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Un haut magistrat congolais, le procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu, a ordonné - sans en avoir la compétence, selon des médias locaux - au procureur général près la Cour d'Appel de Kinshasa/Matete d'ouvrir une information judiciaire à charge de l'archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, une démarche qui enflamme les réseaux sociaux en République démocratique du Congo (RDC).
Dans une lettre largement diffusée sur ces réseaux, M. Mwonde ordonne à son subordonné l'ouverture d'une information judiciaire à l'encontre de Mgr Ambongo en reprochant au prélat la tenue de "propos séditieux".
Ces déclarations seraient, selon le magistrat, de nature à "décourager les militaires combattant dans l'est du pays contre les rebelles" et à inciter "à la maltraitance des populations locales déjà meurtries par autant d'années de déstabilisation".
"Devant l'évidence de ces comportements qui s'analysent en faits infractionnels envers et contre la patrie, son peuple et ses dirigeants et qui mettent à mal les lois de la République, je vous ordonne d'ouvrir une information judiciaire à charge du prélat qui violente les consciences et semble trouver plaisir à travers ces faux bruits et autres incitations des populations à la révolte contre les institutions établies et aux attentats contre les vies humaines".
Le site belge "La Libre Afrique" note que la notion de "faux bruits" a déjà été utilisée par le pouvoir congolais il y a peu pour justifier l'arrestation et l'incarcération pendant sept mois (le temps des élections) du journaliste Stany Bujakera, aujourd'hui, libéré.
Selon des médias congolais, cette décision inédite à l'encontre de la plus haute autorité religieuse catholique de RDC risque de soulever de vives tensions au sein de l'Église et de la société civile.