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Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a porté plainte contre un syndicaliste breton qui a été entendu vendredi en audition libre pour "diffamation et injure publiques envers la gendarmerie nationale et la police nationale", a-t-on appris dimanche auprès du militant.
Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP ce dépôt de plainte pour diffamation émanant du ministre de l'Intérieur.
Le militant, Olivier Cuzon, a été mis en cause en sa qualité de directeur de publication du journal du syndicat Sud-Education dans le Finistère, tiré à un millier d'exemplaires et dupliqué sur le site internet de l'organisation, a-t-il expliqué à l'AFP.
"J'ai été entendu vendredi au commissariat de Brest par la brigade criminelle (...) Une plainte déposée au nom du ministre de l'Intérieur en personne, je ne m'y attendais pas, il y a une volonté d'intimidation", a déclaré ce professeur de physique-chimie dans un lycée de Brest.
Non signé car "rédigé collectivement", l'article contesté, publié en octobre, s'interrogeait sur la pertinence des "classes défense, sécurité globale", décidées par le gouvernement après les attentats de 2015. Il en évaluait le nombre à 500, "concernant 12.500 élèves".
L'article relevait la nature de certains "ateliers" menés dans ce cadre, tels que "fouille de cellule pénitentiaire, tir au pistolet laser".
Il se demandait s'il ne fallait pas voir dans ces classes "une forme d’endoctrinement, un patriotisme désuet et résolument réactionnaire?", poursuivant: "Ce questionnement est important quand on connait la culture droitière, misogyne et homophobe sous de trop nombreux képis". Il mentionnait différentes affaires évoquées dans la presse sur "l'existence de groupuscules nazis dans certaines casernes, les groupes de discussions racistes des policiers et gendarmes".
Cette plainte de M. Darmanin a suscité des réactions de soutien à M. Cuzon dans le Finistère de la part de personnalités politiques, de syndicats et d'associations.
Dans un communiqué, la section locale de la Ligue des droits de l'homme (LDH) "s'inquiète de l'atteinte au droit à l'expression critique de mesures gouvernementales et du comportement de certains membres des forces de l'ordre" et "s'indigne de cette atteinte aux droits fondamentaux d'une presse libre et indépendante".
Selon le ministère des Armées, ces "classes défense" ont "un triple objectif: contribuer à la cohésion nationale, promouvoir l'esprit de défense et garantir l'attractivité des métiers des armées".
Après l'audition du syndicaliste, il appartiendra au procureur de classer sans suite ou de poursuivre, a rappelé M. Cuzon.