enquêteurs avec qui les relations ont parfois été difficiles. Elle a été à l'initiative de la Marche Blanche qui avait rassemblé 300.000 personnes à Bruxelles en octobre 1997.
Elle devrait s'exprimer devant la cour d'assises, tout comme le père d'Elisabeth, Francis Brichet (photo). Le témoignage du frère d'Elisabeth, Thomas, est programmé pour mardi. Vanessa Geluck, l'amie qu'avait quittée Elisabeth Brichet immédiatement avant sa disparition, ainsi que la juge d'instruction Anne-Catherine Dubé doivent témoigner ce lundi.