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Investir 100 milliards d'euros pour la défense, un "Plan Europe 2030" de 1.000 milliards d'euros de fonds publics et privés, la défense des "valeurs européennes" avec une "majorité numérique à 15 ans": la majorité présidentielle a présenté lundi son programme pour les européennes, à près d'un mois du scrutin.
Affiche de campagne avec le chef de l’État en arrière-plan, la tête de liste Valérie Hayer et les porte-parole de la campagne Nathalie Loiseau, Marie-Pierre Védrenne et Clément Beaune ont décliné lundi matin les 48 propositions du programme.
Le camp présidentiel, distancé dans les sondages par le RN de Jordan Bardella et talonné par la liste PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann, entend enclencher une nouvelle dynamique, avec le "meeting national" organisé mardi au Palais de la Mutualité à Paris, en présence de Gabriel Attal.
Après les trente premiers noms annoncés vendredi, sont venus s'ajouter lundi, en fin de liste, les trois chefs de partis de la majorité, Edouard Philippe (Horizons), François Bayrou (MoDem) et Stéphane Séjourné (Renaissance), ainsi que l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne.
"C'est un programme ambitieux pour que l'Europe ne meure pas", réunissant les "conditions pour créer demain une Europe puissante", a fait valoir la tête de liste Valérie Hayer. Des formules qui résonnent fortement avec le discours du président Emmanuel Macron le 25 avril à la Sorbonne.
Ces propositions "sont les meilleures pour lutter contre les trois risques qui sont devant nous: le risque sécuritaire et migratoire, le risque climatique et économique" et "le risque démocratique et d'attaque sur nos valeurs", a-t-elle décliné.
Premier axe abordé: la défense. La majorité prône notamment d'investir 100 milliards d'euros au niveau européen et souhaite voir le budget de chaque État porté à 2% du PIB d'ici à 2025 et 3% d'ici à 2030.
"Nous demandons à la Banque européenne d'investissement de venir travailler sur les secteurs de la défense" et "nous sommes favorables à un emprunt sur ces 100 milliards d'euros", a précisé l'eurodéputée Nathalie Loiseau (Horizons).
Sur les volets économique, social et environnemental, la majorité présidentielle française souhaite un "Plan Europe 2030" de 1.000 milliards d'euros, sur fonds publics et privés, pour "compléter le Pacte vert" adopté pendant la dernière législature.
-"Bouclier commercial européen"-
Ce plan doit porter sur cinq secteurs: énergie, transports, numérique, santé, espace.
Ces fonds publics devront s'appuyer notamment sur un emprunt commun de long terme, remboursé par de nouvelles ressources, est-il précisé dans le programme.
Parmi les objectifs, la production de 10 millions de véhicules propres en Europe, un avion vert européen.
Dans le domaine de la santé, les macronistes veulent un "Plan Marie-Curie" pour des vaccins et traitements européens contre le cancer, les maladies dégénératives et la recherche sur l'autisme.
Pour "illustrer" cette priorité, Mme Hayer a visité dans l'après-midi le centre Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), "excellence française et même européenne dans le traitement et la recherche contre le cancer".
Une visite où il a beaucoup été question des "contraintes réglementaires". "On voit que particulièrement en Europe et en France, on a une charge administrative qui génère des freins pour le développement de la recherche et l'attractivité", "il faut qu'on puisse accélérer, libérer aussi, au profit de l'innovation", a-t-elle déclaré à l'issue.
Les macronistes souhaitent par ailleurs étendre la taxe carbone aux frontières à de nouveaux secteurs, comme l'automobile, ou encore le ciment et l'acier importé dès 2026.
Ils veulent "imposer un bouclier commercial européen", avec des droits de douane automatiques et massifs en réponse à tout tarif douanier contre les entreprises européennes et des "règles miroirs" pour les importations.
Troisième volet principal: les "valeurs" démocratiques européennes, avec la volonté d'inscrire l'accès à l'IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux, ou encore l'interdiction des financements extra-européens en faveur des partis politiques.
Le programme ne mentionne pas d'élargissement. "On n'est pas hostile à l'élargissement par principe, contrairement à d'autres" mais "il y a des étapes, des conditions, des délais de négociation, on ne parle pas d'élargissement pour demain matin", a précisé Clément Beaune qui a cité l'Ukraine et la Moldavie.