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Frappe israélienne meurtrière sur le QG du Hezbollah à Beyrouth

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Ibrahim AMRO

Israël a annoncé vendredi avoir mené une frappe aérienne sur le "quartier général" du Hezbollah à Beyrouth, peu après que son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, s'est engagé devant l'ONU à continuer à frapper le mouvement armé pro-iranien, dans une nouvelle escalade qui suscite l'inquiétude internationale.

En fin de soirée, l'armée israélienne a appelé les habitants de plusieurs zones de la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, à évacuer "immédiatement", indiquant qu'elle allait y frapper "dans peu de temps" trois dépôts d'armes du Hezbollah dans des immeubles. Elle avait indiqué plutôt y avoir bombardé le "quartier général" du mouvement islamiste libanais.

Le raid, à 15H30 GMT, particulièrement violent sur un quartier densément peuplé a fait deux morts et 76 blessés, selon un premier bilan du ministère libanais de la Santé.

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah était visé par cette frappe selon plusieurs télévisions israéliennes, mais il est indemne, selon une source proche de la formation islamiste.

Selon la même source, six immeubles ont été totalement détruits dans le secteur, soulevé par d'énormes explosions qui ont provoqué d'épaisses colonnes de fumée et creusé de larges cratères, semant la panique parmi les habitants.

En début de soirée, des secouristes, aidés de pelleteuses, fouillaient des monceaux de décombres fumants, au pied de bâtiments résidentiels.

"Oh mon Dieu, quelles frappes! J'ai cru que l'immeuble allait s'écrouler sur moi (...) Je n'ai pas les mots pour décrire ce sentiment", s'exclame Abir Hammoud, une enseignante d'une quarantaine d'années.

Le Hezbollah a affirmé avoir tiré "en réponse" des "salves de roquettes" sur la localité de Safed, dans le nord d'Israël, dont l'une a touché une maison, selon l'armée israélienne.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, a exhorté les deux parties à "cesser de tirer", Washington, allié inconditionnel d'Israël, affirmant ne pas avoir été informé de cette frappe.

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé une "guerre génocidaire" menée par Israël.

"L'onde de choc" provoquée par la guerre à Gaza menace de pousser tout le Proche-Orient "dans l'abîme", s'est alarmé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Le président iranien Massoud Pezeshkian a lui dénoncé un "crime de guerre flagrant", l'ambassade d'Iran au Liban, menaçant les auteurs de ce "massacre" d'un "juste châtiment"

Le Proche-Orient est au bord d'une "guerre totale", a de son côté mis en garde à l'ONU le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

- "Pas d'autre choix" -

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Le bureau de M. Netanyahu a diffusé une photo le montrant au téléphone, donner, selon la légende, le feu vert pour cette frappe. Sur des clichés diffusés par le ministère de la Défense, la frappe est suivie par le ministre Yoav Gallant et les chefs de l'armée, au QG de l'armée de l'air.

"Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n'a pas d'autre choix", avait affirmé auparavant à l'ONU M. Netanyahu, au cinquième jour des frappes aériennes israéliennes meurtrières au Liban.

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Ces opérations se poursuivront "jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints", a ajouté M. Netanyahu, douchant les espoirs d'une trêve proposée mercredi par la France et les Etats-Unis.

Depuis lundi, ces bombardements ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils selon le ministère libanais de la Santé.

L'armée israélienne a également dit se préparer à une possible incursion terrestre, qui serait "aussi courte" que possible, a assuré vendredi un responsable israélien de la sécurité.

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L'armée israélienne a lancé ses frappes après près d'un an d'échanges de tirs avec le Hezbollah, qui a ouvert un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 sur le sol israélien par son allié du Hamas.

Le Hezbollah a juré de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

- "Rythme effrayant " -

Plus de 1.500 personnes ont depuis été tuées au Liban, selon Beyrouth, un bilan plus lourd que celui des 33 jours de guerre entre Israël et la formation libanaise en 2006.

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L'Unicef s'est alarmée du "rythme effrayant" auquel les enfants sont tués depuis l'intensification des bombardements israéliens cette semaine.

Plus tôt dans la journée, le Hezbollah a tiré des roquettes visant notamment la baie d'Haïfa - la grande ville du nord d'Israël - qui abrite de nombreuses industries de défense.

Cinq militaires syriens ont par ailleurs été tués dans une frappe israélienne près de la frontière avec le Liban, selon l'agence officielle Sana.

En une semaine, 118.000 personnes ont été jetés sur les routes au Liban, selon l'ONU.

Israël, qui a ainsi déplacé le centre de gravité de la guerre de la bande de Gaza, au sud, affirme agir pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants du nord qui ont fui les tirs du Hezbollah.

A Gaza, "nous nous battrons jusqu'à obtenir une victoire, une victoire totale" si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas tous les otages, a aussi martelé M. Netanyahu à la tribune de l'ONU.

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Cléa PECULIER, Sabrina BLANCHARD

Le Hamas a accusé en retour le dirigeant israélien de poursuivre "cycle de crimes pour inclure (le) Liban". Il a aussi "condamné fermement" la frappe israélienne sur le QG du Hezbollah.

Dans le petit territoire palestinien assiégé, Israël poursuit son offensive, lancée en riposte à l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.

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Ahmad GHARABLI

Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son offensive y a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, provoquant un désastre humanitaire.

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