Une "aberration" sur le parking du CHU de Liège: Julien, pompier handicapé depuis un incendie, est révolté

Il y a près de trois ans, Julien était en intervention à Liège. Sapeur-pompier, cet incendie a changé sa vie pour toujours. En pleine recherche de victimes à l'intérieur du bâtiment en feu, le toit s'est effondré : "Je suis resté coincé pendant 30 minutes dans les flammes", nous raconte-t-il. Julien a été hospitalisé durant trois mois aux soins intensifs des grands brûlés. Il a subi 18 anesthésies générales et de nombreuses greffes. Les médecins ont décidé finalement d'amputer le bras de Julien. Sa jambe, gravement brûlée, a été sauvée de justesse, mais les conséquences de l'accident restent un combat du quotidien. Un combat qui est, aujourd'hui, plus compliqué, à cause d'une histoire de parking...

Après sa sortie, les visites à l'hôpital ne cessent pas : "Il a des séances de kinésithérapie, ergothérapie, psy, …", explique Véronique, sa mère qui l'accompagne dans ses soins. Autrefois, ses visites à la clinique étaient beaucoup plus simples. "Il allait sur le parking PMR, par les urgences. Il n'y avait pas de souci, il ne payait pas. Il avait un emplacement, comme tout le temps, plus large pour les PMR", se rappelle sa maman.

Un parking flambant neuf devenu payant

Fin décembre 2022, Julien est surpris de voir son parking PMR fermé. Il est invité, désormais, à se parquer au P109, le nouveau parking flambant neuf du CHU de Liège. Celui-ci est destiné aux patients et aux personnes à mobilité réduite.

Il s'agit de l'un des trois nouveaux parkings sur le site du Sart-Tilman. Autrefois composé de 64 places, et réservé aux PMR, le P109 passe à cinq étages et 494 places. Parmi elles, 134 sont dédiées aux PMR, soit les niveaux 0 et +1. Le P112, l'autre parking récemment ouvert a une capacité de 1222 places. Celui-ci est destiné aux patients, visiteurs et membres du personnel. Le troisième parking, le P101 devrait être terminé en octobre 2023. 1105 véhicules pourront s'y garer sur trois étages.

C'est une dizaine d'euros par semaine

Julien fait face à une première surprise en se rendant au P109 : celui-ci est payant. Il coûte 1,50€, même pour les PMR. "Quand j'y vais le lundi, j'en ai pour 3 ou 4 heures. J'y vais parfois pour d'autres consultations. En gros, c'est une dizaine d'euros par semaine", regrette Julien. "Je n'ai pas demandé l'accident qui m'est arrivé. J'y vais pour faire des soins, pas pour jouer une partie de poker avec mes kinés. Ce serait bien que ce soit gratuit quand même", fait-il remarquer.

Des places PMR mal délimitées

Une fois entré dans le parking, Julien cherche les places PMR, mais ne les trouve pas. "Toutes les places sont identiques, que vous soyez PMR ou autre ! Il n'y a pas d'emplacements plus larges, alors que vous avez des personnes qui viennent en fauteuil roulant, qui ont tout un attirail et c'est compliqué", regrette Véronique.

Ce n'est que quelques semaines plus tard, que les emplacements pour les personnes à mobilité réduite ont été délimitées, mais elles révoltent Julien : "C'est du marquage bleu au sol avec une chaise roulante, pour dire que ce sont des places handicapées. Mais ils ont laissé le marquage blanc, donc les gens ne savent pas trop comment se garer !". Sur les places qui lui sont réservées, Julien voit plusieurs voitures parquées, ignorant les lignes bleues.

Si je pouvais me garer sur une place normale, je le ferais

Chercher une place qui convienne à son handicap est une charge mentale supplémentaire, pour Julien. "Je me bats quasiment tous les jours pour ça, pour une reconnaissance", nous confie l'ancien pompier. "Les places handicapées, un peu partout, les gens se garent dessus. Si je pouvais me garer sur une place normale, je le ferais. Maintenant, je suis handicapé, j'ai le droit de me garer sur ces places-là".

Le nouveau parking géré par une société privée

Le parking sur lequel Julien avait l'habitude de se parquer, situé près du service des urgences, n'était que temporaire. C'est là que le parking PMR a été déplacé, durant les travaux du P109. Ce nouveau parking, bien plus grand, n'est plus géré par le CHU Liège. Le terrain a été confié à une société privée, comme nous l'explique Anne-Catherine Geurts, cheffe du service logistique patient : "Construire des parkings, ça coûte très cher. Nous avons préféré garder notre capacité d'emprunt pour acheter du matériel médical plutôt que pour faire des parkings", justifie-t-elle. C'est cela qui explique que le parking du site Sart-Tilman est devenu payant.

Une alternative gratuite existe, bien qu'elle ne convienne pas aux conditions de Julien : un parking de délestage au Country Hall, situé à 2,5km du CHU. Le transfert vers l'entrée de l'hôpital est effectué gratuitement par des navettes.

Certains patients, de trois services différents, peuvent bénéficier d'un parking gratuit : "Pour la dialyse, l'oncologique et la radiothérapie, nous avons effectivement une solution. On les met dans un autre parking qui est resté sous l'égide du CHU et que nous avons pu laisser en gratuité", indique Anne-Catherine Geurts.

Il reste donc la question des places PMR inexistantes jusqu'il y a peu. Anne-Catherine Geurts nous explique que cela est lié aux circonstances de la construction : "Nous avons ouvert le parking P109, dans un premier temps, pour le personnel".

Nous n'avons pas, dans un premier temps, fait marquer les étages 0 et +1 pour les PMR

L'horaire de certains membres du personnel ne leur permettait pas de se parquer au Country Hall et prendre la navette pour venir travailler. Celle-ci ne fonctionne, en effet, que la journée. "Pour maximiser le nombre de places que je pouvais mettre à disposition du personnel, nous n'avons pas, dans un premier temps, fait marquer les étages 0 et +1 pour les PMR, c'est-à-dire des places plus larges".

Le parking P112 a été, plus tard, ouvert aux membres du personnel, mais leurs marquages au sol sont restés. "Vu que j'ouvrais l'un le 26 décembre et l'autre le 2 janvier, période où il n'a pas fait beau et période de congé dans la construction, dans un premier temps, le parking a été ouvert sans avoir de réels emplacements dessinés plus grands", justifie Anne-Catherine Geurts.

Les emplacements PMR sur les étages 0 et +1 sont désormais dessinés, mais encore de manière temporaire, par-dessus les anciens marquages. Dans le courant du mois de mars, les places PMR aux tailles réglementaires seront définitivement peintes. Il faut attendre que les températures permettent d'appliquer la résine spéciale.